Les fossoyeurs de l’histoire

Article écrit le 19 août 2023 par Nghia NGUYEN 
– 180e promotion Cardinal de Richelieu
– Professeur agrégé
 au Lycée Jean Monnet (Cognac)

Dans un article particulièrement critique à l’encontre du Puy du Fou, l’universitaire Guillaume MAZEAU affirmait l’essentiel des arguments utilisés par les détracteurs du parc vendéen à savoir que celui-ci est une entreprise idéologique manipulant et falsifiant l’Histoire à des fins identitaires (1). Partant, l’œuvre du Puy du Fou resterait représentative d’une réaction anti modernité caractéristique des milieux conservateurs et traditionnalistes chrétiens. La conclusion qu’en tire M. MAZEAU, qu’il développe dans un ouvrage publié de manière concomitante, est que l’Histoire doit s’émanciper de tous les discours promouvant la Nation et l’identité nationale (2).

L’universitaire, dont l’article est au demeurant parcouru d’erreurs voire de contre-vérités (3), s’inscrit dans la réflexion de l’historienne Suzanne CITRON (1922-2018) (4) qui avait notamment pour ambition de refonder l’enseignement de l’Histoire de l’École primaire au Lycée en l’expurgeant de tous liens avec l’idée nationale. Cette orientation tout aussi idéologique que le nationalisme lui-même a abouti à la fondation d’une association en 2005 : le Comité de Vigilance face aux Usages publics de l’Histoire (CVUH). En dépit de son titre pouvant inspirer au premier abord la neutralité de la science historique dont il serait le gardien, ce comité réunit surtout des historiens de gauche et d’extrême gauche dont la « vigilance » cible avant tout, et bien évidemment, les adversaires politiques. Véritable vice ayant masque de vertu, ledit comité a, en fait, pour objectif de faire croire que tout ce qui se rattache de près ou de loin à l’histoire nationale est dans le meilleur des cas controversé et suspect voire, dans le pire des cas, condamnable.

L’article de M. MAZEAU est ainsi représentatif de ce « combat culturel » qu’il prête au Puy du Fou mais qu’il mène en réalité avec d’autres historiens, pour imposer une vision de « la bonne histoire » : celle qui serait par nature objective et neutre à laquelle viendrait en repoussoir une histoire orientée et à rejeter.
Qu’en est-il réellement ?

Qu’est-ce que le roman national ?

Ce que les historiens du CVUH contestent dans l’oeuvre du Puy du Fou est une vision identitaire de l’histoire véhiculée par le « roman national », un genre qu’ils attaquent vivement. Il l’est d’autant plus que la dégradation de l’enseignement de l’histoire dans les écoles, collèges et lycées s’accompagne, de nos jours, d’un véritable intérêt populaire pour le passé comme en témoignent le succès des émissions de Stéphane BERN, Franck FERRAND et de manifestations telles les Journées du Patrimoine (5). L’écho réel que rencontre le Puy du Fou au sein de la population – et au-delà même de la France – ne fait que confirmer cet intérêt ; véritable demande culturelle à laquelle répond une vulgarisation historique et un roman national au grand dam de M. MAZEAU et du CVUH.

Qu’est-ce donc que ce roman national qui cristallise tant de la part de ses détracteurs et opposants mais continue d’émerveiller un plus grand nombre par ailleurs ? Le roman national est une forme de narration historique qui a pu désigner des choses très différentes selon les époques (6). L’historien David GAUSSEN a ainsi montré que bien avant la Révolution française, la Monarchie capétienne avait déjà son propre roman dans lequel étaient exaltées ses origines et sa légitimité. C’est cependant au XIXe siècle, à la confluence des littératures romantiques et nationales, que se structure véritablement le roman national tel que nous l’entendons aujourd’hui. De manière générale, il se présente comme une histoire racontant l’Histoire et dans laquelle les faits s’organisent au sein d’une destinée commune dont le personnage central n’est autre que la Nation. D’un côté le roman national a pu se présenter comme une fiction littéraire n’hésitant pas à faire intervenir des éléments légendaires, miraculeux ou prophétiques ; de l’autre comme une fresque présentant la France telle une entité déjà existante sur le temps long (depuis l’Antiquité) et mettant en perspective des personnalités et des événements fondateurs dont la succession au fil des siècles, les actions et les conséquences, aboutissent à la naissance d’une véritable nation française. Ce genre de fresque a été particulièrement représentée par une école historique à laquelle le nom de Jules MICHELET (1798-1874) est resté attaché.

© La reddition de Vercingétorix à Alésia par Lionel ROYER (1889).
La geste intéresse davantage le roman national que l’exactitude historique (ici des équipements romains fantaisistes).

Contemporain du mouvement romantique, issu de la bourgeoisie intellectuelle libérale et anticléricale, profondément influencé par les idéaux révolutionnaires de 1789, MICHELET a affirmé une « histoire totale » cherchant à expliquer le parcours de la nation française au fil des siècles (7). Il n’est pas le seul historien du roman national mais par l’ampleur de son oeuvre il en est considéré comme l’un des fondateurs modernes. Pénétré par « le sens des grandes forces collectives », il a surtout cherché à faire revivre dans son intégralité la chair historique, écrivant l’Histoire avec « un goût de l’homogène et de la continuité » comme a pu l’analyser Roland BARTHES (8). Ce faisant, il lègue une vision de l’histoire schématisée, souvent bipolarisée autour de forces contraires (le Christianisme et la Révolution par exemple). L’histoire de MICHELET est celle de « chaînes d’identités » où les destins individuels, ceux des rois ou de personnes (Jeanne d’Arc par exemple), annoncent ce que sera plus tard le Peuple français et la France. Cela amène l’historien a idéalisé une période comme le Moyen-Âge, matrice de l’époque moderne, et à projeter celui-ci dans une France vécue comme une personne. Cette France transcende dès lors ceux qui la constituent pour incarner l’idée d’une unité harmonieuse supérieure.

Historien d’une France républicaine à la recherche de son propre récit, MICHELET ne prétend pas à l’objectivité. Bien au contraire, il projette ses passions et ses émotions dans son écriture, non sans érudition mais à partir d’un puissant inconscient idéologique. L’histoire de MICHELET est une histoire vivante qui a marqué des générations d’historiens et qui a, incontestablement, ancré un roman national dans la psyché française. Étudiant cependant le passé avec une vision déformée par les lunettes du présent – et le biais de l’idéologie républicaine – MICHELET a depuis été remis en cause par les évolutions de l’épistémologie et de l’historiographie (9).

Si aujourd’hui le roman national ne peut plus être confondu avec l’écriture de l’Histoire au sens moderne est-il pour autant condamnable dans son intégralité ? Partant d’une trame factuelle qu’il romance et idéalise, il n’en demeure pas moins attaché à un fil historique permettant aux non historiens – c’est-à-dire l’immense majorité de la population pour ne pas dire la société – de renouer justement avec l’Histoire. Une histoire, il est vrai, inexacte mais qui est la première passerelle vers la vulgarisation puis, au-delà, la spécialisation. Si le roman national n’est plus l’Histoire proprement dite, par son caractère vivant il n’en demeure pas moins un créateur d’intérêt pour celle-ci, si ce n’est l’indispensable point d’entrée.

C’est ce pari que tente – visiblement avec succès – le Puy du Fou nonobstant l’opposition de ses détracteurs qui refusent de voir dans leurs contemporains cette demande d’ancrage dans le passé. Une demande qui s’opère, qu’on le veuille ou non, à partir d’une identification de la chair de la société actuelle avec celle du passé. Si l’Histoire, par la complexité de ses acteurs et de ses aléas, ne se laisse pas enfermer dans le roman national, ni dans une intention politique identitaire étroite, peut-on dire pour autant que l’identité des hommes, des groupes, des peuples, des civilisations n’existe pas ? L’Histoire dit justement le contraire que ce soit aux sources du réel comme de ses représentations les plus fantasmées.

