Focus sur la Chine

Présentation de Éric PEUCHSapeur-pompier engagé à la BSPP puis carrière d’officier dans trois départements avant de devenir directeur de SDIS de deux départements, puis carrière à l’international en gestion des risques de catastrophe et en protection civile (Chine et Asie du sud-est).

Mieux comprendre la Chine et les Chinois

Résumé de la communication du lundi 29 janvier 2024

L’héritage constant transmis à chaque génération de chinois depuis l’antiquité a forgé une civilisation dotée d’une identité spécifique et attachante mais souvent difficile à décoder pour nous, européens. La Chine a été centralisée dès le 3ème siècle av. JC, les premiers états qui ont constitué le noyau de l’Empire du Milieu étaient constitués de plusieurs royaumes basés sur le fleuve Jaune. Ils revendiqueront leur légitimité comme étant les États du milieu, c’est- à-dire à la fois au centre du pouvoir, au centre du pays et au centre du monde. Plus tard les empereurs disposèrent d’une administration efficace animée par des mandarins lettrés nous permettant une connaissance précise de l’histoire du pays.

C’est bien avant notre ère que le système du tribut permis aux chinois d’asservir les pays voisins par une stratégie diplomatique impliquant la soumission volontaire d’un peuple à l’empire du Milieu et à un système économique favorisant la circulation des marchandises et la stabilité politique. Il perdure aujourd’hui sous des formes hégémoniques d’économie conquérante. Les chinois, formés au commerce, ont toujours un sens aigu des affaires qui met en jeu le guanxi, le réseau de relations indispensable à toute réussite sociale et au développement des affaires. C’est d’ailleurs une gageure pour les sociétés occidentales voulant s’installer en Chine que de percer sans cet appui local.

Les guerres de l’opium ont mis fin au système des tributs et au pouvoir impérial. La Chine du 19ème siècle a été soumise à la cupidité des puissances coloniales entrainées par le Royaume Uni imposant des traités iniques et des opérations militaires vexatoires telles que le sac du Palais d’été qui marque toujours les esprits et les relations diplomatiques.
Ensuite, au mouvement nationaliste, restructuré en 1912 autour du Guomindang, se joint le parti communiste chinois en 1923-1927. Ils s’affrontent puis se liguent en 1937-1946 contre l’occupant japonais, les communistes l’emportant finalement en 1949 sous la direction de Mao Zedong tandis que Tchang Kai-Chek se réfugie à Formose.
Quelque 50 ans après l’échec désastreux du Grand Bond en avant, la grande famine et les purges politiques, c’est dans le sillage des réformes de Deng Xiaoping (1978-1997) que la Chine s’est hissée au rang des toutes premières puissances économiques mondiales.
La Chine moderne voit son PIB par habitant multiplié par 8 en 30 ans et s’oriente vers une économie de marché ce qui n’empêche pas le PCC de s’affirmer et d’infiltrer les administrations et les entreprises d’état, instituant une hiérarchie parallèle prenant le pas sur la marche normale des organisations publiques. Après le drame de la place Tien’anmen les chinois ont compris qu’ils pouvaient s’enrichir à condition de ne pas contester la place du PCC.

La Chine n’a jamais été impérialiste mais a toujours été intransigeante sur ce qu’elle considère comme son territoire. Xi Jingping dès son arrivée à exhorté les chinois à relever la tête et à récupérer les terres historiques.
S’en sont suivi les incidents en mer de Chine orientale, l’annexion des iles Spratley et Paracel et la multiplication des manœuvres militaires menaçant Taiwan. Le positionnement des alliés de Taiwan, dont les USA, en mer de Chine et dans le Pacifique crée un équilibre des forces laissant penser que l’invasion n’est pas pour demain d’autant que les conséquences économiques d’une rupture totale avec TaIwan aurait de graves conséquences pour la Chine en terme d’approvisionnement en composants électroniques et en investissements.

Le projet des « Nouvelles routes de la soie » entre également dans la dynamique conquérante de Pékin sur le monde économique. La Chine, par la mise en œuvre d’un soft-power inédit, fait briller aux yeux de nombreux pays traversés par les « routes » un boom économique sans précédent.
Elle construit ou rachète des infrastructures portuaires, routières, ferroviaires en Europe, en Afrique ou en Asie. La plupart du temps, la Chine prête, et ce sont les États qui investissent et s’endettent pour finalement se trouver dépendants. L’UE vient de décider de monter un contre-projet consistant à conserver la souveraineté des pays européens traversés en assumant les investissements sans pour autant s’opposer aux ambitions de Pékin.

Le Xinjiang, territoire ouïghour chinois, turcophone et musulman, est la province la plus concernée par les nouvelles routes de la soie d’où partent plusieurs itinéraires. A ce titre, et également pour lutter contre des tentatives de sécession et en réaction à des actions terroristes, Pékin étouffe la province autonome en limitant la pratique de l’Islam, en envoyant des milliers de ouïghours identifiés comme suspects en camp de rééducation et en développant l’influence des Hans sur ce territoire grâce à des implantations d’entreprises dirigées par ces chinois de souche. Ils représentent désormais 45% de la population.

