Paroles d’honneur – Lettres à la jeunesse[1].
Résumé du livre du Général d’armée Pierre de Villiers. Par Decitre.
Il y a deux façons de voir la situation actuelle : soit se complaire dans le constat, il est vrai cruel et inquiétant ; soit surmonter ce dernier et chercher des solutions, faire confiance aux trésors de notre génie français. Vous, les jeunes, êtes l’avenir de la France. Vous êtes aujourd’hui en demande d’humanité et de fermeté, d’autorité et d’amour, d’exigence et de bienveillance. Vous cherchez votre équilibre, dans une société où les facteurs de déséquilibre se multiplient.
Il reste à canaliser vers de justes causes cette attente et cette soif d’idéal. Les plaintes soulagent, mais ne construisent rien de durable. Tout au long de son parcours militaire, le général Pierre de Villiers a eu à cœur de transmettre ; cinq années dans la vie civile n’ont fait qu’affermir son engagement pour la jeunesse, à laquelle il dédie ces lettres. Elles constituent une véritable profession de foi intellectuelle et morale. Une leçon qui résonne profondément en nous. Ces Paroles d’honneur ouvrent un chemin pour réapprendre à aimer la France et retrouver l’espérance. Après quarante-trois années d’une carrière militaire qui l’a conduit à devenir chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d’une société de conseil en stratégie. Il est l’auteur, aux éditions Fayard, de Servir (2017), Qu’est-ce qu’un chef ? (2018) puis L’équilibre est un courage (2020).
[1] https://www.decitre.fr/livres/paroles-d-honneur-9782213725352.html
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Synthèse de la Conférence prononcée par le Général d’armée Pierre de VILLIERS sur la jeunesse et la citoyenneté.
par Philippe MOUNIER – Auditeur du Comité Aunis-Saintonge
Ces idées peuvent paraître banales, mais elles ont été exprimées avec conviction, humour et brio. Elles nécessitent d’être rappelées.
I – Le monde actuel est instable et dangereux.
- Il convient d’apprendre aux jeunes à aimer la France.
- Il ne faut pas succomber à la vision « temps court » du politique, liée aux contingences électorales. Il faut privilégier le « temps long », porteur d’avenir construit.
- L’Etat anonyme a pris la place de la nation charnelle.
- Il faut lutter contre l’individualisme pour le bien de la collectivité et pour instaurer une véritable fraternité humaine.
II – Les crises se multiplient.
Face à elles, il faut déterminer des points d’ancrage :
- La confiance qui favorise la responsabilisation et permet l’application du principe de subsidiarité.
- L’autorité qui nécessite une capacité de conception, une aptitude à convaincre, une conduite sans changement de cap, un contrôle.
- La stratégie : réponse aux questions Quoi ? Pourquoi ? De quoi s’agit-il ? Pour cela, il convient d’être audacieux et équilibré et de prendre de la hauteur.
- L’éducation : respecter le triptyque parents-enfants-professeurs. Valoriser les notions de patrie et de drapeau. Retrouver les véritables fondamentaux. Tracer les limites à ne pas franchir. Connaître la France, sa langue, son Histoire.
III – À développer chez les jeunes.
- L’exemplarité.
- L’authenticité.
- L’optimisme : ne pas se laisser abattre.
- Le dépassement du découragement.
- L’humilité.
- L’encouragement à se tourner vers les autres.
- Le courage : force morale de faire les choses, savoir trancher et dire la vérité.
- La gestion et la maîtrise du stress.
IV – Valeurs à partager.
- Reconnaissance et pratique de l’escalier social.
- Libération des chaînes intérieures et acquisition d’un libre arbitre.
- Egalité et équité, sans recherche de l’égalitarisme.
- Fraternité : esprit d’équipe intergénérationnel.
- Détermination, persévérance.
- Esprit d’équipe.
- Sens du pardon.
- Amour de la France.
- Trois mots clefs : HUMANITÉ, UNITÉ, ESPÉRANCE.
V – Conclusion.
Faire confiance à la jeunesse et être optimiste.
