Archives de catégorie : Revue de presse
Histoire du Collège Pierre Mendès France à La Rochelle de 1964 à nos jours
Été 1964. Alors que les Beatles, Johnny Hallyday et Sheila s’im- posent comme les icônes musicales des baby-boomers et que Louis de Funès triomphe avec Le Gendarme de Saint-Tropez, un chantier passe inaperçu à La Rochelle. Des ouvriers s’attèlent à réaliser avec célérité le premier CES de la capitale de l’Aunis pour la rentrée scolaire à venir. Situé dans la ZUP de Mireuil, cet établissement du second degré prend le nom de collège Pierre Mendès France en 1985.
Dans une ville à coloration radicale, son histoire est indissociable de celle de la priorité. Construit en quatre mois dans le contexte de la réforme Fouchet, ce collège s’inscrit dans une zone que l’édile muni- cipal, Michel Crépeau, souhaite humaniser en priorité à partir de la décennie 1970. Suite à un incendie en 1994, sa reconstruction s’im- pose dans un temps circonscrit.
Sa singularité vient également de son classement et de sa pérennité en éducation prioritaire depuis 1981. Ce livre offre un angle d’observa- tion et d’analyse de la déclinaison, des réussites et des limites de cette politique à l’échelle d’une unité de base du système éducatif depuis quatre décennies. Il met en lumière la distorsion entre les principes d’émancipation, de méritocratie de l’école républicaine et une réa- lité plus nuancée, marquée par la reproduction d’inégalités sociospa- tiales au sein d’un appareil scolaire où la démocratisation reste encore inachevée.
Gérald Sim est docteur en histoire contemporaine de l’Université de Nantes et spécialiste des relations franco-américaines au XIXe siècle.
Forum Sécurité-Défense
Rochefort organise le « Forum Défense et Sécurité »
les 6, 7 et 8 mai 2022.
Ce seront pas moins de 45 exposants des 3 armées (dont 23 régiments de l’armée de Terre !) et des forces de sécurité (Gendarmerie, police , pompiers….).
Les visiteurs pourrons découvrir notamment les capacités de nos armées au moment où résonnent les bruits de guerre en Ukraine.
En liaison avec les collèges et lycées, les élèves seront récupérés en bus le vendredi car il s’agit d’une journées d’information des métiers.
Il ya aura bien sûr des présentations de matériels, des simulateurs et des démonstrations notamment par la police et la Gendarmerie.
Voici le recto des affiches qui sont envoyées par internet et distribuées également.
Pour les amateurs, rendez vous sur site au musée de l’Aéronautique navale (à côté de l’école de Gendarmerie) du vendredi 6 au dimanche 8 Mai.
https://www.facebook.com/events/1341732436325238/?ref=newsfeed
https://www.anaman.fr/?fbclid=IwAR3NarArj9Uplt0Sx0TsxpwxlPgvnc27xlMYpfhviZLItI0pvi3rFnMqw04
Message du président de l’Union-IHEDN
Communication interne de l’Union-IHEDN – Message du Président
Bonjour à toutes et à tous,
Dans le cadre de l’organisation qui se met en place au sein de notre Union,
j’ai le plaisir d’inaugurer cette adresse mail qui vous permettra de recevoir toutes les informations internes utiles au bon fonctionnement de l’Union, au développement des synergies et au renforcement des liens entre nos associations.
C’est Isabelle HUCK, auditrice de l’AR 22 (Alsace) qui est chargée de coordonner, avec l’appui de la délégation, cette communication interne.
Vous recevrez à partir de maintenant les informations utiles depuis cette adresse : communication.interne-union@union-ihedn.org
Vous assurant de mon dévouement,
Bien à vous,
Jérôme de LABRIFFE – Président de l’Union-IHEDN
« Contrat du siècle » : l’ex-Premier ministre australien Malcolm Turnbull défend la « France trompée »
Francophilie
Par Magazine Marianne – Publié le 29/09/2021 à 12:29 Imprimer l’article
« Contrat du siècle » : l’ex-Premier ministre australien Malcolm Turnbull défend la « France trompée »
Dans l’affaire du contrat de sous-marins annulés par l’Australie, la France peut compter sur le soutien d’un homme : Malcolm Turnbull. L’ancien Premier ministre australien, à l’origine de l’accord entre l’Hexagone et son pays, a vertement critiqué l’attitude de son successeur Scott Morrison.
« Trompée, humiliée ». Malcolm Turnbull ne mâche pas ses mots pour évoquer la position dans laquelle la France a été placée après la rupture de son contrat de sous-marins par l’Australie le 15 septembre dernier. Peut-être ce soutien affiché consolera-t-il Paris qui ne digère toujours pas ce « mensonge » et cette « duplicité », pour reprendre les mots du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian.
Ce mercredi 29 septembre, l’ancien Premier ministre australien s’en est ouvertement pris à son successeur, Scott Morrison, devant le National Press Club, l’association qui fédère les journalistes locaux, à Canberra, la capitale australienne. Et il va même plus loin. Selon lui, le Premier ministre actuel a « délibérément dupé » la France. Il n’a pas « agi de bonne foi. Il n’a pas d’autre argument pour justifier son comportement que de dire que c’était dans l’intérêt de l’Australie », ajoute Malcolm Turnbull.