La Chine est devenue un pays moderne, en avance dans bien des domaines technologiques, compétitive d’un point de vue militaire, doté d’infrastructures à la mesure du pays-continent et d’une énorme capacité d’innovation et de production industrielle et commerciale qui ont permis à la classe moyenne de grossir et de s’enrichir aux côtés de milliardaires suscitant souvent l’admiration des plus modestes par leur réussite fulgurante.
L’extrême pauvreté a considérablement diminué, même si un large prolétariat existe toujours. Mais la gestion catastrophique de la Covid a mis à mal l’économie chinoise et de nombreux chinois sont désormais sans ressources commençant à perdre confiance en leurs dirigeants.
De plus la Chine est entrée dans une phase de surinvestissement, avec des projets peu rentables financés par l’endettement, à la fois public et privé, et en particulier dans l’immobilier dont la bulle commence à éclater au détriment des familles. Les investissements étrangers se raréfient, des entreprises s’installent dans des pays émergeants voisins.
Plongée dans une crise économique profonde et peut-être durable, conséquence principalement d’une gouvernance devenue l’otage de l’idéologie, la Chine entre vraisemblablement dans une période de repli sur soi malgré quelques signes d’ouverture récents vers l’occident.
Si le mécontentement s’amplifie, il ne viendra pas des campagnes, ni des usines mais de la classe moyenne qui n’acceptera jamais un retour en arrière et encore moins que ses enfants n’aient plus d’avenir.
Xi Jinping ne sera pas le Gorbatchev chinois comme certains observateurs avaient pu l’imaginer au début, mais au contraire l’homme qui sauvera le Parti communiste, garant des principes et structures de la république populaire, quitte à contraindre la population, avec des pratiques néo-maoïstes et à montrer ses muscles à l’international, au risque de déstabiliser les équilibres créés à l’après-guerre.

Handicapés par une difficulté à voir la réalité en face et à anticiper les évènements, les chinois de la génération de l’enfant unique commencent pourtant à s’inquiéter de leur avenir.

Éric PEUCH / Janvier 2024

Le cinquième âge de la guerre navale

Article écrit le 23 mai 2023 par Nghia NGUYEN 
– 180e promotion Cardinal de Richelieu
– Professeur au Lycée Jean Monnet (Cognac)

Compte rendu du traité de tactique navale de François-Olivier CORMAN et Thibault LAVERNHE.

Le problème fondamental des armées est de réussir à penser le prochain conflit qu’elles auront à mener. C’est une préoccupation souvent contrainte par le poids des habitudes du temps de paix, les trop longues parenthèses stratégiques qui peuvent favoriser sclérose et paresse intellectuelles mais aussi des évolutions technologiques inédites que d’aucuns considèreraient trop rapidement comme des révolutions tactiques ou stratégiques en soi.

Renouveler la pensée tactique navale, tel est l’objectif de François-Olivier CORMAN et Thibault LAVERNHE dans ce qui se présente comme un passionnant traité en la matière. Officiers de La Royale, ayant commandé à la mer et poursuivant leur carrière dans la recherche et la prospective (1), les deux auteurs situent leur réflexion dans un changement d’époque qui voit l’émergence de nouvelles puissances navales dont l’agressivité remet en cause à la fois la sécurité collective qui prévalait depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et l’hégémonie occidentale (étatsunienne) au lendemain de la Guerre froide.
Désormais, la guerre de haute intensité pointe à l’horizon et mers et océans – plus que jamais définis comme des milieux de conflictualité – annoncent le retour du combat naval.

La réflexion des deux auteurs se voudrait donc une anticipation à la fois théorique, doctrinale mais également réflexive et concrète sur le retour du combat naval et la complexité de ses nombreux aspects à notre époque contemporaine qu’ils définissent comme le cinquième âge de la guerre sur mer. D’abord destinée aux officiers de Marine, la réflexion est aussi portée au grand public du fait de la clarté des deux plumes et de leur volonté d’éclairer le plus grand nombre sur les enjeux de la guerre navale.

Hommes d’action et de commandement, les deux auteurs ont d’abord vécu la pratique militaire de la mer avant de l’écrire. Ils en connaissent la complexité et l’ordonne autour d’une réflexion où tous les grands aspects du combat naval contemporain sont abordés : des grands principes à la planification en passant par le capital ship, l’interopérabilité, le C2, le commandement humain…
Plus que structuré par une expérience technico-opérationnelle d’actualité, le propos est aussi charpenté par l’Histoire à laquelle les auteurs reviennent tout au long de l’ouvrage. Ainsi distinguent-ils cinq âges dans la généalogie du combat naval : celui de la voile (XVIe/XIXe siècles), celui du canon et de la torpille (XIXe siècle/Entre-deux-guerres), celui de l’aéronavale (Entre-deux-guerres/années 1960), celui du missile (années 1960 à nos jours).

Le cinquième âge est celui dans lequel nous entrons et dans lequel se livrera la prochaine guerre navale. Cadre contextuel du traité, ce cinquième âge poursuit les troisième et quatrième en y ajoutant les technologies actuelles : automation, dronisation, couches de réseaux, fusion des données, intelligence artificielle
Ce que nous décrivons de nos jours comme les game changers du combat naval moderne. Avec l’émergence de nouvelles puissances maritimes – au premier rang desquelles on pensera à la Chine et à la Turquie – l’écart technologique s’amenuise entre les forces navales au moment où les marines occidentales, engagées dans la gestion de crise depuis des décennies, ont oublié l’affrontement de haute intensité en mer.

Analysant de nombreuses batailles navales, les auteurs montrent qu’il existe des invariants du combat naval quelle que soit l’époque. Ces derniers tiennent à la spécificité physique et géographique du milieu marin mais aussi, et surtout, à un commandement qui n’a pas varié en ses principes. Des campagnes de Suffren au XVIIIe siècle à celle des Malouines menée en 1982 par l’Amiral WOODWARD en passant par la bataille de Koh-Chang en 1941, ces principes demeurent les mêmes à savoir l’autonomie tactique du commandement, la culture de l’initiative, celle de l’audace et last but not least la force morale.
Plus que jamais la guerre demeure un choc de volontés quand bien même celle de demain, à laquelle préparent les auteurs, se fera-t-elle dans un environnement et avec des moyens technologiques inédits.