Surtout, le procès en roman national et inexactitudes historiques intenté au Puy du Fou par certains universitaires n’a pas lieu d’être pour la bonne et simple raison que le Puy du Fou n’a jamais été une université, un IEP, ni une grande école, et encore moins avoir prétendu de près ou de loin vouloir se substituer à un quelconque organisme d’enseignement de l’histoire. Cela est d’autant plus ridicule que le principe même de cette critique devrait aussi, en toute logique, conduire ces universitaires à s’en prendre avec la même conviction au parc Astérix et à la vision qu’il véhicule des civilisations celte et romaine. Voire à la vision des Amérindiens ou autres peuples telle qu’elle apparaît dans l’univers de Disneyland Paris.

© Jeanne d’Arc par Jean-Auguste-Dominique INGRES (1854).
Le roman national fait intervenir le divin dans la narration historique.

Derrière certains historiens se cachent des militants politiques

La question du roman national ne dit, au fond, qu’une chose : l’Histoire reste un objet profondément et passionnément politique. Pourtant, l’historien se doit d’être nuancé et conscient de la complexité des événements au point d’y gagner une authentique probité et reconnaissance intellectuelles. C’est toute la difficulté d’un métier dont l’écriture sera toujours inachevée et en tension du fait des nécessaires interprétations à donner à son objet même. Le bon historien n’a cependant pas pour mission de fournir des argumentaires idéologiques et médiatiques ; encore moins à se présenter comme un militant politique ce qui en soi et d’emblée le disqualifie ès qualités. Il devrait même, en toute honnêteté, pouvoir écrire des choses allant à l’encontre de ses convictions. On comprendra dès lors qu’au procès instruit au Puy du Fou en récit historique désuet et rétrograde, les contempteurs du roman national lorsqu’ils s’appellent Guillaume MAZEAU, Mathilde LARRÈRE et Laurence DE COCK ne sont guère à prendre au sérieux.

Quintessence du dévoiement idéologique de l’Histoire (et des sciences humaines de manière générale), ces historiens anti Puy du Fou relèvent non seulement d’un mélange des genres – une université instruit, un parc d’attraction divertit – mais également d’une démarche idéologique et politique plus soucieuse de faire entrer l’objet historique dans des cases de pensée que de l’éclairer. Comme ils le revendiquent, non sans orgueil, ils sont à « la recherche de vérité » (10) là où l’Histoire ne suit que des traces, tentant d’établir la réalité des choses qui se sont produites par le passé. Le reste n’étant qu’interprétations selon les apports d’une recherche toujours en mouvement au prisme de différentes époques.

L’objet de l’Histoire est le Réel et non la Vérité qui nous emmène dans une dimension morale. C’est cette recherche systématique d’un discours moralisateur, d’un jugement permanent étranger à l’histoire et réalisé à coup d’anathèmes médiatiques sur fond de cancel culture qui, paradoxalement, fonde l’immoralité caractéristique de ces militants politiques fussent-ils parés de titres universitaires. L’Histoire s’intéresse à la réalité des hommes fut-elle fallacieuse et faite de mensonges à commencer par le mensonge idéologique qui, en son essence et par définition, ne peut être vrai mais est pourtant bien réel quant aux tragédies humaines qu’il impose. La sincérité de cette « recherche de vérité » interroge par ailleurs de la part de personnes dont l’indignation, la rage et les haines intellectuelles et médiatiques sont si relatives – pour ne pas dire à géométrie variable – que ce soit à l’endroit de lois mémorielles, de personnes identifiées comme étant de droite, et d’autres causes relevant de ce que l’on appelle de nos jours la « bien-pensance » (11).

Ces historiens sont tous connus pour leurs engagements politiques à gauche voire à l’extrême gauche. À commencer par Nicolas OFFENSTADT (12) l’un des fondateurs de la CVUH avec Gérard NOIRIEL et Michèle RIOT-SARCEY. Cette dernière, partie du communisme, est aujourd’hui engagée dans les luttes intersectionnelles (13). À leurs côtés, on trouvera également Laurence DE COCK, membre du Parlement de la NUPES (14), qui fut présidente de la CVUH et préfaça la dernière édition du Mythe national de Suzanne CITRON. Mathilde LARRÈRE, également membre de la CVUH, a accompagné Jean-Luc MÉLENCHON du Parti de gauche au Parlement de la NUPES (15). Quant à Guillaume MAZEAU, il fut le thésard de Jean-Clément MARTIN lui-même descendant de l’école d’Albert MATHIEZ et de Georges LEFEBVRE, autrement dit l’école historique marxiste de la Révolution française.

À la façon d’un MICHELET qu’ils vouent aux gémonies, ces historiens font pourtant, eux aussi, de l’histoire avec des lunettes politiques et à partir de schèmes idéologiques bien identifiés. Tous infirment le mot de François FÉNÉLON (1652-1715), certes discutable, selon lequel « Le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays » (16) mais à la différence du grand historien de la IIIe République qui cherchait à construire à sa manière une unité de la Nation, les militants contemporains du « vivre-ensemble » ajoutent à leur idéologie le cynisme de la déconstruction anthropologique.

© L’acteur Richard TAYLOR dans le film de Richard THORPE, Ivanhoe (1952).
Le film hollywoodien s’inspire de l’oeuvre de Walter SCOTT (1771-1832), écrivain romantique écossais et auteur de romans historiques. Dans Ivanhoe, l’Angleterre médiévale est idéalisée avec la transposition de l’idée d’unité nationale (XIXesiècle) sur une époque féodale (XIIe siècle).

L’Histoire ne forme pas des patriotes mais l’École si

Si la notion de roman national apparaît, donc, bien plus ancienne et plus différenciée qu’on ne pourrait l’imaginer, c’est essentiellement avec la IIIe République et la naissance d’une instruction nationale qu’elle naît telle que fustigée de nos jours par les idéologues de gauche. De Suzanne CITRON à Nicolas OFFENSTADT, les militants du CVUH mettent en avant un engagement soit-disant “civique” et « républicain » devant constituer une digue intellectuelle contre l’extrême droite nationaliste et patriote. Tous professent du même credo : l’histoire n’a pas à former des patriotes et M. MAZEAU de s’indigner que « Les données collectées lors d’une enquête récente confirment la dangerosité de ces usages du passé : pour une partie des élèves de collège, l’histoire racontée au Puy du Fou serait plus fiable que celle de l’école, accusée d’être « officielle » et mensongère. » (17) Quand bien même cela serait-il vrai à qui revient la faute de manipulations idéologiques qui n’ont cessé de creuser la défiance vis-à-vis de l’institution scolaire ?

Durant des générations, l’Éducation nationale est restée aux mains de sociologues bourdieusiens et d’idéologues marxistes – aujourd’hui wokes – qui se sont acharnées à dénaturer et à pervertir une instruction qui se devait de rester gratuite (au sens désintéressée), neutre et respectueuse des élèves et des familles. Or combien de professeurs ont-ils confondu à dessein leurs salles de classe avec la cellule d’un parti politique ou d’une section syndicale ? Un Alexis CORBIÈRE (Lettres-Histoire) comme une Nathalie ARTHAUD (Économie-Gestion) en sont les exemples les plus caricaturaux dont on imagine sans peine le genre de « cours » qu’ils ont pu donner à leurs élèves des années durant.

Le ver n’était-il cependant déjà pas dans le fruit quand on sait que l’école républicaine a, elle aussi, été conçue dès l’origine comme une arme contre les opposants de la République ? Les hussards noirs avaient ainsi pour mission de faire accepter le nouveau régime par les Français partant de combattre les deux adversaires identifiés de la République : la Monarchie et le Catholicisme. Voilà pourquoi l’École française reste – très certainement plus qu’ailleurs exception faite des pays autoritaires – une institution éminemment politique et politisée davantage en charge d’une éducation que d’une instruction comme son nom l’indique par ailleurs.