Jean-Yves le Drian avait évoqué « une rupture de confiance » entre l’Australie et la France. Malcolm Turnbull use de termes quasiment similaires : « Cette trahison de la confiance va marquer nos relations avec l’Europe pendant des années […] Le gouvernement australien a traité la République française avec mépris. »
Sa colère est d’autant plus forte qu’il était Premier ministre quand l’accord a été conclu. À la fin de l’année 2014, l’Australie lance un appel d’offres international pour remplacer ses sous-marins de classe Collins dans le cadre du projet Sea1000. Plusieurs pays tentent alors leur chance. Les sous-marins de classe Attack, proposés par la France, parviennent à convaincre l’Australie. Le montant de départ s’élève à 31 milliards d’euros. Au fil des années, il sera réévalué à plus de 50 milliards d’euros. Mi-septembre 2021, l’Australie annonce subitement rompre ce contrat au profit d’une alliance avec les États-Unis et le Royaume-Uni, ce qui déclenche une crise diplomatique entre la France et ces trois autres pays.
Le Premier ministre australien justifie en partie cette décision par un changement de dynamiques dans la région Asie-Pacifique et par la montée en puissance de la Chine. D’après lui, l’Australie a plutôt intérêt à privilégier les sous-marins américains Virginia ou britanniques Astute, à propulsion nucléaire, car ils n’ont pas besoin de ravitaillement en uranium pendant leur durée de vie, contrairement aux sous-marins français à propulsion diesel.
Embrouille de Premiers ministres
Si le nouveau partenariat, dont est exclue la France, a été acté, aucun contrat n’a encore été signé. Pas même de devis. « Maintenant, l’Australie n’a plus du tout de programme de nouveaux sous-marins, déplore Malcolm Turnbull. La seule certitude, c’est que nous n’aurons pas de nouveau sous-marin avant 20 ans et leur coût sera bien plus élevé que ceux de conception française. »
Cette prise de position rappelle à quel point la relation entre Scott Morrison et Malcolm Turnbull, rivaux au sein du Parti libéral australien, est conflictuelle. Le premier a pris la place du second à la tête du pays en août 2018 après que Malcolm Turnbull a été désavoué par l’aile conservatrice du parti. Ce centriste modéré avait entrepris la légalisation du mariage homosexuel et fait de la lutte pour la défense du climat un de ses chevaux de bataille. De nombreux députés l’avaient alors accusé de tirer le Parti libéral vers la gauche, ce qui a conduit à son retrait de la vie politique.
Chine – Australie : la France victime collatérale
21 septembre 2021 par Asie21
Par le Général (2s) Daniel Schaeffer, ancien attaché de défense en Thaïlande, au Vietnam et en Chine, membre du groupe de réflexion Asie21-futuribles (www.asie21.com)
Reproduction autorisée par tout média intéressé. Prière de mentionner la source.
Les média français focalisent essentiellement leur attention sur l’annulation décidée par l’Australie, sans préavis et avec une désinvolture qui relève de la plus infâme goujaterie, du contrat de construction de sous-marins qu’elle avait signé avec la France le 20 décembre 2016. A titre de rappel ledit contrat portait sur la fourniture de douze sous-marins classiques à propulsion conventionnelle, de la classe Barracuda, de toute dernière technologie. Il est évident que sur le plan commercial cette annulation entraîne une perte financière énorme pour Naval group et par voie de conséquence pour la France, sans compter les dommages subséquents que cela génère sur le plan des emplois.
Un contrat éclaté victime de la création de l’AUKUS
Sur le plan diplomatique l’événement endommage rudement les relations tant avec Canberra qu’avec son acolyte américain. Mais gageons que, outre le geste symbolique, même s’il est fort, de rappel des ambassadeurs de France à Canberra et à Washington, et paradoxalement pas à Londres qui est aussi complice de la trahison, la poussière finira par retomber lentement, sans réactions autres que la recherche de compensations financières pour les dégâts commerciaux causés, peut-être d’excuses pour la manière insultante dont l’annonce de la décision a été faite à notre pays, avant que ne finisse par reprendre des relations presque normalisées. Rien de réellement significatif en quelque sorte alors que l’occasion est rêvée pour la France de reprendre son indépendance stratégique.
A côté de cela, toute la presse internationale va bien au-delà du dommage créé à la France et se focalise sur l’alliance tripartite Australie – Royaume Uni (United Kingdom) – Etats-Unis (United States), soit AUKUS, qui vient de se former dans le cadre d’une stratégie annoncée de veille à ce que la région Indo-Pacifique demeure « libre et ouverte ». Pourquoi donc tant insister sur ce point puisque, sauf en quelques secteurs où la piraterie sévit encore, toutes les marines du monde peuvent circuler comme elles le veulent sur les deux océans concernés, l’Indien et le Pacifique. Mais sauf aussi en mer de Chine du Sud et dans le détroit de Taiwan.
L’incidence de la région Asie-Pacifique « libre et ouverte »
Et c’est dans ces deux secteurs que se pose la question de la liberté internationale de la navigation maritime, civile comme militaire, tout comme en mer de Chine de l’Est se pose la question de la liberté de la navigation aérienne. Il faut se souvenir en effet que le 23 novembre 2013 la Chine a créé une zone d’identification et de défense aérienne (air defense and identification zone / ADIZ) au-dessus de l’immense espace marin qu’elle revendique, contre le Japon essentiellement (voir carte 1 jointe). Créer une ADIZ pour surveiller et assurer la sûreté de ses approches territoriales, rien ne le lui interdit. Mais, et c’est là qu’apparaît le problème : elle exige que tous les aéronefs qui passent au travers de cette zone soient astreints de s’identifier exactement comme s’ils pénétraient dans l’espace aérien chinois. Là, la Chine outrepasse son droit et le droit international parce qu’elle applique une loi nationale chinoise à un espace aérien international.