Illustrant l’adage selon lequel « celui qui tient la mer tient le monde », les deux tacticiens montrent surtout que la maîtrise de la mer est incontournable dans tous les conflits même ceux que l’on pourrait penser au premier abord comme essentiellement aéroterrestres (Irak, Afghanistan, Ukraine…). Que ce soit dans :

  • la sécurisation d’une route maritime,
  • l’acquisition de littoraux,
  • l’accès à un théâtre d’opération,
  • la réorganisation de flux contrariés par un conflit,

il y a toujours un volet naval dans une confrontation. Certes, l’approche relève davantage de la stratégie que de la tactique où la mer apparaît comme un moyen décisif dont le contrôle permet de produire des effets dans d’autres milieux. Si stratégiquement un conflit part de la terre et finit sur la terre, une victoire ou une défaite sur mer est souvent décisive pour permettre ou empêcher une victoire finale.

La première caractéristique du combat naval est d’être avant tout destructeur car, contrairement à la terre, il n’y a pas d’encerclement en mer et les batailles ne durent pas des mois. Les confrontations directes sont souvent courtes dans le temps, brutales et décisives du fait de pertes infligées impossibles à reconstituer dans un temps court. Ces trois aspects – dimension destructrice de la bataille navale, sa contraction dans le temps et son caractère décisif dans une stratégie générale – traversent une réflexion hantée par l’idée d’une Marine dont les commandants ne seraient plus suffisamment préparés au combat naval qui arrive. Mettant en jeu des systèmes et des armements jamais engagés jusqu’à présent dans une guerre navale, ce combat verrait le retour de pertes humaines importantes.

Le combat naval du cinquième âge se caractériserait également – et paradoxalement – par le retour d’un « brouillard de la guerre » sous-estimé par l’illusion de la « transparence » d’un champ de bataille traversé par de plus en plus de robots, de machines autonomes, de drones et par de moins en moins de combattants humains.
Alors que l’interarmisation cherchait jusqu’à présent à coordonner les actions des différentes armées dans un même milieu, le cinquième âge naval est désormais celui de la guerre dans le multimilieux/multichamps (M2MC) : champs informationnel et du cyberespace, milieux de l’espace exo-atmosphérique et des grands fonds.
En plein développement intellectuel au sein des doctrines Terre/Mer/Air et Espace, le concept du M2MC se caractérise d’emblée par un obscurcissement informationnel et une interaction en temps réel de plusieurs milieux et champs de nature différente dont la conséquence est de faire resurgir un brouillard de la guerre que l’innovation technologique cherchait jusqu’à présent à réduire.

Étude fouillée qui nous projette dans une prospective de la guerre navale telle qu’elle se déroulerait tout à l’heure ou demain, mais en gardant en main courante les enseignements fondamentaux de l’Histoire, Vaincre en mer au XXIe siècle fera date dans l’évolution de la pensée navale française.

Guerre économique

Guerre économique. Qui est l’ennemi ?
Par Lucie Laurent et Nicolas Moinet

Collectif

OCTOBRE 2022
ISBN : 9782380943207
ENQUÊTES ET TÉMOIGNAGES – 25,90€

Nouveau Monde éditions et l’École de guerre économique s’associent pour créer Guerre économique.  La publication annuelle de référence sur les guerres de l’ombre qui secouent l’économie française.

En vente dans les bonnes librairies et sur toutes les plateformes de e-commerce.
Je commande chez Nouveau Monde

Présentation via un petit film :
 https://www.youtube.com/watch?v=4WvxslZMM1I 

Guerre de l’information, espionnage économique, cyberattaques, guerres hybrides, démantèlement industriel, déstabilisations financières… Les entreprises françaises sont devenues des cibles.
Guerre économique est le premier ouvrage annuel qui décrypte les guerres de l’ombre qui mettent en danger notre économie.
Qui menace les intérêts français ? Pas toujours ceux que l’on croit :
– des adversaires mais aussi des alliés : États-Unis, Chine, Russie, Allemagne…
– des mafias
– des fonds d’investissement
– des GAFAM
– et même d’anciens hauts responsables français.
 
Une publication de l’École de guerre économique, pionnière sur le sujet depuis 1997, par son centre de recherche 451 composé :
– d’experts reconnus sur le sujet : Christian Harbulot, Ali Laïdi, Nicolas Moinet
– de professionnels de l’intelligence économique
– d’un philosophe (Dany-Robert Dufour), l’ex-espion devenu lanceur d’alerte (Maxime Renahy), des journalistes et des historiens.

Il nous faut renouer avec la puissance

Entretien avec le général Vincent Desportes réalisé par Elouan Picault.
Gavroche le 16 avril 2021

Vincent Desportes est général de division. Diplômé de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, il a exercé de nombreux postes à responsabilité au sein des armées. Il fut notamment attaché militaire auprès de l’ambassade de France aux Etats-Unis et directeur de l’Ecole de Guerre entre 2008 et 2011. Docteur en histoire, il est aujourd’hui conférencier international et enseigne la stratégie à Sciences Po et HEC.

Pouvez-vous nous dresser un tableau de l’état des armées françaises aujourd’hui ?