Les hussards de la République avaient cependant pour eux un esprit de vocation, l’idée d’une transcendance, une rigueur intellectuelle que l’on chercherait en vain, de nos jours, dans nombre de salles des professeurs d’écoles, de collèges et de lycées. Ils avaient pour eux une exigence personnelle et pour leurs élèves une estime qui ont fait vivre des générations durant l’idée méritocratique. Leur élitisme était généreux et ouvert contrairement au monde de l’entre-soi d’un Jean-Clément MARTIN ou d’un Guillaume MAZEAU qui voudraient faire de l’histoire une science uniquement réservée à des spécialistes afin de mieux pouvoir en contrôler les orientations idéologiques. La discipline serait ainsi confisquée au profit d’une hypercritique intellectuelle uniquement réservée à une caste académique et militante dont l’objectif serait de relativiser (et de faire oublier) ce qui gêne d’un côté et de magnifier entre hier et aujourd’hui de l’autre. Bref, c’est la volonté d’écrire un autre roman mais en rendant, cette fois, la confrontation des idées et des analyses non souhaitable. À la manière d’un terrorisme intellectuel qui marginaliserait d’entrée de jeu ses contradicteurs, il n’y aurait ainsi qu’une façon d’aborder les faits (18).

Si l’histoire n’a pas pour vocation de former ni des patriotes ni des citoyens, il n’en est pas de même pour une instruction civique dont l’École républicaine s’est donnée pour mission d’en faire le ciment éducatif de la société dès le XIXe siècle. Qu’elle fût par la suite nommée et renommée Éducation civique, Éducation Civique Juridique et Sociale ou Enseignement Moral et Civique, sa réalité demeure fondamentalement la même : faire comprendre qu’il ne peut y avoir de société sans valeurs partagées et que ce partage implique d’abord des devoirs et ensuite des droits. Cela fait malheureusement depuis longtemps que l’école actuelle ne répond plus à sa principale mission qui est de transmettre à la fois connaissances et valeurs partagées. Pire, elle a inversé la hiérarchie du sens commun faisant désormais passer les droits des individus devant les devoirs du citoyen. Cependant, quelle que soit l’appellation de l’enseignement – et si les mots ont encore un sens -, il ne pourrait y avoir d’Éducation civique digne de ce nom sans devoirs dont le premier demeure celui de la défense du pays et de la Nation.

Si l’histoire n’a pas vocation à former des patriotes – à savoir des personnes suffisamment amoureuses de la terre de leurs pères pour vouloir en défendre et féconder l’héritage -, elle n’en demeure pas moins toute entière traversée de luttes, de sacrifices, de causes et de héros. N’en déplaise aux partisans d’une histoire mondiale dont font partie les détracteurs du roman national mais c’est d’un groupe culturellement homogène qu’est née la Cité dont l’appartenance se fondait sur un seul et premier devoir : sa défense. Ce n’est donc pas l’Éducation civique mais l’Histoire qui trace le chemin qui va de la cité-État à l’État nation. Alors si l’histoire en tant que discipline scientifique n’a pas à former des patriotes, elle n’est pas non plus étrangère à l’intérêt profond porté à la terre et à la communauté culturelle qui l’habite, et c’est cela qui fonde in fine le patriotisme. L’histoire occupe ainsi une place aussi naturelle qu’elle est essentielle dans l’enseignement de défense et la géopolitique. Elle demeure profondément liée à l’Esprit de défense si l’on comprend que celui-ci dépasse les seuls intérêts marchands et économiques d’une société à un moment donné. Une communauté humaine sans histoire et sans patriotes ne pourra pas conscientiser un Esprit de défense. Inversement, il ne pourra jamais y avoir de patriotisme sans un rapport amoureux à la terre des pères, et cela passe par l’Histoire qu’elle soit ou non déformée au prisme du roman national.

© PINCE (Robert), Ma première histoire de France, Éditions Milan, 2019, 40 p.

Et le Puy du Fou dans tout ceci ? Il reste plus que jamais conforme à ce qu’il est à savoir un parc d’attraction à succès qui – par le divertissement – donne à aimer l’Histoire de France plus qu’à l’analyser comme le ferait un cours d’histoire : ce qu’il n’est pas. Fictif tout en détenant une part de réel, le roman national est-il donc nécessaire ? En fait, la question qu’il pose ne devrait pas relever de l’utilité si ce n’est à vouloir se poser la question de la place du rêve dans nos existences. Le rêve nous est-il utile ? On pourrait aussi s’interroger autrement à savoir ce que seraient nos vies sans le rêve ? Pour les uns, il permet d’avancer et de déplacer des montagnes ; pour d’autres sa confusion permanente avec le réel peut présenter des dangers. Le roman national sert avant tout à imager l’Histoire à un âge où les individus ne sont pas encore capables de prendre une conférence en notes ni d’accéder aux concepts permettant d’approfondir la science historique.
En d’autres termes, il permet l’éclosion d’un intérêt pour l’Histoire, voire d’une première conscience historique dès l’âge de l’enfance. Libre ensuite à certains de ces enfants devenus adultes, de vouloir creuser le sillon de la science du passé aidés en cela par des Maîtres dont l’érudition, la droiture, la capacité à distinguer un fait d’une opinion ne feront pas défaut.

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  1. Cf. The Conversation [en ligne]. MAZEAU (Guillaume), « Le Puy du Fou : sous le divertissement, un « combat culturel », 29 mars 2019. Disponible sur https://theconversation.com/le-puy-du-fou-sous-le-divertissement-un-combat-culturel-113888 [consulté 4 août 2023].
  2. Cf. DE COCK (Laurence), LARRÈRE (Mathilde), MAZEAU (Guillaume), L’Histoire comme émancipation, Agone, 2019, 128 p.
  3. Cf. Le droit de réponse exercé par le Puy du Fou à la suite de MAZEAU (Guillaume), « Le Puy du Fou : sous le divertissement, un « combat culturel », op. cit.
  4. Cf. CITRON (Suzanne), Le mythe national. L’Histoire de France revisitée, Éditions de l’Atelier, 2019, 357 p.
  5. Cf. On y ajoutera aussi des succès de librairie comme DEUTSCH (Lorànt), Métronome. L’histoire de France au rythme du métro parisien, Pocket, 2014, 432 p.
  6. Cf. Pour approfondir cette question lire GAUSSEN (David), Qui a écrit le roman national ? De Lorànt Deutsch à Patrick Boucheron, l’histoire de France dans tous ses états, Éditions Gaussen, 2020, 253 p.
  7. Cf. MICHELET (Jules), Histoire de France, Flammarion, 2013, 576 p.
  8. Cf. BARTHES (Roland), Michelet, Seuil, 1995, 192 p.
  9. Cf. SAMARAN (Charles) dir. L’Histoire et ses méthodes, Encyclopédie de la Pléiade, Bruges, Gallimard, 1961, 1174 p. BOURDÉ (Guy) et MARTIN (Hervé), Les écoles historiques, Seuil, 1983, 418 p. CAIRE-JABINET (Marie-Paule), Introduction à l’historiographie, Armand Colin, 5e éd. 2020, 224 p.
  10. Cf. MAZEAU (Guillaume), « Le Puy du Fou : sous le divertissement, un « combat culturel », op. cit.
  11. Cf. Revue des Deux Mondes, « Les bien-pensants. De Rousseau à la gauche « morale » l’histoire du camp du bien », février-mars 2016, 224 p. Lire également MORICE KERNEVEN (Ayrton), « Franck Ferrand « réac » : quand Libération nous offre un cas d’école de mauvaise foi et d’hypocrisie », in Le Figaro, 18 juillet 2023.
  12. Cf. OFFENSTADT (Nicolas), L’histoire, un combat au présent, Textuel, 2014, 96 p.
  13. Cf. VALENTIN (Pierre), « L’idéologie woke. Anatomie du wokisme », FONDAPOL, juillet 2021, 60 p. Théorisée par la juriste américaine Kimberle Williams CRENSHAW, et s’inspirant de la lutte des classes marxiste, l’intersectionnalité est l’autre nom du Wokisme qui n’entrevoit l’Humanité que sous un ensemble de dominations et d’exploitations qu’il faut combattre en faisant converger et se recouper (intersections) toutes les grandes luttes sociales et sociétales contre les inégalités et discrimination qu’elles soient raciales, économiques et sociales, de genres, sexuelles, religieuses. Partant, l’idéologie intersectionnelle/woke préconise la déconstruction de toutes les normes anthropologiques qui fondent les identités ethniques, culturelles, sexuelles, sociales.