C’est, sur le plan maritime, la même obligation qu’elle vise petit à petit à instaurer en mer de Chine du Sud et dans le détroit de Taiwan, en estimant qu’il constitue sa mer territoriale. Ce qui, compte tenu de la largeur de cet espace, soit 70 milles marins dans sa partie la plus étroite, est totalement faux puisque les mers territoriales du continent et de Taiwan, soit 12 milles marins de chaque côté, ne jouxtent manifestement pas. En mer de Chine du Sud, sur la base d’une revendication qui remonte à 1947 (voir carte 2 officielle jointe), lorsque le Kuo Min Tang était encore au pouvoir en Chine, Pékin revendique la quasi-totalité de cette mer et concrètement y étend de plus en plus son administration tant politique que militaire.
Carte 2 – Carte officielle de la revendication chinoise présentée à l’ONU le 7 mai 2009
L’incidence aggravante de la loi chinoise modifiée sur la sécurité maritime
Cette partie sur laquelle il prétend à souveraineté, Pékin la présente comme ses « eaux relevant de la juridiction de la République populaire de Chine». C’est le terme employé dans toutes les publications officielles dont celle-ci fait l’annonce. C’est ce que l’Administration de sécurité maritime (ASM) traduit par « eaux territoriales » dans la directive d’application établi par ses soins à partir du texte de loi adopté le 29 avril 2021 par l’Assemblée nationale populaire, loi modifiée sur la sécurité maritime dans les « eaux sous juridiction chinoise » ( 管辖海 ) et entrée brutalement en application le 1er septembre. D’« eaux sous juridiction nationale » dans le texte de loi elles sont devenues « eaux territoriales » ( 领 海 ) dans le texte d’application. Ce qui veut dire que la Chine entendrait désormais imposer un contrôle strict sur divers types de bateaux lorsqu’ils se présenteraient en mer de Chine du Sud. Pour les citer il s’agit des navires de « nationalité étrangère », sauf dérogations accordées, des navires à propulsion nucléaire et des bâtiments de transport de matières dangereuses. Ainsi toute unité navale non chinoise qui pénètre dans les mers de Chine et le détroit de Taiwan doit désormais, et en principe pour l’heure, se soumettre à un certain nombre de contraintes administratives d’identification. Et devient ainsi susceptible de devoir être contrôlée par les autorités chinoises de police maritime. Du principe à la réalité il y aura lieu de voir comment l’application de la directive de l’ASM sera conduite effectivement.
Dans ce cadre, il est cependant évident, en tout cas dans l’immédiat, que les Chinois éviteront de tenter de contraindre un groupe aéronaval américain tel que l’USS Vinson, ou Nimitz, ou autre, à quitter les espaces maritimes contestés. Une tentative de ce genre risquerait de dégénérer en incidents graves, avec les garde-côtes chinois d’abord, peut-être avec la marine un peu plus tard en fonction de la montée de la tension. Mais il reste à voir comment les garde-côtes chinois, avec le concours des milices maritimes, comme c’est de plus en plus le cas fréquemment, s’en prendraient à un navire de guerre isolé.
Toujours est-il que Pékin ne supporte absolument pas l’entrée des marines de guerre alliées ou amies des Etats-Unis en mer de Chine du Sud et dans le détroit. Parce que cela menace leurs intérêts stratégiques : d’une part il pourrait être contrarié dans ses intentions d’envahir Taiwan, d’autre part ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) pourraient être détectés au début de leurs déploiements à partir de la base de Sanya, au sud de l’île de Hainan. C’est pourquoi la République populaire de Chine (RPC) veut faire de cette mer un lac chinois où seule la navigation militaire chinoise et à la rigueur celle des pays riverains serait autorisée à se déployer. Il s’avère qu’un tel objectif est en totale contravention avec la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) qui, en son article 89, spécifie bien qu’« aucun Etat ne peut légitimement prétendre soumettre une partie quelconque de la haute mer à souveraineté », une disposition indirectement rappelée par la cour permanente d’arbitrage de La Haye dans son jugement rendu le 12 juillet 2016. Par celui-ci la Cour a clairement établi que le tracé en neuf traits, qui délimite la prétention chinoise, est « sans effet légal ».
C’est donc bien ici que le bât blesse et que les Etats-Unis et leurs alliés, partenaires, amis ou soutiens, dont la France, le Japon, l’Inde, l’Australie, le Canada, le Royaume uni, entendent, en venant naviguer librement dans les espaces marins revendiqués par la Chine, contraindre celle-ci à respecter le droit de la mer sur la liberté de la circulation dans tous les espaces ouverts, en vertu de la CNUDM, à la navigation internationale. A chaque manifestation de présence militaire internationale, même s’il ne s’agit que d’une simple traversée, Pékin réagit vivement en condamnant l’acte accompli, voire en intervenant contre les présumés intrus. Cela est allé parfois jusqu’à des manœuvres risquées, défiant toutes les règles de sécurité maritime, comme ce fut le cas le 30 septembre 2018 lorsqu’un navire de la marine de l’Armée populaire de libération (MAPL) tenta d’entraver la route de la frégate USS Decatur. Cela est allé aussi, à la fin de mai 2019, par l’illumination par rayon laser d’un hélicoptère australien Tigre en phase d’approche du porte-hélicoptères HMAS Parametta. Et ce n’est pas le seul exemple d’agression chinoise par laser ailleurs dans le monde, contre les Américains notamment, que ce soit à Djibouti ou dans le secteur de Guam.