Nous avons des armées qui sont à la fois extrêmement professionnelles et compétentes, mais qui ne le sont que pour des actions relativement ponctuelles, sur des durées de temps courtes. Nous sommes capables du meilleur, mais uniquement ponctuellement dans le temps et dans l’espace. Nous sommes face à une vraie difficulté parce que nous avons une armée construite sur la base des décisions prises par le président Chirac en 1996 : passer d’une armée de conscription à une armée professionnelle.

Celle-ci est basée sur un modèle simple : la bombe nucléaire et une force expéditionnaire très limitée dans son volume. Cette force expéditionnaire fut pensée pour défendre la sécurité des Français à l’extérieur du territoire national, mais uniquement dans des guerres d’escarmouche, et pas beaucoup plus que ça. Seulement, ce modèle n’a pas tellement évolué depuis 25 ans alors que les menaces, elles, changent. La guerre de haute-intensité, voire les conflits majeurs, redeviennent un horizon possible. L’armée français a beau avoir été excellente dans les guerres qu’elle a conduit ces dernières années, elle risque de l’être beaucoup moins à l’avenir.

Vous avez déclaré dans un de vos entretiens que les armées françaises sont « capables de coups tactiques mais plus de victoires stratégiques ». Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette nuance ?

C’est un peu ce que je viens de dire. Nous sommes capables de gagner des batailles d’une ampleur limitée -ce que nous faisons tous les jours et de manière excellente au Sahel- mais nous ne sommes plus capables de conduire des guerres et de les mener à leurs résultats. Plus globalement, la question se pose de savoir si l’Occident est encore capable de le faire, puisque toutes nos dernières guerres ont été au mieux des impasses, parfois des échecs.

Au niveau tactique nous savons être les meilleurs, nous sommes absolument excellents, mais on constate que les victoires stratégiques ont du mal à advenir au-delà de la bataille. C’est particulièrement visible au Sahel, où nous gagnons des batailles tous les jours, mais où la guerre est très loin d’être gagnée. Pour la bonne raison d’ailleurs que les problèmes de guerre ne sont jamais des problèmes militaires, mais des problèmes politiques, et que les conditions politiques de transformation des résultats tactiques en résultats stratégiques ne sont pas réunies.

On assiste, depuis le début du quinquennat Macron, à un rehaussement du budget des armées après une longue dégradation. Où en est-il aujourd’hui ?

A partir du début des années 2000 a éclaté l’évidence de l’inadéquation du budget des armées vis-à-vis des guerres qu’on les amenait à faire. Ce fut visible à partir de la présidence Sarkozy, et plus encore de la présidence Hollande. Je m’étais à ce moment-là donné la mission, avec d’autres, de faire évoluer la situation de manière à ce que nos soldats aient au moins de quoi combattre et que la France soit défendue à minima.

Pour comprendre le rehaussement du budget des armées, il faut d’abord se demander pourquoi il y a eu dégradation. Il y a eu dégradation car il y a eu l’illusion de la disparition de la guerre. Ce fut profondément le cas en Europe, car l’Europe a tué la guerre sur son sol. Nous avons alors fait l’erreur de le généraliser au reste du monde : parce que la guerre avait disparu chez nous, elle devait avoir disparu ailleurs. La chute du mur de Berlin nous a ensuite fait croire, selon l’expression de Fukuyama, à « la fin de l’Histoire ». L’effondrement de l’Union soviétique devait avoir éradiqué la guerre. Or, assez rapidement, est venue l’évidence que notre monde était particulièrement violent. Si nous arrivions à prévenir le conflit sur le sol européen, nous n’empêchions nullement les autres de s’entre-déchirer. Depuis, les escarbilles de la violence nous ont rattrapé, y compris chez nous.

A partir de 1989, les budgets de la défense se sont dégradés régulièrement. Pourquoi ? Pour une raison simple : même s’ils aimaient leur armée, les Français ne croyaient plus en sa nécessité. Dès lors, les gouvernements français n’ont eu aucune difficulté à prélever de l’argent au ministère des Armées pour aller le redistribuer ailleurs, notamment dans le social. Cette affaire-là s’est accélérée considérablement sous la présidence Sarkozy, pendant laquelle 25% des forces armées ont été détruites. Même chose sous la présidence Hollande, sous laquelle l’intendance fut la même. Nous nous sommes donc retrouvés sur une pente descendante au moment où les conflits se sont multipliés. Tout a changé très vite. Le président Chirac avait eu le bon sens de ne pas engager trop fortement la France en Afghanistan, guerre qui ne pouvait être que perdue, preuve en est faite depuis. Or, le président Sarkozy a fait exactement l’inverse : il a engagé la guerre en Libye et a lancé un mouvement de ré-investissement de l’armée dans les crises. Cette entreprise s’est accélérée sous François Hollande, avec les interventions au Sahel et en Centrafrique. La situation était plus que paradoxale : le budget de la défense descendait au moment où l’engagement des armée croissait.

Est né à ce moment-là un mouvement chez un certain nombre de Français responsables, dont je m’honore d’avoir été, pour dénoncer cet état de fait. Deux phénomènes ont fait bouger les lignes. D’abord Daesh, qui a été d’une certaine manière la prise de conscience du danger. A partir de 2015, les courbes du budget ont cessé d’être descendantes et se sont aplaties. Le président n’a pas ré-augmenté les budgets, mais il a diminué la décroissance avant d’y mettre un terme. Et puis s’est rajouté un événement-déclencheur ; la démission du général Pierre de Villiers de son poste de chef d’Etat-major des armées, crise dite « du 14 juillet 2017 ». Au lendemain de celle-ci, Macron a perdu près de 10 points d’opinions favorables, ce qui est tout à fait énorme. Cela montre que les Français considèrent qu’on ne peut pas « taper » sur le plus haut dignitaire des armées de cette façon. Emmanuel Macron en a tiré quelques enseignements. D’une part, on ne peut pas trop tirer sur la corde car il arrive un moment où elle casse. D’autre part, à force de maturité, il a compris que si lui-même voulait exister sur la scène internationale, il aurait besoin d’une armée forte.