Les incendies d’espaces naturels en Deux-Sèvres 

par le Colonel Damien SALLIER – SDIS 79
Au profit des auditeurs IHEDN Poitou-Charentes

En  Europe, en 2022, 785 000 hectares sont partis en fumée. En France plus particulièrement, 72 000 ha ont brulé, de culture, de forêt, d’espaces naturels.  Les 3 feux hors norme survenus en Gironde (25 000 ha) ont alourdi un bilan déjà plus élevé que les moyennes décennales, comparable à ceux de 2003, 1989 et 1976. Plus de 19 711 départs de feux ont été comptabilisés au cours de la saison, dont 547 feux de plus de 5 hectares et 12 de plus de 1 000 hectares. 

Comme en Deux-Sèvres, c’est donc plus de 90 % des feux qui sont donc traités par les moyens de lutte avant qu’ils ne dépassent les 5 hectares, valorisant ainsi notre doctrine d’attaque des feux naissants. 

Si on peut voir la question des feux de végétation de manière globale, il faut aussi voir que la lutte contre ces feux diffère notablement selon qu’il s’agisse d’un feu de forêt, ou d’un feu de champ qu’il soit cultivé, d’herbe ou plus simplement des feux de broussailles. Avec 8% de surface boisée dans le département, le département est peu confronté au risque des feux de forêt. Par contre, 12è producteur de grande culture, 18e producteur de céréales, le département est particulièrement concerné par les feux de végétation. C’est 88% de la surface départementale qui occupe de terres agricoles, avec 450 000ha. 

Selon le ministère de l’agriculture, on parle d’incendie de forêt lorsque le feu couvre une surface minimale de 0,5 hectare d’un seul tenant et qu’une partie au moins des étages arbustifs et/ou arborés est détruite. Ces feux dégagent une puissance calorifique importante, se propagent selon des caractéristiques propres et nécessitent des moyens de lutte suffisamment manœuvrables pour franchir des zones très escarpées, mais aussi suffisamment puissantes pour opposer à la puissance calorifique une puissance hydraulique. 

Je le distinguerais du feu de végétation, dont on va parler ce soir, qui ne touchent pas les étages arbustifs et dans la mesure où les moyens de lutte sont aussi adaptés : des moyens de franchissements moins importants, mais des enjeux économiques majeurs lorsqu’on parle notamment de feu de récolte. Par exemple, on estime sauver 2 500 euros lorsqu’on sauve un ha de blé. […]

Naufrage du Lancastria

Hommage aux soldats et victimes civiles britanniques décédés suite au naufrage du Lancastria le 17 juin 1940 au large de Saint-Nazaire.

Par Gérald SIM – Professeur agrégé d’histoire-géographie au collège Pierre Mendès France de La Rochelle, chargé de cours à l’université de La Rochelle.
– Docteur en histoire contemporaine de l’Université de Nantes et spécialiste des relations franco-américaines au XIXe siècle.
– Auditeur de la 198e session en région (promotion « Capitaine Charles N’Tchoréré ») de l’Institut des hautes études de défense nationale (2014).

Le 16 juin 2023, les élèves de la classe de défense du collège Pierre Mendès France, dirigée par Gérald SIM, et les volontaires du 3e Régiment du Service militaire volontaire de La Rochelle ont souhaité rendre hommage aux soldats et aux victimes civiles britanniques décédés suite au naufrage du Lancastria le 17 juin 1940, en déposant au cimetière de Bois-Plage-en-Ré une urne contenant de la terre et des pierres provenant du Royaume-Uni. Voir [Annexe 1] et [Annexe 2]

En France, 41 cimetières, répartis en Loire-Atlantique, Vendée et Charente-Maritime, abritent les sépultures des victimes dont les corps ont échoués sur nos plages. Un mémorial commémoratif a été érigé à Saint-Nazaire.

En Charente-Maritime, 27 cimetières sont concernés dont celui de Bois-Plage-en-Ré qui dénombre 13 tombes. Voir [Annexe 3]

Cette manifestation mémorielle est organisée à partir de travaux réalisés par la classe de défense sous la conduite pédagogique de Gérald SIM. Cet évènement a eu lieu en présence de différentes autorités locales. Maire de la commune, conseiller départemental, DMD adjoint, le service départemental de l’ONaCVG de Charente-Maritime.

Paul MORIN, président de l’AR-18, assistait à la cérémonie accompagnée par Jean-Marc BRAULTde BOURNONVILLE, secrétaire du comité Aunis-Saintonge. 

Détail de la cérémonie avec la présence des élevés de la classe de défense et également des volontaires du 3e RSMV de La Rochelle.

ANNEXE 1

Déroulé de la cérémonie.

  • Présentation par une représentante du SMV du déroulé de la cérémonie
  • Présentation sous forme de discours du projet pédagogique mené au cours de l’année scolaire (je serai aux manettes)
  • Lecture de la lettre d’un rescapé du Lancastria (2 élèves)
  • Lecture de 4 biographies réalisées par les élèves
  • Mot du président de l’association du Lancastria venant exprès de Saint-Nazaire.
  • Dépôt de l’urne contenant de la terre et des pierres venant du Royaume-Uni et inauguration d’une plaque commémorative
  • Dépôt de fleurs et de bougies par les élèves
  • Lecture des noms des soldats britanniques inhumés dans le cimetière par un élève et un volontaire du SMV énonce “Mort en service”
  • Dépôt des gerbes par les autorités avec les élèves : Mairie, DMD adjoint (LCL Lanza), conseil général (Patrice Raffarin), Office national des combattants et victimes de guerre, président de l’association du Lancastria 
  • Aux morts – minute de silence
  • Temps d’échange entre participants

ANNEXE 2

Le Lancastria sombre au large de Saint-Nazaire.

C’est l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire. 

Le 17 juin 1940, le paquebot britannique Lancastria sombrait au large de Saint-Nazaire, mortellement touché par les bombes de l’aviation allemande. 

Mis en service en 1922 (sous le nom de Tyrrenhia puis rebaptisé en 1924), le navire de la Cunard, long de 168 mètres, venait d’embarquer des soldats britanniques fuyant l’avancée des troupes allemandes dans l’ouest de la France. 

Après son appareillage, le Lancastria est attaqué à 15 h 50 par quatre avions Ju 88, qui parviennent à placer une bombe dans une des cheminées. Ce coup fatal provoque la perte du navire, qui coule en une vingtaine de minutes. 

Officiellement, le naufrage fait 5 200 victimes, ce qui en fait le second plus meurtrier après celui du paquebot allemand Wilhelm Gustloff (plus de 5 300 morts), torpillé le 30 janvier 1945 par un sous-marin soviétique. Toutefois, selon certains historiens, la perte du Lancastria aurait, en réalité, fait quelques 7 000 victimes. 

Tragédie confidentielle. Le nombre exact de ceux qui se sont trouvés à bord du Lancastria est inconnu.
Les documents de bord sont sous secret militaire pour 100 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2040. 
À l’annonce du naufrage, Churchill place sous secret la nouvelle du désastre, par la Defence Notice (D-Notice), afin de ne pas démoraliser davantage les citoyens britanniques. 
Le même jour, l’armée française est complètement anéantie par l’armée allemande et l’annonce officielle de la capitulationde la France devant l’Allemagne d’Hitler est diffusée au même moment.