L’Australie bouc émissaire de la Chine
Dans tous les intervenants extérieurs à la mer de Chine du Sud Pékin a fait de Canberra son bouc émissaire, pour diverses raisons. L’Australie est d’abord l’alliée des Américains. Et comme il est difficile de s’en prendre aux Etats-Unis, Pékin se rabat sur le maillon qu’il peut considérer comme le plus faible ou le moins fort dans l’alliance, avant que ne soit signé l’AUKUS. Avec l’Inde, le Japon, les Etats-Unis, l’Australie est partenaire du dialogue quadrilatéral de sécurité (quadrilateral security dialogue / QUAD) que d’aucuns ont déjà considéré un peu rapidement comme un OTAN bis en Indo-Pacifique. Dans ce cadre les Australiens sont considérés comme une menace qui serait en Extrême-Orient l’avant-garde des Américains.
Cette même Australie est aussi fortement dépendante de la Chine sur le plan économique. Mais la réciprocité aussi est vraie puisque la première fournit à la seconde plusieurs des matériaux stratégiques de base dont cette dernière a besoin : le charbon, le minerai de fer, le gaz naturel, l’uranium.
Le 24 août 2018, les Australiens ont remplacé leur Premier ministre, Malcolm Turnbull, par Scott Morrison, beaucoup moins souple que son prédécesseur dans les affaires internationales et qui a décidé de mener dans son pays une lutte prononcée contre la stratégie offensive d’influence que tente d’y mener Pékin. En mai 2020, Scott Morrison a eu l’outrecuidance de demander qu’il soit procédé à une expertise internationale indépendante sur l’origine du virus Covid-16 à Wuhan. Ce même gouvernement a fait récemment affront à celui de Xi Jinping en dénonçant, au début du mois de mai 2021, l’accord par lequel celui de Tony Abott, pensant s’attirer les bonnes grâces de Pékin, avait octroyé à la compagnie chinoise publique Landbridge Infrastructure Holdings, en 2015, un bail emphytéotique de 99 ans sur le port de Darwin. Or c’est là justement où des accords américano-australiens scellés sous l’ère Obama permet aux marines de venir y stationner temporairement, par rotations d’unité. Quelle belle aubaine était-ce pour la Chine de pouvoir prendre directement position sur un site qui permet de rayonner tous azimuts vers le Pacifique à l’Est, la Mer de Chine du Sud au Nord, et l’océan Indien à l’ouest.
Ainsi par-dessus tout c’est bien la position géographique de l’Australie, accessoirement celle de l’Indonésie, qui gêne la Chine dans ses ambitions maritimes puisque l’Australie, avec l’Indonésie, est le pivot central qui commande, à partir de la mer de Chine du Sud, les échappées vers les deux océans. C’est là l’une des raisons essentielles de l’acharnement de la Chine contre l’Australie et non pas seulement la contribution de Canberra à la défense de la liberté de la navigation en mer de Chine du Sud. L’objectif chinois, que ce soit par l’influence envers le gouvernement australien précédent ou par la menace envers celui d’aujourd’hui, est bien de tenter de desceller la proximité stratégique de Canberra et de Washington. Pour l’heure, pour le moins que l’on puisse dire, l’objectif est plutôt raté.
C’est la raison pour laquelle, lorsque Morrison cherche refuge dans une alliance formalisée avec les Etats-Unis, car c’est bien lui qui est à l’origine de l’initiative de l’AUKUS, c’est la France qui devient la victime de la situation, autant sur le plan économique que sur le plan stratégique. Ce qui ne devra cependant pas l’empêcher, tout en réduisant pour un temps ses relations militaires avec l’Australie, de continuer à avoir une voix forte, mais surtout indépendante en Asie-Pacifique, en resserrant davantage ses relations avec le Japon et l’Inde. Cela lui évitera de se trouver entraînée, comme ce sera fatalement le cas pour l’Australie, dans un combat potentiel sino-américain pour l’indépendance de Taiwan. D’autant plus que dans un tel cas de figure, avec le peu de moyens navals et aériens dont notre pays dispose, les morts français dans un tel combat, mené plus au profit des Américains que des Taiwanais, n’apparaîtraient que comme des figurants à peine utiles. Cela devrait faire aussi réfléchir les Allemands et les Néerlandais qui, parce qu’ils n’ont pas de moyens navals et aériens sur zone, brandissent le drapeau européen sous couvert de l’OTAN pour contribuer au maintien d’un espace indopacifique « libre et ouvert ».
En conclusion pour la France
Et enfin, la crise offre à la France une opportunité, à saisir immédiatement, de sortir du commandement intégré de l’OTAN et de cesser de suivre les errements de l’hystérie antirusse américaine. C’est déjà la proposition que plusieurs anciens hauts cadres militaires et plusieurs politiciens français, anciens comme actuels, font directement ou indirectement. Elle offre à la France de reprendre un dialogue non contraint avec la Russie et indépendant de la tutelle américaine, même si le régime de Poutine déplaît à beaucoup. La France a bien sûr une énorme dette envers les Etats-Unis qui ont accepté de sacrifier des milliers de soldats pour venir la délivrer du nazisme. Mais ce n’est pas une raison pour que cela devienne une dette éternelle jamais apurée.