En faisant voter la loi de programmation militaire 2019-2025, il a redonné un peu d’air aux armées. Le budget de la défense ré-augmente de manière régulière. On commence enfin à avoir des pièces de rechange, des munitions et des quais pour nos bateaux. Pour autant, nous sommes toujours loin du compte : moins d’un char sur deux peut rouler, moins d’un avion sur deux peut décoller, moins d’un hélicoptère sur trois peut être déployé et moins d’un bateau sur deux peut prendre la mer. L’important c’est que cet effort ne diminue pas et que les promesses du président Macron soient tenues. D’abord par lui-même (et je pense qu’il le fera), mais aussi par son successeur.

L’inverse serait absolument dramatique, puisque partout le monde se réarme. Les guerres redeviennent de plus en plus probables. Les pays n’hésitent plus à s’entre-déchirer. On le voit avec l’Azerbaïdjan, qui conduit une véritable guerre de conquête -guerre qu’on avait cru oublié depuis 1945- en Arménie. On voit que les démarches d’empire reprennent. Je pense à la Russie avec la Géorgie et l’Ukraine. Je pense évidemment à la Turquie, et je vous rappelle qu’heureusement la France a une marine encore capable de déplacer quelques bateaux. C’est ce qui a permis d’arrêter M. Erdoğan dans l’aventure très dangereuse qu’il poursuivait vis-à-vis de la Grèce en mer Egée l’été dernier.

On en entend justement beaucoup parler de la Turquie en ce moment, notamment du fait de ses opérations en Méditerranée. Est-ce qu’on peut considérer la Turquie, malgré son appartenance à l’OTAN, comme un adversaire militaire ?

La véritable question est de savoir si la Turquie est un partenaire de l’OTAN. Il serait temps que l’alliance atlantique, qui est une organisation parfaitement dangereuse pour la paix dans le monde, s’interroge sur elle-même. Un de ses membres peut-il acheter un système de défense anti-aérien S-400 russe incompatible avec les système atlantiques ? Peut-il menacer impunément un pays européen, la Grèce, par ailleurs lui-même membre de l’organisation ?  Peut-il s’engager en Libye aux risque d’aller contre les intérêts français, sans même nous en avertir, et menacer nos navires en Méditerranée ?

Il est clair que la Turquie ne peut plus aujourd’hui être considérée comme un allié. Il faut que l’OTAN tienne acte des faits et non des promesses turques. Il n’existe pas de règles d’exclusion au sein de l’alliance, mais les règles se changent. Le droit est le produit de la volonté politique. Si on le voulait, on pourrait exclure la Turquie et il faudrait le faire.

Est-ce que la Turquie est un adversaire ? J’espère que non, mais en tout cas c’est un pays qui, comme la Russie, ne comprend que la force. On l’a bien vu en mer Egée l’été dernier, où c’est bien M. Macron qui a fait reculer M. Erdoğan en étant le seul, reconnaissons-le, à avoir du courage pour l’Europe. Il en est dans cette affaire comme de toutes les guerres : quiconque se refuse à la voir venir finit par être rattrapé par elle. Le Si vis pacem para belum [Si tu veux la paix, prépare la guerre, ndlr] a toujours été vrai et l’est encore. C’est pour ça qu’il est absolument important que la France se dote des moyens d’assurer ses défense. Et, ne pouvant le faire au niveau national pour des raisons budgétaires, elle n’a pas d’autres choix que de pousser à la construction de l’autonomie européenne de défense.

Qu’est-ce que l’autonomie stratégique, que vous appelez de vos vœux pour nos armées ?

L’autonomie, ça veut dire la liberté. Aujourd’hui, la France ne peut pas conduire d’opérations dont les Américains ne souhaiteraient pas l’existence. Nous combattons au Sahel uniquement parce que nous bénéficions du renseignement américain et du ravitaillement en vol américain. Nous n’aurions pas pu faire l’opération Serval au Mali sans leur capacité de transport logistique.

Nous n’avons donc pas de véritable autonomie. Nous ne sommes pas un pays libre, mais plutôt un protectorat, puisque notre défense suppose le soutien des Etats-Unis. C’est un fait. Le général De Gaulle avait compris dès 1958 que ce protectorat était dangereux et que nous devions être capables d’exercer notre défense comme nous l’entendons, où nous l’entendons, contre ceux que nous considérons être nos ennemis. Ce n’est plus le cas de nos jours. Or, je pense qu’il est vital que l’Europe joue son rôle de tiers-parti capable d’apporter la stabilité au monde. Ce que nous ne serons pas capable de faire tant que nous serons sous protectorat américain, incapables de conduire une politique étrangère autonome.

En quoi nos intérêts divergent-ils avec ceux des Etats-Unis et qu’en est-il de l’alliance atlantique ?