ANNEXE 3

27 cimetières sont concernés en Charente-Maritime.
© Commonwealth War Graves

  • Angoulins :                                   2 tombes.
  • Ars-en-Ré :                                  12 tombes (île de Ré).
  • Aytré :                                          2 tombes.
  • Châtaillelon-Plage :                      6 tombes.
  • Dolus d’Oléron :                           11 tombes (île d’Oléron).
  • Fouras :                                       1 tombe.
  • Jonzac :                                       2 tombes.
  • La Couarde-sur-Mer :                   5 tombes.
  • La Rochelle :                                1 tombe (cimetière Saint-Éloi).
  • La Tremblade :                             9 tombes.
  • Le Bois-Plage-en-Ré :              13 tombes (île de Ré).
  • Château-d’Oléron :                      1 tombe (île d’Oléron).
  • Les Mathes :                                1 tombe.
  • Les Portes :                                 1 tombe.
  • Muron :                                        1 tombe.
  • Rochefort-sur-Mer :                      29 tombes (cimetière naval).
  • Royan :                                        7 tombes (cimetière catholique Romain).
  • Saint-Clément-les-Baleines :        6 tombes (île d’Oléron).
  • Saint-Georges-d’Oléron :             18 tombes (île d’Oléron).
  • Saint-Martin-de-Ré :                     10 tombes (île de Ré).
  • Saint-Nazaire-sur-Charente :        2 tombes.
  • Saint-Palais-sur-Mer :                   8 tombes.
  • Saint-Trojean-les-Bains :              13 tombes.
  • Sainte-Marie-de-Ré :                    7 tombes (île de Ré).
  • Yves :                                           5 tombes. 

Le rallye citoyen : une manifestation citoyenne autour de l’Esprit de Défense

Article écrit le 24 mars 2023 par Nghia NGUYEN 
– 180e promotion Cardinal de Richelieu
– Professeur au Lycée Jean Monnet (Cognac)

Manifestation annuelle organisée par le Trinôme académique (1) et les acteurs de la Défense (armées, Gendarmerie nationale, Police nationale, SDIS, protection civile, associations), le rallye citoyen a pour vocation de faire vivre concrètement la citoyenneté à travers un apprentissage de la cohésion et de l’engagement autour de l’Esprit de Défense. Il se déroule dans le camp militaire Broche situé sur la commune de Dirac, à une quinzaine de kilomètres au sud-est d’Angoulême.

Pilotés par la Délégation Militaire Départementale de Charente (DMD 16), les rallyes citoyens débutent par un lever de drapeau en présence des équipes lycéennes, des organisateurs des différents ateliers et de l’autorité publique représentée par le Préfet ou son second. À l’issue de cette ouverture, ce sont entre 15 et 20 ateliers que les élèves parcourent jusqu’en fin d’après-midi. Les activités présentées y sont variées allant du simple questionnaire au parcours d’obstacles en passant par du tir (plomb/laser) et les gestes de premiers secours. Utilisation d’une boussole et lecture d’une carte, portage d’un blessé sur un brancard, pose d’un garrot, maniement d’une lance d’incendie sont autant d’initiations dispensées sous forme d’épreuves chronométrées.

Tout en apprenant des gestes concrets dans une ambiance stimulante (port d’équipements, utilisation de matériels, sollicitation à la fois de la réflexion et des capacités physiques), les lycéens sont incités à agir dans un esprit d’équipe où goût de l’effort, dépassement de soi et action collective sont évalués. Ils sont dans le même temps sensibilisés aux problématiques de notre défense contemporaine : conflits militaires, sûreté intérieure, protection civile, sécurité routière et jusqu’aux enjeux historiques et mémoriels (2).

Les rallyes citoyens de l’année scolaire 2022-2023

Après deux victoires consécutives en 2019 et 2021 (3), le Lycée Jean Monnet est revenu dans la course le mercredi 12 octobre 2022 affrontant 12 autres lycées charentais soit 17 équipes adverses (4). Pour ce rallye qui s’adressait à des élèves du niveau de Première, Marie, Mathéo, Sasha, Adrien, Ilan, Malo, Mathis et Youri formaient une équipe bien décidée à l’emporter : les Robins urbains.

En dépit de ce moral élevé, de réelles performances et d’une tenue exemplaire remarquée par tous les organisateurs, les Robins urbains n’arrivèrent malheuresement qu’en deuxième position sur le podium. Manquant de peu la première marche, ils durent remettre le trophée à l’une des deux équipes du Lycée Élie Vinet de Barbézieux. La déception fut d’autant plus grande qu’en voyant s’échapper une troisième victoire consécutive, les Robins urbains savaient qu’ils perdaient également l’occasion de donner définitivement le trophée du rallye citoyen au Lycée Jean Monnet (5).

Cinq mois plus tard ce fut donc à une nouvelle équipe que revint la mission de reprendre à la fois la première place et le trophée. Le rallye du mercredi 22 mars 2023 mit en compétition 10 lycées et 13 équipes du niveau de Seconde cette fois. En présence de Juliette BRUNEAU, sous-préfète de Confolens, le chef d’équipe Alex (2nde 4) fut choisi pour lever les couleurs avant d’emmener ses camarades de l’équipe 1 – Eliott, Quentin, Erwan, Arthur, Victoria et Timéo – au cri de Passavant li meillor ! (6).

Ce fut une rude journée où le potentiel de l’équipe fut d’emblée affaibli par l’absence d’un camarade au départ de Cognac. Une hypoglycémie dans la matinée fit craindre la perte d’un deuxième élève, fort heureusement rétabli avec quelques barres de céréales… Surtout, les lycéens eurent à affronter deux parcours particulièrement difficiles physiquement : ceux des 1er RIMa et 515e RT. Celui du 515e RT fut réalisé en toute fin de rallye alors que la fatigue de la journée se faisait sentir dans les bras et les jambes. Dans un dernier effort, les secondes de Jean Monnet accomplirent l’épreuve, revêtus chacun d’une « frag » de 15 kilos, portant un FAMAS Blueguns (7) et brancardant un lourd mannequin. Alors qu’habituellement les rallyes citoyens mettent en œuvre deux exercices de brancardage en tout terrain (SDIS et 1er RIMa), il y en eut trois pour cette treizième édition. Jusqu’au bout cependant les lycéens témoignèrent d’un excellent état d’esprit et d’une discipline qui fut remarquée du début à la fin. Cette belle cohésion fit très certainement la différence, en leur permettant notamment de rattraper certains points de pénalités.

L’annonce des résultats est le grand moment qui tient en haleine les participants jusqu’au bout. Sur le nombre d’équipes présentes, élèves comme accompagnateurs espèrent bien être appelés en dernier : la proclamation par le jury commençant par l’équipe ayant obtenu la note la plus basse. L’espoir grandit lorsque l’on entre dans le cercle des cinq premières équipes, mais devient en même temps suspens intolérable jusqu’à l’annonce de la troisième et de la deuxième…

Ce fut donc une belle victoire qui, ce jour-là, permit au Lycée Jean Monnet de reprendre sa première place ainsi que le fameux trophée qui sera conservé jusqu’à l’automne prochain, date à laquelle il sera de nouveau remis en jeu. En attendant, le grand lycée public de Cognac peut être fier de ses belles équipes : celle qui n’a aucunement démérité au mois d’octobre et celle qui l’a emporté en mars.