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Analyse de la Conférence prononcée par le Général d’armée Pierre de VILLIERS sur la jeunesse et la citoyenneté.
par Jean-Marc BRAULT de BOURNONVILLE – Membre associé
L’intervention du Général Pierre de Villiers est centrée sur la jeunesse.
Il rappelle le besoin de l’autorité et qu’il en est un praticien.
Ce besoin d’autorité est d’autant plus nécessaire dans cette période troublée avec des réactions immédiates sans recul ni réflexion.
L’autorité peut aider la jeunesse à croire en l’avenir.
Le général rappelle qu’il est un praticien de l’autorité et qu’il s’est donné comme mission de transmettre ses valeurs et d’aider ses auditeurs, par ses réflexions, à devenir « des citoyens acteurs ».
Jeunesse et citoyenneté : apprendre à remettre la personne au cœur de la cité.
Son intervention se fera sur quatre points :
- Une analyse de la situation en langage militaire qui est l’ennemi ?
- Les points d’ancrage pour que la jeunesse puisse retrouver du sens de l’envie.
- Les qualités que les jeunes doivent développer.
- Les valeurs à partager.
I – Les facteurs qui pèsent sur la jeunesse.
Pierre de Villiers développe certains sujets qui enrichissent cette situation tant anxiogène pour la jeunesse.
1.1 – Le contexte géostratégique ou le monde dans lequel nous vivons :
‒ Le terrorisme islamique radical qui vise à imposer un nouvel ordre mondial basé sur une idéologie mondiale et qui utilise comme moyen d’action une barbarie totale.
‒ Le retour des états-puissances : Russie, Chine, Turquie, Inde, Iran… qui développent des stratégies à long terme alors que nos démocraties n’ont pour seuls horizons que les échéances électorales. Ces mutations se produisent alors que nous assistons à des migrations massives et des désordres climatiques avec leurs conséquences sur les évolutions des sols ou sur l’eau.
‒ « Nous sommes à un point de bascule ! ». L’ordre international a changé depuis la chute du mur de Berlin, les organisations internationales sont impuissantes face à ces évolutions et les jeunes s’en inquiètent.
‒ Le Bilatéral ou le multilatéral.
1.2 – Le temps qui presse !
On ne se parle plus, on zappe. Les événements se succèdent sur les réseaux sociaux. Les moyens modernes de communication sont une source d’exclusion pour les plus anciens. Il rappelle le proverbe afghan : Vous avez les montres, nous avons le temps ! ;
1.3 – Les technologies accélèrent le temps qui passe :
Télétravail, robotisation… Avec le risque de perversion de la technologie sur l’homme.
1.4 – La crise de l’autorité est présente partout.
La mondialisation complexifie les prises de décisions et abolit les frontières.
« Finalement qui décide et que suis-je dans le processus ? ».
Un dysfonctionnement est perçu entre l’État et la Nation. La finance et le droit sont présents partout ! Les jeunes ne comprennent pas ce qui se passe, les racines et l’appartenance nationale se perdent ;
1.5 – L’individualisme.
Le sens du collectif est perdu, « On ne se parle plus, on s’envoie des messages ».
L’individu est roi « Quel Monde laisse-t-on aux jeunes ? ».
II – Les points d’ancrage pour une citoyenneté renouvelée
2.1 – La confiance.
« C’est le carburant de l’autorité… ne jamais mentir ».
2.2 – L’autorité (contraire de l’autoritarisme).
Tout projet se conduit en quatre étapes :
- Conception (quelle vision ? Où va-t-on ?),
- Convaincre sur sa validité.
- Conduire (on peut tirer des bords mais on garde le cap).
- Contrôler (on valide le process pour l’améliorer).
2.3 – La stratégie ou voir loin !
« Quelle paix construire de l’autre côté de la crête ? ».
Des entreprises en croissance peuvent rapidement décroître. Un plan stratégique peut permettre d’évaluer les risques. Aujourd’hui, on vit dans le tout assurance, avec le principe de précaution. On s’interdit l’audace pourtant l’avenir appartient aux audacieux, dit-on ! Il faut savoir évaluer les risques pour les maîtriser.