Je pense qu’il faut regarder les dynamiques à l’œuvre et voir comment elles vont transformer le monde. Il y a une tendance qui est strictement inéluctable, c’est la pacification -au sens de l’océan Pacifique- des Etats-Unis. On se rappelle qu’Obama a dit « je suis le président du Pacifique » et non « je suis le président de l’Atlantique ». Aujourd’hui, Kamala Harris n’a pas beaucoup plus de liens avec l’Europe qu’en avait Obama. Nous assistons à une dérive des continents. Le lien charnel qui unissait les Etats-Unis à l’Europe est très distendu. Nous ne sommes plus des cousins germains, mais au mieux des cousins issus de germain. L’Amérique n’est plus caucasienne. Elle est de plus en plus d’origine hispanique, africaine et asiatique. En 2040, la majorité des Américains n’aura plus aucune racine européenne. Donc le réflexe habituel de défense de la grand-mère patrie aura disparu à cette date. Il faut qu’à ce moment-là nous soyons capables de nous défendre.

De plus, une des raisons pour laquelle les Etats-Unis sont venus en Europe en 1917 et 1943 est la pression exercée par les hommes d’affaires sur les présidents Wilson et Roosevelt. Mais désormais ceci est de moins en moins vrai, il n’y a plus autant de marchés à conquérir. Et c’est comme ça.

La divergence des intérêts stratégiques américains et des intérêts stratégiques français est une tendance fondamentale. Le soldat Ryan ne reviendra plus jamais mourir sur les plages européennes. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous défendre nous-mêmes. Penser aujourd’hui que l’OTAN est la survie de l’Europe, c’est avoir une pensée tactique à 4 ou 5 ans. La défense de nos nations passe par l’autonomie, autonomie qui ne peut plus exister au niveau national pour des raisons budgétaires. Une puissance moyenne ne peut plus se doter d’un système de défense cohérent, comme ce fut le cas jusqu’au milieu du XXème siècle. On ne peut plus constituer une capacité d’action substantielle dans les cinq espaces d’affrontement ; terre, mer, air, espace et cyber. Ça coûte trop cher. Chaque nouvelle génération d’armement multiplie par dix le prix des systèmes d’armes. Cela explique pourquoi l’armée française a des trous dans sa raquette, qu’elle comble avec des moyens américains quand ceux-ci veulent bien lui prêter.

Il faut donc retrouver notre cohérence à un autre niveau. Un niveau qui ne peut être qu’européen. L’avenir de la défense de la France passe par la reconstitution des armées françaises, puis par des partenariats avec une alliance de nations européennes. Nous n’avons pas le choix. Ce qui ne veut pas dire que cela nous amènerait à gommer la souveraineté des nations. Nous ne pouvons rêver d’un fédéralisme qui effacerait leurs personnalités. Une alliance, fondamentalement, c’est accepter d’échanger un peu de liberté pour en gagner davantage par le collectif.

Joe Biden peut-il arranger les choses ?

Certains ont effectivement cru que Joe Biden allait arranger les affaires. Il est possible, effectivement, qu’il soit un peu plus poli et qu’il respecte davantage le multilatéralisme (auquel au fond il a intérêt). Mais quand il dit que M. Poutine est « un tueur », je ne pense vraiment pas qu’il agisse dans notre intérêt. Le secrétaire à la Défense américain a dit la semaine dernière à Bruxelles qu’il fallait que l’OTAN se « concentre d’abord sur la Chine ». Il est très clair qu’on veut nous amener dans des combats qui ne sont pas forcément les nôtres. Je ne dis pas qu’en cas d’affrontements avec la Chine nous ne serions pas du côté américain (très sûrement), mais nous n’avons pas à nous laisser dicter notre agenda.

Qui sont nos ennemis aujourd’hui et quelles sont les menaces auxquelles nous avons à faire face ?

Il faut distinguer nos ennemis immédiats de nos ennemis potentiels. Nous avons évidemment un premier ennemi immédiat, c’est le terrorisme. C’est principalement ce qui reste de Daech et d’Al-Qaïda, et toutes les déclinaisons que l’on trouve au Sahel. Il faut prendre conscience que c’est une menace dont nous n’arriverons pas à nous séparer. C’est une guerre qu’on ne peut pas gagner parce que c’est extrêmement difficile d’aller planter son drapeau sur des capitales qui n’existent pas. On l’a bien fait à Mossoul ou Raqqa, or ça n’a pas été Berlin : la menace terroriste a perduré. Je pense que nous sommes condamnés à savoir qu’il y aura toujours des attentats en France. C’est pour ça que nous sommes présents au Sahel, même si les Français ne le comprennent pas toujours. Sans ça, les projets d’attentat sur notre sol seraient bien plus nombreux.

Pour le reste, nos adversaires sont ceux que nous laisserons devenir nos adversaires, ceux que nous ne saurons pas contenir. On ne peut pas dire aujourd’hui que la Turquie est notre adversaire, mais on voit bien que si nous ne la contenons pas comme on a contenu l’Union soviétique, il arrivera à un moment où il faudra en venir aux poings. Même chose pour la Russie, qui comprend la force. Il faut donc d’une part mettre fin à la politique agressive qui est celle de l’OTAN, surtout vis-à-vis de la Russie, et d’autre part remonter en puissance.

La Chine pose également un véritable problème. Pour la première fois dans son histoire, elle est dans une démarche d’empire. Elle s’est dotée d’une marine de guerre qui possède désormais plus de bateaux et plus de tonnages que l’US Navy. Or, on ne se dote pas d’une marine de haute-mer aussi puissante lorsqu’on ne ressent pas le besoin d’aller vers le monde extérieur. Les mers vont vite devenir un espace de confrontation, ne serait-ce que parce que l’US Navy les domine aujourd’hui. Dans son expansion maritime, Pékin risque également de tomber assez vite sur nos territoires d’Outre-mer et en premier lieu sur la Nouvelle-Calédonie. A l’origine, la Chine ne vivait que pour régler ses problèmes intérieurs. L’armée populaire de libération (APL) n’était conçue que pour massacrer les ouïghours et calmer les Tibétains. La première mission de cette armée était de défendre le parti. Or, en 2049, la Chine aura sûrement réussi le pari que lui donne Xi-Jinping, à savoir devenir la première puissance économique et militaire du monde.