  • (1) Cf. Le Trinôme académique est l’institution qui, au sein de chaque académie, est en charge de l’Éducation à la Défense. Il s’organise autour de trois piliers : le MINEN, le MINARM et l’IHEDN.
  • (2) Cf. Avec notamment la présence de l’ONACVG et de l’association des ordres nationaux.
  • (3) Cf. L’année 2020 a vu l’annulation du rallye citoyen du fait de la crise sanitaire.
  • (4) Cf. Certains lycées présentant plusieurs équipes à la fois.
  • (5) Cf. Le trophée du rallye est une coupe distincte de celles des trois premières équipes arrivées en tête. Un lycée doit le gagner trois fois de suite pour pouvoir le garder définitivement. En attendant, le trophée est conservé temporairement par le lycée ayant remporté le dernier rallye.
  • (6) Cf. Ce cri de guerre en ancien français, choisi par les élèves eux-mêmes, fut celui des comtes de Champagne au Xe siècle. Il signifie « Que le plus brave s’avance contre nous ! »
  • (7) Cf. La « frag » désigne un gilet balistique. Le Blueguns est un bloc de polyuréthane bleu reproduisant la forme et le poids (4 kg pour le FAMAS) d’une arme (fusil d’assaut, arme de poing, arme blanche). Les répliques Bluegunspermettent aux soldats de s’entraîner sans abîmer les armes réelles.

Art opératif

Par Bernard PENISSSON – titulaire d’un doctorat en histoire ( Paris I – Panthéon Sorbonne), agrégé de l’Université, auditeur IHEDN (SR 143), membre du comité 86

Marc FIARD, Vice-Présidant du comité 86 nous avais recommandé, à juste titre, la lecture du livre Conduire la guerre, sur l’art opératif, de Bihan et Lopez.
Je l’ai lu avec intérêt et j’en ai tiré quelques citations à la suite, car elles peuvent éclairer la conduite de la guerre en Ukraine, les deux adversaires ayant été formés au départ à la même école stratégique. Svetchine a aussi été très influencé par Clausewitz.
J’ai  ajouté une petite introduction légèrement ironique.  

Si je devais enseigner l’art de la guerre aux enfants, je définirais trois concepts fondamentaux à l’aide de quatre adverbes interrogatifs (niveau : grammaire de l’école primaire). Après tout, si l’on en croit Clausewitz, la guerre a sa grammaire et la politique sa logique. Mais si la guerre échappe à la politique, elle poursuit sa propre logique, qui est la montée aux extrêmes et le risque de l’anéantissement réciproque des adversaires. Mais revenons à nos concepts et à nos adverbes.

  • Stratégique : pourquoi faire la guerre ? (buts)
  • Opératique : où et quand conduire la guerre ? (espace-temps)
  • Tactique : comment faire la guerre ? (moyens)

Ce qui retiendra ici mon attention, pour essayer de me hisser au niveau des auditeurs de l’IHEDN, c’est le livre de Benoist Bihan et Jean Lopez, Conduire la guerre. Entretiens sur l’art opératif, Perrin, 2023, 396 p.
Les deux auteurs mènent une série d’entretiens approfondis sur le livre du stratégiste soviétique Alexandre Svetchine (1878-1938), Stratégie, paru à Moscou en 1926-1927 et traduit longtemps après en anglais (Strategy, Minneapolis, East View Publishing, 1992), mais pas encore en français. Trop intelligent et donc dangereux, Svetchine fut fusillé sur l’ordre de Staline le 28 juillet 1938. Il fut réhabilité par Khrouchtchev en 1962. Après la guerre du Vietnam, les militaires américains adoptèrent le concept d’art opératif de Svetchine, signe de la reconnaissance internationale du talent exceptionnel de ce général soviétique.

De l’art opératif, Jean Lopez donne la définition suivante : « L’art opératif est une discipline militaire à laquelle est confiée la tâche centrale d’organiser l’activité militaire en ‟ opérations ˮ, sur la base de buts fixés, eux, par la stratégie » (p. 78).
Selon Svetchine, l’art opératif c’est : « Combiner les opérations pour atteindre le but final de la guerre » (p. 81).

Benoist Bihan donne ensuite la définition de l’art opératif selon Svetchine : 

[C’est] « Une action de guerre si les efforts des troupes sont dirigés, sans interruption, vers l’atteinte d’un certain but intermédiaire dans un théâtre d’opérations militaires donné. Une opération est un conglomérat d’actions bien différentes, à savoir :

  • l’élaboration du plan de l’opération ;
  • les préparatifs logistiques ;
  • la concentration des forces amies sur leur position initiale ;
  • l’exécution de travaux défensifs ;
  • faire mouvement ;
  • livrer des batailles qui mènent à l’encerclement ou à la destruction d’une portion des forces hostiles, soit comme résultat d’un enveloppement direct, soit comme résultat d’une percée préliminaire, et capturer ou tenir une certaine ligne ou une position géographique donnée. […]

Le succès dans le développement d’une opération dépend à la fois des solutions pour chacun des problèmes tactiques et de la fourniture de tous les moyens nécessaires à la conduite de l’opération sans interruption jusqu’à ce que son but final soit atteint. Sur la base du but d’une opération, l’art opératif fixe toute une série de missions tactiques et un certain nombre de prérequis logistiques » (p. 84-85).

« Une opération est d’abord définie par son but, qui est fixé par la stratégie. Alors que la stratégie poursuit des buts, la tactique résout des problèmes, distinction fondamentale. L’opération est donc le cheminement par lequel la stratégie atteint les buts qu’elle s’est fixés » (p. 85).   

« Svetchine définit l’opération comme une séquence continue, ‟ ininterrompue ˮ, jusqu’au but fixé. Continue ne veut pas dire que les troupes  se déplacent et combattent sans arrêt, mais que l’action est entretenue dans la durée jusqu’à l’atteinte de l’objectif.
On peut donc définir l’opération comme la matérialisation – sous la forme d’une combinaison d’activités militaires de natures variées entretenues dans la durée – du cheminement par lequel la stratégie entend parvenir à l’un des buts qu’elle se fixe dans un espace-temps donné, espace-temps qui dépend des buts politiques poursuivis » (p. 91). 

Les formes de l’opération : destruction et attrition

« Svetchine n’établit pas un catalogue de formes, comme il peut y en avoir pour la tactique – avec par exemple la percée, l’enveloppement simple ou double, la feinte, l’encerclement, etc. Selon lui, l’opération découle de son but, et c’est sur la base de ce but que se décide la forme opérative. En dernière analyse, cette forme se détermine selon trois couples d’opposés : anéantissement (ou « destruction ») et attrition, offensive et défensive, manœuvre et positions. ‟ Chaque forme, dit Svetchine, a un effet important sur la ligne de conduite stratégique ˮ ; c’est-à-dire sur le cheminement vers le but de la guerre » (p. 93-94).

Offensive et défensive

« Pour le penseur russe, offensive et défensive ne s’opposent pas dans l’opération mais sont des formes complémentaires ; ce qui modifie l’aspect d’une opération donnée est le dosage entre elles. En effet, même si ‟ chaque opération est inévitablement une combinaison de moments défensifs et offensifs ˮ, c’est encore une fois le but fixé qui détermine la forme dominante : ‟ Nous faisons la différence entre des opérations offensives et défensives selon que le stratège fixe des buts positifs ou négatifs. L’avancement d’une série de buts positifs caractérise une offensive stratégique, tandis qu’une série de buts négatifs caractérise une défense stratégique. ˮ Mais une défense stratégique peut, et doit, inclure des « moments » offensifs, de la même manière qu’une offensive stratégique comporte nécessairement une dimension défensive […] y compris dans une logique d’anéantissement de l’adversaire. » (p. 103-104). [C’est un raisonnement très clausewitzien]            

« L’art opératif […] est bien une émanation de la stratégie et non une construction sur la base de la tactique, un distinguo absolument fondamental […] » (p. 109).

Perception de la France et de ses entreprises en Afrique

Par Patrick SEVAISTRE et de Jean-Marc BRAULT de BOURNONVILLE

Patrick Sevaistre : Président de la Commission “Institutions Européennes” du CIAN [Conseil français des investisseurs en Afrique].
Jean-Marc Brault de Bournonville : Ancien directeur de différentes filiales AGF en Afrique et ancien Président des Conseillers du Commerce extérieur de la France.

