L’IA conversationnelle est un type d’intelligence artificielle (IA) capable de simuler une conversation humaine. Cela est possible grâce au traitement du langage naturel (TLN), un domaine de l’IA qui permet aux ordinateurs de comprendre et de traiter le langage humain.
L’IA conversationnelle repose sur une combinaison de traitement du langage naturel (TLN), de modèles de fondation et de machine learning (ML). Les systèmes d’IA conversationnelle sont entraînés sur de grandes quantités de données, y compris textuelles et vocales.
Voici quelques exemples d’application de la technologie d’IA conversationnelle :
Agents d’IA générative : ces agents virtuels utilisent l’IA générative pour alimenter les conversations textuelles ou vocales
Chatbots : souvent utilisés dans les applications de service client pour répondre aux questions et fournir une assistance
Assistants virtuels : souvent utilisables par commande vocale, sur des appareils mobiles et des enceintes intelligentes
Logiciel de synthèse vocale : permet de créer des livres audio ou des instructions vocales
Logiciel de reconnaissance vocale : permet de transcrire des cours, des appels téléphoniques, des sous-titres, etc.
Posons à Grok et Claude la question suivante et comparons la réponse :
Année de la mer et des océans. Peux-tu proposer un texte en trois parties concernant cette problématique et en indiquant les points clés, en détaillant les points clés de cette problématique en insistant sur les innovations technologiques ou les politiques internationales ?
Voici quelques exemples d’applications Web d’utilisation de l’intelligence artificielle.
Grok [https://grok.com] est un modèle d’intelligence artificielle (IA) développé par une société d’Elon Musk. C’est un grand modèle linguistique (LLM), similaire à d’autres modèles comme ceux d’OpenAI (ChatGPT), de Google (Gemini), ou d’Anthropic (Claude). Son objectif principal est de comprendre le langage naturel et de générer du texte, de répondre à des questions, de résumer des informations, etc.
Gemini [https://gemini.google.com] repose sur des modèles tels que Gemini 2.5 Flash (expérimental) qui utilise le raisonnement avancé. Ces modèles permettent d’effectuer une large gamme de tâches, comme répondre à des questions, rédiger différents formats de texte, traduire des langues, et même générer du contenu créatif. L’accès à ces modèles dans la version gratuite est généralement soumis à certaines limites d’utilisation.
Claude [https://claude.ai/] est un assistant d’intelligence artificielle conversationnelle développé par l’entreprise Anthropic. Positionné comme un concurrent sérieux aux autres modèles de langage de pointe, comme ceux d’OpenAI, Claude se distingue par son approche axée sur une « IA constitutionnelle ». Cela signifie que son développement et son fonctionnement sont guidés par un ensemble de principes éthiques visant à le rendre plus sûr, plus utile et moins susceptible de générer des contenus dangereux ou biaisés.
ChatGPT Gratuit [https://chatgptgratuit.org] utilise la technologie chatbot basée sur un modèle IA générative et l’API d’OpenAI, spécialement conçu pour les utilisateurs francophones. ChatGPT Gratuit en ligne est facile à utiliser directement, pratique et ne nécessite aucune inscription.
Mistral AI [https://chat.mistral.ai/], une entreprise française spécialisée dans l’intelligence artificielle générative. Leur mission est de développer des modèles d’IA générative performants, efficaces et fiables, en mettant l’accent sur l’innovation et, pour certains de leurs modèles, sur une approche « open-source » (code source ouvert) ou ouverte.
Conseil, une inscription permet de conserver l’historique des conversations.
Comparaison entre l’IA Grok, l’IA Mistral, Chat GPT Gratuit, Claude et Gemini.
Voici une comparaison concise et objective des IA conversationnelles Grok, Mistral, ChatGPT Gratuit (GPT-3.5),Claude, et Gemini 2.5 en 2025, basée sur leurs performances, fonctionnalités, forces, faiblesses, et cas d’usage. Les informations tiennent compte des tendances et évolutions récentes dans le domaine de l’IA.