La question est : est-ce que les Américains laisseront la Chine devenir une grande puissance sans qu’il y ait un conflit majeur ? Vous avez peut-être entendu parler de la thèse du piège de Thucydide : une situation donnée qui voit une puissance dominante entrer en guerre avec une puissance émergente poussée par la peur de perdre son statut. Le risque que nous nous retrouvions pris dans cet étau est réel. La France et l’Allemagne ont par ailleurs renforcé leur présence en mer de Chine, ce qui montre bien que, faisant partie de l’Occident, nous pourrions nous retrouver embarqués dans cette affaire. Toutefois, la grande différence avec la Guerre froide est notre dépendance économique vis-à-vis de notre potentiel adversaire. C’est tout à fait nouveau et remplit l’avenir d’incertitude.

Enfin, nous avons des accords de défense avec de nombreux pays qui pourraient nous entrainer dans un conflit. Nous avons par exemple un accord de défense avec la Tunisie. Celle-ci est dans un situation compliquée vis-à-vis de la Turquie. La Tunisie a longtemps été une province ottomane, au même titre que l’Algérie, et n’a pas les moyens de se défendre seule. Ces accords de défense pourraient donc nous entraîner dans de dangereux engrenages, que nous ne saurons maîtriser qu’avec la puissance. Ce qui est certain, c’est que nous avons bien besoin d’une montée en puissance de nos systèmes de défense, tout en veillant à ce que celle-ci ne mette le feu à un brasier tout prêt à s’enflammer.

La profondeur stratégique de la France est-elle en Afrique ?

Absolument et il est tout à fait nécessaire que la France s’occupe de l’Afrique. Lénine disait : « si vous ne vous occupez pas de l’Afrique, c’est l’Afrique qui s’occupera de vous ». Je ne vais pas vous rappeler la démographie du continent, mais vous la connaissez comme moi. Un milliard d’Africains vont naître dans le quart de siècle immédiat. Le plein va vers le vide : si nous n’allons pas stabiliser la croissance du continent, les mouvements de transfert de population vers l’Europe vont s’accroître. Il faut faire en sorte que les peuples africains aient de quoi subvenir à leurs besoins. Auquel cas, ils pourront être heureux chez eux au lieu d’être malheureux chez nous.

Il y un intérêt réciproque à ce que la France s’occupe de l’Afrique. C’est d’autant plus vrai que nous avons des savoir-faire que nul autre pays européen n’a. L’Afrique est un jet de pierre de l’Europe ; quelques milles les séparent. Nous avons une très grande proximité, c’est notre voisin le plus proche, beaucoup plus que l’Amérique. Ça doit donc être une de nos préoccupations stratégiques. De plus nous ne pouvons pas nous désengager du continent, sans quoi les attentats se multiplieraient sur le sol français. Le Maghreb, la bande sahélienne et le nord de l’Afrique noire sont des zones où le terrorisme est en pleine expansion, bien que contenu par nos opérations.

Par ailleurs, la croissance démographique du continent va faire du français la deuxième langue la plus parlée au monde. La francophonie va représenter un marché immense. Si nous savons faire -ce que l’histoire récente ne nous a pas forcément montré- nous aurons des potentialités économiques absolument considérables. Il ne faut pas abandonner l’Afrique aux seuls Russes et Chinois, qui en tire profit même s’ils n’ont pas d’affinités avec elle.

Est-ce que le rôle de la France est celui d’une puissance stabilisatrice de l’ordre international ?

Oui et non. Je crois qu’elle l’est déjà. Elle peut intervenir pour maintenir la paix ; l’été dernier déjà nous en avons en quelque sorte empêché un conflit entre la Turquie et la Grèce. De même, l’action française au Sahel est stabilisatrice de l’Afrique et donc de l’Europe. La France protège l’Europe en s’engageant au Sahel.

Mais non, en ce sens qu’elle est trop faible. Elle peut jouer dans des petits conflits comme ceux qu’on vient de citer, dans des petites opérations. Mais elle n’a pas le poids militaire pour jouer un rôle dans l’affrontement des mastodontes. Il n’y a qu’une union de pays qui puisse jouer un rôle stabilisateur, et celui-ci doit être joué par l’Europe. L’Europe a un rôle de stabilisateur et de pacificateur du monde. Nous nous sommes tellement entre-déchirés et massacrés que nous avons compris la vanité de la guerre et des velléités d’expansion territoriale. Je crois que l’Europe est vraiment adulte. Mais ne sommes-nous pas passé de l’âge adulte à a vieillesse ? Je crois qu’il est urgent de se dire que nous avons des responsabilités vis-à-vis du monde. Nous devons trouver un équilibre durable dans nos modes de vie, à la fois pour le bien du monde mais aussi pour la survie de nos nations. Et, si nous voulons jouer notre rôle sur la scène internationale, nous n’avons pas d’autres choix que de renouer avec la puissance.

© http://gavrochemedia.fr/il-nous-faut-renouer-avec-la-puissance-entretien-avec-le-general-vincent-desportes/elouan/?s=08

Pour un ordre international différent – Une grande ambition pour la France et l’Europe

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OTAN, États-Unis, ces amis qui vous veulent du bien…

Trente ans après la fin de la guerre froide, les grands équilibres stratégiques sont désormais remis en question tant par la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’amorce entre la Chine et les États-Unis que par l’émergence de nouvelles puissances régionales.