« Et dans toute circonstance, prendre le temps de réfléchir ».
2.4 – L’éducation.
C’est un mot-clef. La relation enfants/parents/enseignants ne fonctionne pas ou plus !
« Notre pays est magnifique et aimable mais la France est devenue un gros mot. On n’aime plus la France ».
Importance de respecter les talents des jeunes, de redorer l’image des enseignants, de l’apprentissage et des métiers manuels.
III- Les qualités que les jeunes doivent développer.
« Il faut apprendre aux jeunes à devenir des chefs, et d’abord chef de soi-même ».
3.1 – L’exemplarité.
« C’est exigeant ! On fait ce que l’on dit ou ce que l’on pense ».
On doit être un exemple pour les autres.
3.2 – L’authenticité/le naturel.
3.3 – L’enthousiasme, l’optimisme.
On ne gagne pas que par l’intelligence. La passion et le cœur ne doivent pas être oubliés.
3.4 – L’humilité (contraire de l’orgueil).
« Savoir être modeste et ne pas avoir toujours raison. Gardez de l’humour, éviter l’ironie mordante et entraîner les gens dans la joie ! ».
3.5 – Être tourné vers les autres.
L’autorité est un service. En toutes circonstances, il faut apprendre à gérer les conflits. L’homme doit toujours être au centre de nos préoccupations. Il convient d’éviter que les décisions de nos gouvernants « fassent sauter les faibles ».
À ce titre, le confinement récent qui a contribué à isoler les gens a été catastrophique.
3.6 – Le courage.
Le courage qui se décline en deux niveaux (le courage opposé à la lâcheté et celui du quotidien… au travail ou ailleurs).
L’important est de ne pas subir, de s’engager au service du collectif.
Le général rappelle sur le thème du courage le discours que prononça le 8 juin 1978 Alexandre Soljenitsyne devant des étudiants de Harvard sur « Le déclin du courage en Occident ».
IV – Les valeurs à partager.
Ne pas oublier l’escalier social (et pas l’ascenseur), et l’intérêt d’avoir réalisé soi-même les tâches que l’on commandera ensuite.
L’armée le permet encore mais plus l’entreprise, ni la fonction publique.
4.1 – La liberté. le libre arbitre, la capacité à décider.
4.2 – L’égalité (contraire de la discrimination), l’équité.
« Je suis traité comme tout le monde ».
4.3 – La fraternité.
Le général cite un jeune « Dans l’armée, j’ai trouvé une famille ! ».
4.4 – La cohésion.
« L’équipe de France de football a gagné la Coupe du monde de 1998 ». La cohésion s’organise par le parrainage, le binômage.
4.5 – La détermination.
« Je ne savais pas que j’étais capable de … » ;
4.6 – Le respect.
Le respect (source de fierté), la considération (source de la délégation), le respect mutuel.
4.7 – Le pardon.
Mot clef de la civilisation. Éviter les coups bas, se pardonner au lieu de s’insulter ; le pardon n’est pas l’oubli.
4.8 – L’équilibre (entre vie privée et professionnelle)
4.9 – L’amour de la France.
Le drapeau, la culture, notre langue, notre histoire, nos entreprises, notre gastronomie. Évitons la repentance !
L’Europe où les poupées s’emboîtent et ne s’opposent pas.
Trois conseils en guise de conclusion :
Outre le fait de savoir écouter les anciens qui ont de l’expérience !
1 ‒ Humanité : remettre la personne au centre de nos réflexions et décisions ;
2 ‒ Unité : il faut rassembler unir : le pardon, la bienveillance, la réconciliation, mettre les talents au service du collectif (le général cite les maréchaux Leclerc et de Lattre de Tassigny et leurs épopées), et laisser de côté les diviseurs ;
3 ‒ Espérance (contraire de la crainte de l’avenir, du pessimisme). Être fier d’être français et de réussir sa vie.
Le général de Villiers achève son propos par ces mots :
« Aimons notre jeunesse, elle nous le rendra !
La jeunesse a soif de grandeur, d’engagement
et pas de performance ».