Le 20 septembre 2021
A propos de l’auteur : Asie21
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L’école de l’air de Saintes, un modèle unique en France, qui accueille les élèves dès 16 ans
Mardi 28 septembre 2021 à 19:39 – Par Lise Dussaut, France Bleu La Rochelle
Il n’y en a pas d’autre comme elle : l’école d’enseignement technique de l’armée de l’air, basée en Charente-Maritime, à Saintes, est unique. Elle accueille des élèves dès 16 ans, avant même leur bac, qu’ils passeront au sein de l’école. En même temps qu’un autre diplôme, militaire.
Le site de l’école de l’air de Saintes, en Charente-Maritime, est entouré d’un grand mur d’enceinte, sur lequel il faut ajouter des barbelés. Bien différent d’un lycée habituel. C’est ici un site militaire, qui accueille et forme 250 élèves chaque année, dès 16 ans. Ce qui est rare. En général, l’armée recrute plus tard, après le bac.
Les arpètes, c’est ainsi qu’on appelle les élèves, auront deux diplômes à leur sortie. Ils vont passer leur bac ou leur CAP dans l’école d’enseignement technique de l’armée de l’air. En même temps qu’un autre diplôme, celui-ci militaire.
Beaucoup deviendront mécaniciens
Le quotidien est bien différent d’un lycée traditionnel. Les élèves se déplacent en section, et en chantant, pour les longs trajets (le site est très grand). Ils sont tous en treillis et en rangers.
Romain vient d’avoir 18 ans, il voudrait devenir mécanicien sur les hélicoptères Caracal. « La plupart d’entre eux deviendront mécaniciens dans l’armée de l’air », expose la cheffe des lieux, la colonelle Diane Géribaldi. Elle aussi porte un uniforme, comme presque tout le monde ici, sauf les « civils », c’est-à-dire, le proviseur, et certains professeurs, comme Nicolas Pin. Il connaît bien les lieux, il y travaille depuis 20 ans : « Ce qui m’a le plus déboussolé au début, ce sont les uniformes. Ce n’est pas facile de distinguer les élèves. Mais on s’y habitue. »
Tout le monde n’a pas 17 de moyenne en arrivant ici
Les élèves viennent de toute la France, y compris d’outre-mer. La colonelle Diane Géribaldi insiste bien sur le fait que tout le monde a ses chances : « Et même si l’on n’a pas 17 de moyenne. » Le recrutement se fait sur dossier. L’année dernière, ils ont reçu près de 800 candidatures pour… 250 places.
Et puis, « nous avons 100% de réussite dans les deux diplômes, et ce depuis plusieurs années », rajoute la colonelle.
© L'école de l'air de Saintes, un modèle unique en France, qui accueille les élèves dès 16 ans
Actualisation stratégique 2021
Mise à jour : 05/02/2021 – Auteur : DGRIS – Direction : DGRIS
La ministre des Armées a présenté l’Actualisation stratégique 2021 lors de ses vœux aux armées, le 21 janvier 2021. Ce document actualise l’analyse de notre environnement stratégique à la lumière des évolutions observées depuis 2017.
Comme l’a rappelé le Président de la République dans son discours sur la stratégie de défense et de dissuasion à l’École militaire du 7 février 2020, l’environnement international est devenu plus complexe, plus incertain et plus dangereux. Depuis la Revue stratégique de 2017, et outre la pandémie, qui représente un bouleversement majeur pour les sociétés et les économies, certaines tendances déjà à l’œuvre se sont confirmées, d’autres se sont accélérées, alors que plusieurs éléments de rupture sont intervenus.
Il est donc apparu opportun d’actualiser l’analyse du contexte stratégique auquel la France est confrontée. La ministre des Armées a souhaité que ce travail soit conduit au sein du ministère et coordonné par la DGRIS, en lien avec les armées et autres directions du ministère et en interministériel, mais aussi avec des parlementaires et des experts de la société civile, comme avec les principaux partenaires et alliés de la France, dont certains conduisent des exercices d’analyse similaires.
Cette Actualisation rappelle tout d’abord les grandes tendances à l’œuvre depuis 2017 et l’accélération de plusieurs d’entre elles :
- compétition entre grandes puissances,
- généralisation des stratégies hybrides,
- enhardissement des puissances régionales,
- effets de rupture liés aux nouvelles technologies, notamment numériques et spatiales.
Elle dresse ensuite le bilan des efforts d’adaptation mis en œuvre, à l’échelon national comme avec les partenaires et alliés, pour faire face aux défis qui se présenteront à l’avenir.
Actualisation stratégique 2021 : Synthèse en dix points
Actualisation stratégique 2021
L’efficacité énergétique sera systématiquement prise en compte dans les programmes d’armement
Par Laurent LAGNEAU – Zone Militaire [Opex360.com]
Exit le Service des essences des armées [SEA]…
Et bienvenue au Service de l’énergie opérationnelle [SEO]!
Ce changement d’appellation illustre la nouvelle approche du ministère des Armées en matière de politique énergétique, laquelle passe par une réduction de sa dépendance aux énergies fossiles en misant sur la « sobriété énergétique » ainsi que sur un recours accru aux « nouvelles technologies de l’énergie et aux carburants de rupture. »
Annoncé par Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une visite au Centre de soutien logistique du service des essences des armées [CSLSEA] de Montereau, le 25 septembre, ce tournant ne vise surtout à faire de la transition énergétique un atout pour les opérations menées par les forces françaises. « Il ne s’agit pas de surfer sur la ‘vague verte’ », a-t-elle en effet affirmé.