Partout dans le monde la multiplication des foyers de crises d’ampleurs croissantes, le réarmement quasi généralisé des puissances moyennes ainsi que des grandes puissances et la volonté américaine de se dégager des contraintes du multilatéralisme, fragilisent les grandes organisations internationales, en particulier l’ONU et l’OSCE.

Dans ce contexte, l’Europe, peut-elle indéfiniment se contenter de la tutelle américano-otanienne au double risque de sortir de l’histoire et d’être entraînée dans une conflagration qui n’est pas la sienne ?

La France, de par sa position stratégique particulière au sein de l’Union Européenne, n’a-t-elle pas le devoir, grâce à ses liens historiques avec la Russie, de tenter de rééquilibrer les relations entre les États-Unis, l’UE et la Russie ?

C’est à travers des analyses sans concessions dont les auteurs sont pour la plupart d’anciens militaires ayant eu à traiter de ces questions, tant sur le terrain qu’au sein des grandes organisations internationales, que le lecteur se fera une idée précise de « l’état des lieux » dangereusement dégradé de la situation internationale, avant d’aborder en synthèse le rôle que la France devrait avoir l’ambition d’assumer pour la paix en Europe.

           « Gardez-moi de mes amis !
Quant à mes ennemis, je m’en charge ! »
(Antigone II roi de Macédoine, 221 av. J.-C.)

Sous la direction de CRI (Centre de réflexion interarmées)
https://edsigest.blogspot.com/2021/01/pour-un-ordre-international-different.html

Pour les auteurs de cet ouvrage, pour la plupart anciens militaires ayant eu à traiter des questions de Défense, un rapprochement Russie-Europe est nécessaire face :

  • À l’emprise du protectorat américain, sous couvert de l’OTAN, maintenu sur le continent européen alors que la menace soviétique a disparu depuis plus de trente ans,
  • À l’accession de la Chine au rang de puissance mondiale rivale des États-Unis,
  • À l’insidieuse insertion islamique dans les sociétés occidentales et russes avec pour objectif un changement de civilisation et comme mode d’action le terrorisme,
  • Aux flux migratoires invasifs qui bouleversent les équilibres sociaux, économiques et culturels des sociétés européennes.

Ce rapprochement est dicté par la géographie (L’Europe n’est qu’une sorte de péninsule occidentale d’un vaste continent eurasiatique) et la culture( les peuples de cet espace sont les héritiers d’une part de Rome et de l’empire romain d’occident et d’autre part de Byzance et de l’empire romain d’orient).

Mais cette symbiose souhaitée implique de nombreux bouleversements diplomatiques et militaires. Elle remet en cause l’organisation voire l’existence de l’OTAN et le fonctionnement de l’Union Européenne.

Le Cercle de Réflexion Interarmées s’est attaché à analyser les tenants et aboutissants d’un tel changement stratégique et a tenté de répondre à deux questions :

  • Comment la France peut-elle aider l’Europe à se rénover et à assurer son autonomie stratégique ?
  • En quoi la France peut-elle être un levier de puissance de l’Europe ?

Les nouvelles capacités de surveillance à très longue portée

Dans son numéro N° 2684 du 17 avril 2020, la revue “Air & Cosmos” présente un dossier très intéressant sur les différents types de radar à très longue portée mis en oeuvre par la Russie, la Chine et l’Iran.

Si l’origine de certaines perturbations n’est pas encore identifiée, les radio-amateurs comprendront pourquoi une partie des fréquences de la bande qui leur est octroyée sont brouillées.

Ce document est un peu technique mais la conclusion ouvre un large champ de réflexions.

Alain BELLANGER

La Lettre de la « La Chine hors les murs » n° 31

Le dernier numéro de la lettre de « La Chine hors les murs » vient de paraître, avec au sommaire :

  • Editorial : Quand le cryptoactif menace la souveraineté, par Gilbert Réveillon
  • Actualité : Vers un rideau de bambou numérique ? par Paul Clerc-Renaud
  • Dossier : L’environnement             
    • Où en sont les engagements chinois pris lors de la COP21 ? par Alexandre Xing  
    • En route pour le tri des déchets à la source, par François Jenny    
    • La mobilité verte : les champions chinois et la transition, par Charlotte Roule 
    • Les groupes chinois mondialisés : BYD et Yutong,  par Charlotte Roule     
  • BRI Digest : La BRI vue de Marseille, par Bruno Lefébure
    • Nouvelles brèves de la mondialisation chinoise, par Christophe Granier
    • Dernières nouvelles des relations franco-chinoises, par le Comité France Chine

Les précédents numéros ainsi que les publications du CNCCEF sont disponibles en libre accès depuis le site internet www.cnccef.org.

La crise indo-pakistanaise

Chers amis,

Ci-joint un article de Richard Labévière, ancien auditeur de l’IHEDN, qui analyse précisément les causes probables du déclenchement de la  crise indo-pakistanaise avec en fond de tableau un risque de conflit entre trois puissances nucléaires (Inde, Pakistan, Chine) sans parler des États-Unis qui s’activent en fond de tableau pour affaiblir la Chine.

Cachemire, la guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens http://prochetmoyen-orient.ch/cachemire-la-guerre-cest-la-continuation-de-la-politique-par-dautres-moyens/

Jean-Claude Rodriguez
, auditeur de l’IHEDN