Les conférences du général Philippe MOUNIER

Publié le  par Christian CHAUVET

À lire en ligne ou à télécharger, les différentes conférences.

Cedant Arma Togae

– Montpellier le 10 novembre 2022. Montage de Guy RAGEOT, le Ouèbemaître [Saint-Cyr – Serment de 1914 1965]
– Académie des Belles-Lettres, Sciences et Arts de La Rochelle
Mercredi 15 mars 2023 à 17 h 00
Bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle 28 rue Albert 1er – La Rochelle (17000)

Traités Sèvres 1920 – Lausanne 1923

Académie des Belles-Lettres, Sciences et Arts de La Rochelle
Conférence du Général Philippe Mounier
Les Traités de Sèvres 1920 et de Lausanne 1923
Mercredi 16 février 2022 à 17 h 00
Bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle 28 rue Albert 1er – La Rochelle (17000)

Réunion mensuelle du Comité Aunis-Saintonge

La réunion du mardi 21 février s’est tenue exceptionnellement à 17 h 45 dans les magnifiques locaux de l’amphithéâtre du musée de l’École de Médecine Navale de Rochefort (25 rue Amiral Meyer) à l’invitation de Charlotte DRAHÉ – Administratrice du Musée de la Marine & École de médecine navale.

1- Mot d’accueil de Madame Charlotte DRAHÉ, Directrice du musée de la Marine et du musée de l’Ancienne École de médecine Navale et membre Associée au sein du Comité.
2- Accueil du Lieutenant-Colonel Jacques LANZA, Délégué militaire départemental adjoint de Charente-Maritime.
3- Accueil au sein du Comité de Madame Laurence NOËL, Magistrat honoraire, Session Régionale 102 (La Rochelle 1990).
4- Accueil au sein du Comité de Monsieur Patrice de CHARETTE, Magistrat honoraire, en tant que membre Associé.
5- Informations  générales par Michel ARNOULT, Président du comité.
6- Nouvelles de nos camarades absents.
7- Mot de Paul MORIN, Président de l’AR-18.
8- Point sur les groupes de travail du cycle 2022-2023 par Philippe MOUNIER.
– 1er sujet : « Enseignement de la Défense et mémoire »
– 2ème sujet : « La gouvernance de la cybersécurité » Pilote : Jacques TABARY.
9- Communication de Philippe MATHIEU sur le projet de rallye citoyen de Beurlay.
10- Questions diverses.
11- Visite du musée.
À la suite, un repas convivial au mess de Rochefort.
Assemblée studieuse et réfléchie.
Explications par Charlotte DRAHÉ

Joyeux Noël et Bonne Année 2023

© Aquarelle de Renée MOUNIER.

Chères amies et chers amis du comité Aunis-Saintonge,
Inéluctablement la tradition revient chaque année.
Mais, ne comptez pas sur moi, irréductible Gaulois d’un très vieux village perdu des Dieux contemporains, pour vous souhaiter de “Bonnes fêtes de fin d’année” et de “Gouleyeux réveillons”.
La douceur des quelques fruits que je vous envoie est là pour vous plonger dans la Joie et la Sainteté  de Noël et le Triomphe de la Nouvelle Année.
Que ces fêtes de la Nativité et du Renouveau soient célébrées dans vos familles de façon sereine et glorieuse.
Que 2023 voie la réussite de votre vie et de vos entreprises.
Qu’elle voie la bonne marche de nos travaux.
Avec toute mon amitié.
Philippe MOUNIER

Jeunesse et Citoyenneté

Paroles d’honneur – Lettres à la jeunesse[1].

Résumé du livre du Général d’armée Pierre de Villiers. Par Decitre.

Il y a deux façons de voir la situation actuelle : soit se complaire dans le constat, il est vrai cruel et inquiétant ; soit surmonter ce dernier et chercher des solutions, faire confiance aux trésors de notre génie français. Vous, les jeunes, êtes l’avenir de la France. Vous êtes aujourd’hui en demande d’humanité et de fermeté, d’autorité et d’amour, d’exigence et de bienveillance. Vous cherchez votre équilibre, dans une société où les facteurs de déséquilibre se multiplient. 

Il reste à canaliser vers de justes causes cette attente et cette soif d’idéal. Les plaintes soulagent, mais ne construisent rien de durable. Tout au long de son parcours militaire, le général Pierre de Villiers a eu à cœur de transmettre ; cinq années dans la vie civile n’ont fait qu’affermir son engagement pour la jeunesse, à laquelle il dédie ces lettres. Elles constituent une véritable profession de foi intellectuelle et morale. Une leçon qui résonne profondément en nous. Ces Paroles d’honneur ouvrent un chemin pour réapprendre à aimer la France et retrouver l’espérance. Après quarante-trois années d’une carrière militaire qui l’a conduit à devenir chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d’une société de conseil en stratégie. Il est l’auteur, aux éditions Fayard, de Servir (2017), Qu’est-ce qu’un chef ? (2018) puis L’équilibre est un courage (2020).


[1] https://www.decitre.fr/livres/paroles-d-honneur-9782213725352.html

—oo0oo—

Synthèse de la Conférence prononcée par le Général d’armée Pierre de VILLIERS sur la jeunesse et la citoyenneté.
par Philippe MOUNIER Auditeur du Comité Aunis-Saintonge

Ces idées peuvent paraître banales, mais elles ont été exprimées avec conviction, humour et brio. Elles nécessitent d’être rappelées.

I –  Le monde actuel est instable et dangereux.

  • Il convient d’apprendre aux jeunes à aimer la France. 
  • Il ne faut pas succomber à la vision « temps court » du politique, liée aux contingences électorales. Il faut privilégier le « temps long », porteur d’avenir construit.
  • L’Etat anonyme a pris la place de la nation charnelle.
  • Il faut lutter contre l’individualisme pour le bien de la collectivité et pour instaurer une véritable fraternité humaine.

II –  Les crises se multiplient

Face à elles, il faut déterminer des points d’ancrage :

  • La confiance qui favorise la responsabilisation et permet l’application du principe de subsidiarité.
  • L’autorité qui nécessite une capacité de conception, une aptitude à convaincre, une conduite sans changement de cap, un contrôle.
  • La stratégie : réponse aux questions Quoi ? Pourquoi ? De quoi s’agit-il ? Pour cela, il convient d’être audacieux et équilibré et de prendre de la hauteur.
  • L’éducation : respecter le triptyque parents-enfants-professeurs. Valoriser les notions de patrie et de drapeau. Retrouver les véritables fondamentaux. Tracer les limites à ne pas franchir. Connaître la France, sa langue, son Histoire.

III –  À développer chez les jeunes.

  • L’exemplarité.
  • L’authenticité.
  • L’optimisme : ne pas se laisser abattre.
  • Le dépassement du découragement.
  • L’humilité.
  • L’encouragement à se tourner vers les autres.
  • Le courage : force morale de faire les choses, savoir trancher et dire la vérité.
  • La gestion et la maîtrise du stress.

IV –  Valeurs à partager.

  • Reconnaissance et pratique de l’escalier social.
  • Libération des chaînes intérieures et acquisition d’un libre arbitre.
  • Egalité et équité, sans recherche de l’égalitarisme.
  • Fraternité : esprit d’équipe intergénérationnel.
  • Détermination, persévérance.
  • Esprit d’équipe.
  • Sens du pardon.
  • Amour de la France.
  • Trois mots clefs : HUMANITÉ, UNITÉ, ESPÉRANCE.

V –  Conclusion.

Faire confiance à la jeunesse et être optimiste.

—oo0oo—

Analyse de la Conférence prononcée par le Général d’armée Pierre de VILLIERS sur la jeunesse et la citoyenneté.
par Jean-Marc BRAULT de BOURNONVILLE Membre associé

L’intervention du Général Pierre de Villiers est centrée sur la jeunesse.

Il rappelle le besoin de l’autorité et qu’il en est un praticien.  