1. ChatGPT Gratuit (GPT-3.5) – OpenAI
Description : Version gratuite de ChatGPT, basée sur GPT-3.5, largement utilisée pour des tâches conversationnelles générales.
Forces :
Polyvalence pour des tâches variées : rédaction, réponses à des questions, assistance simple.
Interface intuitive et accessible via navigateur ou application mobile.
Large base d’utilisateurs, avec une ergonomie reconnue comme leader.
Faiblesses :
Limité par rapport à GPT-4o (version payante) : moins précis, pas de connexion web en temps réel, pas de capacités multimodales avancées (images, vidéos).
Réponses parfois verbeuses ou moins nuancées.
Cas d’usage : Idéal pour des besoins basiques comme la rédaction de courriels, l’apprentissage, ou des questions générales.
Accessibilité : Gratuit, sans inscription complexe.
2. Claude (Claude 3.5 Sonnet) – Anthropic
Description : Développé par Anthropic, Claude est conçu pour être éthique, sûr, et performant dans l’analyse nuancée et la rédaction.
Forces :
Excelle dans l’analyse de textes longs et complexes (jusqu’à 200 000 tokens de contexte).
Réponses naturelles, nuancées, et éthiques, particulièrement adaptées à la programmation et à la rédaction créative.
Bonne gestion des nuances contextuelles et des instructions complexes.
Faiblesses :
Pas de connexion web en temps réel, limité à une base de connaissances interne (dernière mise à jour : octobre 2024).
Moins de fonctionnalités multimodales que ChatGPT ou Gemini (analyse d’images, mais pas de génération).
Accès parfois restreint (VPN requis dans certaines régions).
Cas d’usage : Parfait pour le développement logiciel, la rédaction académique, ou les tâches nécessitant une précision éthique.
Accessibilité : Gratuit pour un usage limité, payant pour des fonctionnalités avancées (Claude Pro).
3. Grok – xAI
Description : Créé par xAI, Grok se distingue par son ton sarcastique, son lien avec X, et son approche axée sur la « vérité maximale » et la mobilité.
Forces :
Intégration avec la plateforme X, idéal pour analyser des posts ou suivre l’actualité en temps réel.
Réponses concises et originales, avec une touche d’humour inspirée d’Elon Musk.
Bonne performance pour les conversations mobiles et les interactions liées aux réseaux sociaux.
Faiblesses :
Moins polyvalent que ChatGPT ou Claude pour des tâches complexes comme la programmation ou l’analyse de données volumineuses.
Performances variables selon le contexte, moins mature que ses concurrents.
Capacités multimodales limitées (pas de génération d’images native).
Cas d’usage : Idéal pour les utilisateurs de X, les conversations rapides, ou les recherches liées aux réseaux sociaux.
Accessibilité : Gratuit avec des limites, accès premium via abonnement à X.
4. Mistral (Le Chat, Mistral Large) – Mistral AI
Description : Chatbot français basé sur des modèles comme Mistral Large, axé sur la souveraineté numérique européenne et l’open-source.
Forces :
Open-source (Mixtral 8x7B) et respectueux du RGPD, idéal pour la confidentialité et les normes européennes.
Performant en français, surpassant certains modèles comme LLaMA pour les benchmarks en langue française.
Faible consommation énergétique (1/3 de ChatGPT pour certaines tâches).
Gratuit et accessible sans numéro de téléphone.
Faiblesses :
Interface basique et fonctionnalités limitées (pas de génération d’images, connexion web absente).
Réponses parfois plus lentes que ChatGPT ou Gemini.
Moins performant pour des tâches complexes par rapport à GPT-4 ou Claude.
Cas d’usage : Adapté aux entreprises européennes, à la recherche académique, ou aux tâches nécessitant une IA légère et éthique.
Accessibilité : Gratuit en version bêta, avec des options payantes pour Mistral Large.
L’activité des Trinômes académiques Union-IHEDN Cycle académique 2023 – 2024.
Dans un contexte international compliqué, une société nationale en pleine évolution face à de nouveaux défis, la jeunesse doit rester plus que jamais la priorité de nos institutions.