Au moins trois facteurs plaident en faveur de cette approche.
Le premier est qu’il s’agit de sécuriser les approvisionnements en ressources énergétiques, lesquelles font « l’objet d’une compétition internationale accrue », sur fond de « tensions géoéconomiques et géopolitiques qui ébranlent le marché pétrolier mondial », explique le ministère des Armées.
D’où, par conséquent, la nécessité « d’explorer toutes les nouvelles technologies de l’énergie [stockage, énergies renouvelables] et les carburants de nouvelle génération [biocarburants, hydrogène], afin de sortir de la dépendance au pétrole en matière de mobilité, au niveau tactique comme au niveau stratégique », poursuit-il.
Un deuxième élément à considérer est budgétaire : réduire la consommation des énergies fossiles devrait théoriquement faire baisser la facture des armées dans ce domaine. Ainsi, en 2019, ces dernières ont consommé 835.000 m³ de produits pétroliers, pour un coût de 667 millions d’euros.
Enfin, le dernier facteur est d’ordre opérationnel, avec une empreinte logistique moindre et des véhicules plus discrets.
Pour cela, indique la stratégie énergétique du ministère des Armées, il sera désormais question d’inclure systématiquement dans les programmes d’armement des « exigences d’écoconception et d’efficacité énergétique. » Ainsi, « l’ensemble de leur cycle de vie sera analysé à l’aune de leur impact environnemental et de leur consommation énergétique », précise-t-elle.
« Le ministère va recourir plus largement aux nouvelles technologies de l’énergie [gestion optimisée, hybridation, énergies renouvelables] et aux carburants de nouvelle génération [biocarburants, hydrogène] tant pour la mobilité que pour le stationnement. Cela permettra une meilleure performance opérationnelle, ainsi qu’une résilience énergétique accrue », lit-on dans le document.
Pour les blindés de l’armée de Terre, par exemple, il s’agira de les doter d’une motorisation hybride, ce qui permettra « d’accroître la performance et la furtivité », estime le ministère des Armées. D’autres, avant lui, ont lancé des initiatives similaires, comme son homologue britannique.
« L’intérêt et la faisabilité du couple moteur diesel/moteur électrique ont été démontrés, avec des gains de carburant [allant jusqu’à 10-15%] et des gains opérationnels [boost de performance, furtivité, résilience…] », fait-il valoir.
Aussi, dés 2022, un « démonstrateur d’hybridation de blindés » sera mis au point en 2020, afin de « founir les critères de choix pour la motorisation des Griffon et VBCIqui seront livrés à horizon 2028-2030 », précise le document du ministère des Armées.
À noter qu’Arquus s’est déjà engagé dans cette voie avec son VAB Electer qui, présenté en août 2017, a parcouru 5.000 km [dont 800 km sur sable] sans aucune panne durant une campagne d’essais de 18 mois.
S’agissant du secteur aérien, qui représente 50% de besoins énergétiques du ministère des Armées, le recours aux biocarburants est, pour le moment, la meilleure option disponible. L’objectif est de porter, à l’horizon 2030, à 5% la consommation de biocarburants.
Puis à 50% d’ici 2050, afin d’atteindre « la neutralité carbone ».
« L’objectif est d’intégrer progressivement ces molécules dans les carburants fossiles utilisés par les vecteurs aériens militaires français qui ont reçu l’agrément pour l’emploi de ces biocarburants », explique le ministère des Armées.
En outre, afin de réduire la consommation de carburants, le recours à la simulation, avec un « niveau de réalisme garanti », pour l’entraînement du personnel navigant sera accru. Les carnets de vol seront donc moins étoffés que par le passé…
Enfin, pour le domaine maritime, et hormis ceux à propulsion nucléaire [porte-avions et sous-marins], les navires de la Marine nationale utilisent exclusivement du carburant diesel marine
[F-76 et DMA, ndlr]. Aussi, indique le ministère, « le rendement
énergétique des futurs navires fera également l’objet d’améliorations dès la conception [hydrodynamisme, consommation électrique ajustée, capacités de production mieux rentabilisées et réseau de distribution optimisé], sans perdre de vue la nécessaire redondance des équipements et la réserve de puissance indispensable. »
Si la taille et les missions de ces prochains navires seront prises en compte, l’idée est de privilégier les « architectures tout électrique » quand cela sera possible.
En attendant, le programme des futurs Patrouilleurs outre-Mer [POM] « inclut la composante efficience énergétique ».
De même que celui relatif aux Patrouilleur océanique [PO], pour lequel un groupe de travail sera mis en place pour aborder la question. Ses « conclusions entreront dans les critères de choix sur l’architecture » de ces navires.
Documentation relative au SEO :
– SEO : Dossier de Presse du 14 juillet 2021
– SEA : Rapport du groupe de travail énergie (2000)
– SEA : Stratégie énergétique de Défense (2020) – 10 points clés
– SEA : Stratégie énergétique de Défense (2020) – Dossier de presse
L’empreinte numérique
Par Jacques TABARY
Commissaire en chef de 1ère classe (er)
Auditeur IHEDN – Comité Aunis-Saintonge
Toute personne qui se connecte à Internet, avec quelque appareil que ce soit, y laisse des traces. Elle peut penser que sa navigation sur le WEB est noyée dans la masse, et qu’elle ne sera pas remarquée puisqu’elle n’a pas d’importance particulière. Cette croyance très répandue est malheureusement inexacte. Même si la personne n’a, selon elle, « rien à cacher », son comportement intéresse les grandes sociétés.