Ce besoin d’autorité est d’autant plus nécessaire dans cette période troublée avec des réactions immédiates sans recul ni réflexion.  

L’autorité peut aider la jeunesse à croire en l’avenir.     

Le général rappelle qu’il est un praticien de l’autorité et qu’il s’est donné comme mission de transmettre ses valeurs et d’aider ses auditeurs, par ses réflexions, à devenir « des citoyens acteurs ».  

Jeunesse et citoyenneté : apprendre à remettre la personne au cœur de la cité.

Son intervention se fera sur quatre points :

  1. Une analyse de la situation en langage militaire qui est l’ennemi ?
  2. Les points d’ancrage pour que la jeunesse puisse retrouver du sens de l’envie.
  3. Les qualités que les jeunes doivent développer.
  4. Les valeurs à partager. 

I –  Les facteurs qui pèsent sur la jeunesse.

Pierre de Villiers développe certains sujets qui enrichissent cette situation tant anxiogène pour la jeunesse.

1.1 – Le contexte géostratégique ou le monde dans lequel nous vivons :  

‒ Le terrorisme islamique radical qui vise à imposer un nouvel ordre mondial basé sur une idéologie mondiale et qui utilise comme moyen d’action une barbarie totale.  

‒ Le retour des états-puissances : Russie, Chine, Turquie, Inde, Iran… qui développent des stratégies à long terme alors que nos démocraties n’ont pour seuls horizons que les échéances électorales. Ces mutations se produisent alors que nous assistons à des migrations massives et des désordres climatiques avec leurs conséquences sur les évolutions des sols ou sur l’eau.  

‒ « Nous sommes à un point de bascule ! ». L’ordre international a changé depuis la chute du mur de Berlin, les organisations internationales sont impuissantes face à ces évolutions et les jeunes s’en inquiètent.

‒ Le Bilatéral ou le multilatéral.

1.2 – Le temps qui presse ! 

On ne se parle plus, on zappe. Les événements se succèdent sur les réseaux sociaux. Les moyens modernes de communication sont une source d’exclusion pour les plus anciens. Il rappelle le proverbe afghan : Vous avez les montres, nous avons le temps ! ;  

1.3 – Les technologies accélèrent le temps qui passe : 

Télétravail, robotisation… Avec le risque de perversion de la technologie sur l’homme.

1.4 – La crise de l’autorité est présente partout. 

La mondialisation complexifie les prises de décisions et abolit les frontières. 

« Finalement qui décide et que suis-je dans le processus ? ». 

Un dysfonctionnement est perçu entre l’État et la Nation. La finance et le droit sont présents partout ! Les jeunes ne comprennent pas ce qui se passe, les racines et l’appartenance nationale se perdent ;  

1.5 – L’individualisme.

Le sens du collectif est perdu, « On ne se parle plus, on s’envoie des messages ». 

L’individu est roi « Quel Monde laisse-t-on aux jeunes ? ».

II –  Les points d’ancrage pour une citoyenneté renouvelée     

2.1 – La confiance. 

« C’est le carburant de l’autorité… ne jamais mentir ».  

2.2 – L’autorité (contraire de l’autoritarisme).  

Tout projet se conduit en quatre étapes : 

  • Conception (quelle vision ? Où va-t-on ?)
  • Convaincre sur sa validité.
  • Conduire (on peut tirer des bords mais on garde le cap).
  • Contrôler (on valide le process pour l’améliorer). 

2.3 – La stratégie ou voir loin !

« Quelle paix construire de l’autre côté de la crête ? ».  

Des entreprises en croissance peuvent rapidement décroître. Un plan stratégique peut permettre d’évaluer les risques. Aujourd’hui, on vit dans le tout assurance, avec le principe de précaution. On s’interdit l’audace pourtant l’avenir appartient aux audacieux, dit-on ! Il faut savoir évaluer les risques pour les maîtriser.

« Et dans toute circonstance, prendre le temps de réfléchir ».  

2.4 – L’éducation. 

C’est un mot-clef. La relation enfants/parents/enseignants ne fonctionne pas ou plus !  

« Notre pays est magnifique et aimable mais la France est devenue un gros mot. On n’aime plus la France ». 

Importance de respecter les talents des jeunes, de redorer l’image des enseignants, de l’apprentissage et des métiers manuels.

III-  Les qualités que les jeunes doivent développer.

« Il faut apprendre aux jeunes à devenir des chefs, et d’abord chef de soi-même ».  

3.1 – L’exemplarité.

« C’est exigeant ! On fait ce que l’on dit ou ce que l’on pense ».

On doit être un exemple pour les autres.

3.2 – L’authenticité/le naturel.

3.3 – L’enthousiasme, l’optimisme. 

On ne gagne pas que par l’intelligence. La passion et le cœur ne doivent pas être oubliés.

3.4 – L’humilité (contraire de l’orgueil). 

« Savoir être modeste et ne pas avoir toujours raison. Gardez de l’humour, éviter l’ironie mordante et entraîner les gens dans la joie ! ».

3.5 – Être tourné vers les autres. 

L’autorité est un service. En toutes circonstances, il faut apprendre à gérer les conflits. L’homme doit toujours être au centre de nos préoccupations. Il convient d’éviter que les décisions de nos gouvernants « fassent sauter les faibles ». 

À ce titre, le confinement récent qui a contribué à isoler les gens a été catastrophique.

3.6 – Le courage.

Le courage qui se décline en deux niveaux (le courage opposé à la lâcheté et celui du quotidien… au travail ou ailleurs)

L’important est de ne pas subir, de s’engager au service du collectif. 

Le général rappelle sur le thème du courage le discours que prononça le 8 juin 1978 Alexandre Soljenitsyne devant des étudiants de Harvard sur « Le déclin du courage en Occident ».

IV –  Les valeurs à partager.

Ne pas oublier l’escalier social (et pas l’ascenseur), et l’intérêt d’avoir réalisé soi-même les tâches que l’on commandera ensuite.  

L’armée le permet encore mais plus l’entreprise, ni la fonction publique.

4.1 – La liberté. le libre arbitre, la capacité à décider.

4.2 –  L’égalité (contraire de la discrimination), l’équité.

« Je suis traité comme tout le monde ».

4.3 – La fraternité. 

Le général cite un jeune « Dans l’armée, j’ai trouvé une famille ! ».

4.4 – La cohésion.

« L’équipe de France de football a gagné la Coupe du monde de 1998 ».  La cohésion s’organise par le parrainage, le binômage.

4.5 – La détermination.

« Je ne savais pas que j’étais capable de … » ;  

4.6 – Le respect.

Le respect (source de fierté), la considération (source de la délégation), le respect mutuel.

4.7 –  Le pardon.

Mot clef de la civilisation. Éviter les coups bas, se pardonner au lieu de s’insulter ; le pardon n’est pas l’oubli.

4.8 – L’équilibre (entre vie privée et professionnelle) 

4.9 – L’amour de la France.

Le drapeau, la culture, notre langue, notre histoire, nos entreprises, notre gastronomie. Évitons la repentance !

L’Europe où les poupées s’emboîtent et ne s’opposent pas.     

Trois conseils en guise de conclusion : 

Outre le fait de savoir écouter les anciens qui ont de l’expérience !     

1 ‒ Humanité : remettre la personne au centre de nos réflexions et décisions ;  

2 ‒ Unité : il faut rassembler unir : le pardon, la bienveillance, la réconciliation, mettre les talents au service du collectif (le général cite les maréchaux Leclerc et de Lattre de Tassigny et leurs épopées), et laisser de côté les diviseurs ;  

3 ‒ Espérance (contraire de la crainte de l’avenir, du pessimisme). Être fier d’être français et de réussir sa vie.

Le général de Villiers achève son propos par ces mots :

« Aimons notre jeunesse, elle nous le rendra !
La jeunesse a soif de grandeur, d’engagement
et pas de performance ».