Le cycle scolaire 2023/2024 démontre par son dynamisme la forte mobilisation des associations des auditeurs de l’lHEDN, dans le cadre des trinômes académiques, ciblant une jeunesse de plus en plus vaste, allant des classes de CM2 aux étudiants les plus qualifiés, mais sans oublier les personnels de l’Éducation Nationale et de l’lnstitut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation, qui sont formés en amont.
Si les rallyes citoyens restent une base pérenne, mobilisatrice et très appréciée des activités en région, on note notamment l’importance des projets ayant une dimension mémorielle, et plus spécifiquement avec les commémorations du 80ème anniversaire de la Libération. La variété et la qualité des actions, financées ou non par la DMCA, conforte le socle disciplinaire de l’enseignement de défense, mais en même temps celles en lien avec les nouveaux modes de communication et les nouvelles technologies, cela afin d’assurer une meilleure diffusion et une cohésion de l’ensemble du dispositif. Les trinômes académiques s’adaptent aux enjeux majeurs de notre nation.
Le lecteur de ce rapport appréciera la densité des actions menées par certaines académies et plus spécifiquement celles de Lille, Montpellier, Poitiers ou encore Bordeaux. ll est aussi important de souligner les activités ultra− marines souvent mises en œuvre dans des contextes compliqués et des situations géopolitiques variées.
Fort de ses 37 années d’existence, les trinômes académiques sont basés sur un lien fort unissant au niveau territorial l’Éducation nationale, le Délégué Militaire Départemental et l’association régionale des auditeurs de l’lHEDN, mais également le ministère de l’Agriculture. lls ont permis d’associer un acteur incontournable : la DSNJ (Direction du service national et de la jeunesse), engagée au niveau interministériel aux côté des armées dans son rôle de coordination et d’animation de la politique du ministère en faveur de la jeunesse. Son implantation territoriale en métropole et Outre−mer en fait un relai incontournable des dispositifs jeunesse adaptés grâce à une pédagogie interactive et à une communication moderne.
Arriver à mettre en œuvre une action peut nécessiter des partenariats locaux, que ce soit les collectivités territoriales, mais aussi des partenariats plus institutionnels, tels que la Gendarmerie, les services départementaux d’incendie et de secours, la Fédération Nationale André Maginot, les associations d’anciens combattants, es ordres nationaux, des mécénats privés, … Ces partenariats contribuent au renforcement de la citoyenneté au sein des jeunes générations et à la reconstruction d’une solidarité nationale, se basant sur des thématiques aussi variées que le mémoriel, les arts, le sport, … et selon une feuille de route annuelle destinée aux recteurs d’académie.
En ce cycle 2023/2024, 164 projets ont été adressés pour une demande de cofinancement, mettant en œuvre 183 actions pour 36 500 bénéficiaires. Le budget total de ces actions a été de 1 406 000 € et la DMCA a accordé un cofinancement de 166 700 €, soit 12 %. Cela démontre l’importance des moyens mis en œuvre par les différentes composantes des trinômes et des partenaires au niveau territorial. Les associations régionales des auditeurs de l’lHEDN ont largement participé aux trinômes avec près de 300 bénévoles issus de 28 associations sur les 33 associations régionales.
L’espace « trinômes académiques » de la plateforme « Educ@def » a été actualisé et renforcé ; une mallette numérique destinée aux trinômes académiques a été développée :
Concernant plus largement les actions de la DMCA au profit de l’enseignement de défense, elles connaissent elles− aussi une forte évolution pour maintenir un soutien fort sur ce site qui met en avant le renforcement du volet numérique, des appels à projets, et le soutien aux projets adaptés etc…
La 36ème rencontre annuelle des trinômes académiques s’est déroulée le 29 novembre 2023 dans le cadre d’un séminaire hybride en présentiel et en distanciel à Balard. Cette rencontre a été ouverte par Madame Patricia MIRALLES, Secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire autour du thème « « Penser le monde de demain »».