Chaque connexion à Internet oblige à y laisser des données personnelles, de manière généralement involontaire.
Les sites relèvent systématiquement l’adresse IP[i] du périphérique informatique connecté. Celle-ci est unique, et lui permet d’être reconnue sur le réseau Internet afin que les serveurs distants puissent lui envoyer l’information demandée.
Attribuée par le fournisseur d’accès, elle constitue une trace inévitable de l’activité de l’internaute sur le WEB. Elle est enregistrée sur les serveurs contactés au gré de la navigation et permet la localisation de l’appareil utilisé. Le serveur relèvera en même temps le nom du navigateur, la résolution d’écran et le système d’exploitation utilisés, ainsi que l’adresse du dernier site visité. Ces données constituent le profil de base. La probabilité que deux internautes aient le même étant très faible, ils sont donc parfaitement identifiables. Les serveurs conserveront les journaux de connexion pendant une certaine durée (un an en France, illimitée aux USA).
Simultanément, des codes informatiques, les « cookies », sont déposés sur le disque dur de l’ordinateur via le navigateur.
Ceux-ci ont d’abord un but pratique : lors de la connexion suivante, l’internaute retrouve l’affichage tel qu’il a été paramétré, notamment la langue.
Ils permettent aussi à l’éditeur du site Internet de savoir quelle est son audience, ainsi que le comportement de ses utilisateurs. Un maximum d’informations est donc recueilli : pages vues, temps passé sur la page, etc …
Mais au-delà de cet intérêt pratique, l’envoi de « cookies » a des objectifs plus pernicieux. Après regroupement et analyse par des sociétés spécialisées, ces codes informatiques permettent de compléter le profil de l’internaute avec ses centres d’intérêt, son environnement privé, social et professionnel, pour lui envoyer des publicités de mieux en mieux ciblées. Ce sont donc de véritables outils d’influence.
La récolte massive des « cookies » constitue (pour l’instant) le moteur principal du modèle économique d’Internet. La consultation des sites étant gratuite, la réception de publicités, sur lesquelles il est proposé de cliquer, est la contrepartie de cette gratuité, car ce sont elles qui financent les sites Internet. Les profils des internautes sont commercialisés par les sociétés précitées, les « datas brokers », les données étant « l’or noir » de l’économie du XXIe siècle.
Les renseignements laissés sur les réseaux sociaux permettent de dresser un profil encore plus complet de l’internaute. D’après le site officiel d’Instagram[ii], les renseignements suivants sont recueillis quand l’internaute se connecte à Instagram, Facebook ou Messenger :
- les métadonnées[iii]du fichier fourni ;
- des informations sur les personnes, les pages, les comptes, et les groupes avec lesquels il est en relation, ainsi que la manière dont il interagit avec eux (par exemple, les personnes avec lesquelles il communique le plus ou les groupes dont il fait partie) ;
- les données concernant ses achats et ses transactions (telles que le numéro de sa carte de crédit et d’autres informations de compte et d’authentification, ainsi que des données de facturation et de livraison, et ses coordonnées) ;
- des activités d’autres personnes et les informations qu’elles fournissent le concernant (par exemple lorsqu’elles partagent ou commentent l’une de ses photos, lui envoient un message ou téléchargent, synchronisent ou importent ses coordonnées) ;
- des informations techniques sur les appareils utilisés et leur environnement (signaux Bluetooth, points d’accès Wifi, les balises ou tours de télécommunication à proximité) ;
- des données issues des paramètres de l’appareil (système d’exploitation, les versions matérielles et logicielles, le niveau de batterie, l’intensité du signal, l’espace de stockage disponible, le type de navigateur, le nom et le type des applications et des fichiers, ainsi que les plugins, la localisation GPS) ;
- des informations provenant des très nombreux partenaires d’Instagram, Facebook et Messenger. C’est ainsi que le site du journal « Le Monde » comporte des « mouchards » de Facebook, Twitter et Google, que le lecteur ait un compte sur ces réseaux ou non.
Ces informations peuvent être partagées avec d’autres à l’insu de la personne concernée : sur un réseau social, on mène une vie… sociale. Il est donc illusoire de penser y mener une vie privée.
Les ordiphones (« smartphones ») sont beaucoup plus indiscrets que les ordinateurs classiques et sont considérés comme de véritables aspirateurs à données.
En effet, de nombreuses applications mobiles exigent, pour pouvoir les utiliser, de leur octroyer des permissions très intrusives. C’est ainsi que « Strava » permettait de suivre l’entraînement sportif des agents de la DGSE autour de la caserne Mortier[iv]. De même, il est souvent étonnant de constater qu’un simple jeu demande aussi l’accès au carnet d’adresses de l’ordiphone, pour fonctionner …
Même si une application ne demande pas de permission particulière, ce qui est rare, le simple fait de la télécharger sur « Google Play » ou l’« App Store » fournit à ces plateformes des renseignements précieux.
Google et Apple connaîtront ainsi, grâce au gouvernement…, le nom des citoyens qui ont téléchargé l’application « Tousanticovid » et ajusteront les publicités envoyées en conséquence.
L’empreinte numérique générée par l’activité Internet de chaque internaute peut grossir très vite, faisant peser des risques non-négligeables sur sa vie privée et sa vie professionnelle. Google et Apple savent sans doute beaucoup plus de choses sur lui que son propre conjoint.