Ce fut également l’occasion pour Madame Françoise DUMAS, Conseillère auprès du secrétariat général de la Garde Nationale, Présidente du Jury, du Prix Louis QUlNlO, de remettre, après un discours mobilisateur, les prix distingués par les membres du jury :
1er Prix : AR 1 – Aquitaine « L’ensemble des activités 2022−2023 − une coopération sans faille − de l’école primaire à l’université »
2ème Prix : AR 30 – Guyane « 1ère Edition de la coupe des classes Défense »
3ème Prix : AR 18 – Poitou Charentes « Travail de mémoire sur le paquebot britannique transatlantique LANCASTRlA coulé le 17 juin 1940 »
Prix du Jury :
AR 19 − Occitanie Pyrénées − Création d’un trophée académique
AR 10 − Franche Comté − « Commémoration du Crash d’un Mirage 2000D et réalisation d’une stèledu souvenir »
AR 16 − PARlS lle de France − « Rallye de la Mémoire », au profit de la jeunesse de Seine−et−Marne
Mention spéciale du Jury pour les classes de défense :
AR 11 − Normandie (Rouen) − Journée du Marin en pleine semaine des Classes Défense
ll me reste, comme chaque année, à rendre hommage à l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs qui participent avec dévouement au développement des trinômes et particulièrement les présidents et les délégués des associations régionales de l’lHEDN qui, tous bénévoles, consacrent, avec passion, efficacité et professionnalisme, leur énergie et leurs moyens à cette mission.
Isabelle BEAUVAIS Présidente de la Commission Éducation Jeunesse (trinômes académiques) de Union lHEDN
Intelligence artificielle : Un nouveau monde pour les professionnels de demain.
Le comité Charente-Maritime de l’Association régionale Poitou-Charentes des auditeurs de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale), en partenariat avec la Ville de Rochefort organise un colloque lundi 31 mars 2025, au Palais des Congrès.
Accueil dès 13 h 30 et début du colloque à 14 h 00.
Événement gratuit mais soumis à inscription. Adresse du Palais des Congrès : 73 rue Toufaire – ROCHEFORT (17300) Point de contact pour votre inscription :colloque@ihednpoitoucharentes.fr Manifestation organisée dans le cadre des activités du trinôme académique du rectorat de Poitiers.
Par Jean-Claude Rodriguez Général de division aérienne (2S) Officier mécanicien de l’air et Ingénieur en génie nucléaire. Ancien inspecteur technique de l’armée de l’Air. Auditeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN)
Conclusion : • Faible réactivité militaire de l’Union Européenne • Capacités militaires limitées • Processus de générations de forces largement expérimenté • La question de l’autonomie stratégique de l’UE par rapport aux États-Unis est posée
Sous la direction de : Philippe MOUNIER Avec la collaboration de : – Christian-Marcel CHAUVET, Maxence JOUANNET, Yasmine LABROUSSE. Et la participation de : – Christian BARBE, Alain BELLANGER, Claude BUFFETEAU, Jean-Michel CLÈRE, Charlotte DRAHÉ, Jean-Loup FILIETTE, Robert KERRINCKX, Jacques LANZA, Catherine LEPESANT, Philippe MATHIEU, Paul MORIN, Éric PEUCH, Roger RENARD, Jean-Claude RODRIGUEZ, Gérald SIM, Patrice SOULLIÉ.
L’engagement du comité de Charente-Maritime de l’AR-18 de l’Union-IHEDN dans beaucoup d’actions comme le trinôme académique, le soutien des conseillers Défense des municipalités, la participation aux rallyes citoyens, l’animation de certaines activités du SNU (Service National Universel), les interventions auprès des classes Défense, ont amené le comité à réfléchir sur les rapports entre l’enseignement de la Défense et la Mémoire.
Activée par le constat, dans ce vaste domaine, des lacunes, mais aussi des existants, cette réflexion, lancée dès 2022, a mis un certain temps à trouver sa voie.
Tout d’abord, le comité a rétabli l’unité de la question en la posant différemment : « Comment faire de l’enseignement de la Mémoire une ouverture à un engagement individuel et collectif du futur adulte dans l’esprit de Défense ? ».