La réception quotidienne de publicités qui, comme par hasard, correspondent généralement aux goûts, aux désirs, aux recherches de l’intéressé voire à sa localisation, en est la conséquence la plus directe et la plus visible.
Mais les conséquences peuvent être aussi beaucoup plus graves, les empreintes numériques pouvant être compromises par le piratage du serveur où elles se trouvent et être utilisées dans des buts malveillants, voire criminels. Et les piratages ne sont pas rares[v] : ainsi, des données personnelles, concernant 533 millions de comptes Facebook, dont potentiellement 20 millions en France, sont actuellement diffusées sur un site de « hackers »[vi].
Ces piratages peuvent donner lieu à l’usurpation de l’identité de l’internaute à des fins frauduleuses, ou à la mise en cause de sa réputation. Le réalisme des courriels de « hameçonnage » est renforcé par l’exploitation des empreintes numériques.
Les photos peuvent contenir des balises indiquant où et quand elles ont été prises. Ces informations pourraient être utilisées pour localiser la maison de l’internaute, l’endroit où ses enfants vont à l’école. Ainsi, les photos publiées sur Instagram par un militaire en opération extérieure peuvent être rapprochées de celles déjà prises en France, révélant d’emblée que l’intéressé est absent de son domicile.
Des actions simples permettent de limiter le pistage.
- Le choix du moteur de recherche est la plus efficace. Ainsi, il convient de bannir « Google », « Yahoo », au profit de moteurs qui ne pistent pas leurs utilisateurs comme « Qwant » ;
- Celui du navigateur en est une autre. « Chrome » ou « Edge » sont à délaisser au profit de « Firefox », navigateur libre qui dispose de nombreuses extensions de protection. Dans tous les cas, il est prudent d’effacer l’historique de navigation à la fin de chaque session ;
- Des choix plus radicaux comme l’utilisation d’un « VPN » (réseau virtuel privé) permettent d’avoir une protection plus complète ;
- Pour la messagerie, prenant acte du fait que « Gmail », « Hotmail », « Outlook »…, lisent les courriels à livre ouvert, il convient de privilégier les applications chiffrées de bout en bout comme « Protonmail » ou « Tutanota », pour avoir une confidentialité totale ;
- De même, il est préférable d’utiliser « Signal », plutôt que « WhatsApp » dont les données de connexion sont partagées avec « Facebook », son propriétaire ;
- Pour les ordiphones, il vaut mieux utiliser de préférence ceux équipés d’un système d’exploitation libre comme « E »[vii] (qui est français), sinon privilégier les téléchargements sur une plateforme ne pistant pas ses utilisateurs, comme « F-Droid[viii] » ;
- Il existe aussi des alternatives libres[ix][x][xi] aux réseaux sociaux US.
Il est souhaitable de se connecter en priorité à des sites européens localisés en Europe, car les données personnelles sont ainsi protégées par le RGPD[xii].
Ce n’est malheureusement pas le cas des données médicales confiées à « Doctolib », bien que ce site soit français. En effet, elles sont hébergées sur les serveurs « d’Amazon Web Services », société soumise, de par sa nationalité, au « Cloud Act[xiii] » et donc susceptible de répondre à toute demande des services officiels US, même si les données sont en Europe.
Ce n’est pas le cas non plus des solutions de visioconférence à la mode comme « Zoom » et « Viméo », trop souvent utilisées, y compris par des organismes officiels, alors qu’il s’agît d’applications américaines, donc soumises aussi au « Cloud Act ». Les identités des participants, leur image et leur voix, pourraient ainsi être exploitées à leur insu.
Le socle interministériel de logiciels libres préconise l’emploi de l’application « Jitsi Meet[xiv] ».
Les profils réalisés à partir des « cookies » permettent de mieux cibler les internautes afin de les pousser à effectuer une action (achat ?, vote ?) qu’ils n’auraient peut-être pas faite autrement.
Sauf à voir la liberté individuelle se réduire comme une peau de chagrin sous la pression de ce contrôle social insidieux, la limitation de l’empreinte numérique laissée sur Internet doit être une préoccupation quotidienne.
Le fonctionnement de la Démocratie est également impacté puisque la connaissance étendue des empreintes numériques peut en fausser l’expression légitime, comme l’a démontré le scandale de la société « Cambridge Analytica », accusée d’avoir exploité les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook afin de favoriser le « Brexit » et l’élection de Donald Trump.
La maîtrise des données personnelles est une condition essentielle, non seulement de la liberté individuelle, mais aussi de la souveraineté nationale.
[i] Internet Protocol
[ii] https://fr-fr.facebook.com/help/instagram/155833707900388
[iii] Les métadonnées contiennent des informations sur la source du document, sa nature, son contenu et sa localisation physique. Elles ont pour effet d’améliorer l’efficacité des recherches d’information.
[iv] BFM TV 12/01/2018
[v] Adresse à consulter pour savoir si on a été piraté : https://haveibeenpwned.com/
[vi] Le Point 03/04/2021
[vii] https://e.foundation/fr/?lang=fr
[viii] https://fr.wikipedia.org/wiki/F-Droid
[ix] Les alternatives libres à Instagram
[x] https://mastodon.etalab.gouv.fr/about ou https://mamot.fr/auth/sign_in
[xi] https://www.signal.org/fr/
[xii] Règlement Général pour la Protection des Données
[xiii] https://fr.wikipedia.org/wiki/CLOUD_Act
[xiv] https://framatalk.org/accueil/fr/
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