Cette formulation, plus concrète, plus ouverte, facilitait la création d’un groupe de travail cohérent et productif. Monté à la fin du premier semestre 2023, le groupe réunissant seize membres s’est constitué en trois équipes. S’étant mis au travail en septembre 2023, le groupe a rendu son ouvrage comme prévu, à la fin du mois de mai 2024.
Information : Votre annuaire se trouve dans le dossier téléchargement.
L’annuaire 2024 des associations de l’Union-IHEDN est disponible sur Internet
Chers membres de la communauté des associations des auditeurs de l’Union-IHEDN,
Nous avons le plaisir de vous convier à télécharger le nouvel annuaire 2024 des associations d’auditeurs de l’Union-IHEDN, au format pdf, document de référence pour notre communauté avec laquelle il vous permet de garder le lien.
Vous pourrez retrouver les auditeurs grâce à une recherche soit par association, soit par session, soit par ordre alphabétique. Une recherche personnalisée, grâce à un moteur de recherche, est possible en fonction de votre équipement informatique.
Pour accéder au site de téléchargement de l’annuaire de l’Union-IHEDN, veuillez cliquer sur le lien suivant: https://annuaire2024.union-ihedn.org et laissez-vous guider.
Pour lancer le téléchargement il vous suffira de saisir l’adresse électronique (email) que vous avez communiquée à votre association d’appartenance.
Permettez-nous de vous rappeler ces quelques règles de confidentialité : Cet annuaire est une publication hors commerce de l’Union-IHEDN, réalisée sous le pilotage de l’UNION-IHEDN. Ces informations ne doivent en aucun cas être utilisées à des fins commerciales. L’annuaire ne peut être copié, même en partie, sans autorisation expresse et préalable de la délégation générale de l’Union-IHEDN.
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La responsabilité du détenteur protège la confidentialité des données. Chaque exemplaire est personnalisé par l’adresse électronique qui a servi pour le téléchargement.
Les informations figurant dans cet annuaire ont été fournies par les présidents des associations.
Pour toute question relative à cet annuaire, veuillez contacter la délégation générale de l’UNION-IHEDN, ou votre association.
Nous tenons à chaleureusement remercier tous ceux qui ont participé à la réalisation de cet annuaire des associations de l’Union-IHEDN édition 2024.
Espérant que cet annuaire répondra à vos attentes,
Bien amicalement,
Catherine Sarlandie de La Robertie Présidente Union-IHEDN
Justin Logan est le directeur des études de défense et de politique étrangère à l’Institut Cato. Il est un expert de la grande stratégie américaine, de la théorie des relations internationales et de la politique étrangère américaine. Ses recherches actuelles portent sur trois sujets : l’échec des efforts des États-Unis en matière de partage de la charge au sein de l’OTAN ; l’équilibre changeant du pouvoir en Asie ; et la pertinence limitée du Moyen-Orient pour la sécurité nationale américaine.
Les Français ont été les premiers à promouvoir l’idée d’une autonomie stratégique européenne. Quel est votre point de vue à ce sujet ? Pensez-vous qu’il soit possible d’établir un commandement militaire européen unifié doté d’une véritable autonomie stratégique ?
De nombreux Européens perçoivent d’un certain œil l’ambition persistante de la France de diriger l’Europe, mais d’un point de vue américain, l’intérêt des États-Unis réside dans le maintien de la division de l’Europe. Cette position découle de notre participation à la Première Guerre mondiale, à la Seconde Guerre mondiale et à la Guerre froide, au cours desquelles nous avons cherché à empêcher la domination de l’Allemagne du Kaiser Wilhelm, de l’Allemagne d’Adolf Hitler ou de l’Union soviétique.
Du point de vue de la realpolitik américaine, l’objectif est d’empêcher un pays de dominer l’Europe, tout en permettant à l’Europe de se défendre, ce qui ne devrait pas être trop difficile si l’on compare l’économie et la population de l’Union européenne à celles de la Russie. En outre, si l’on considère les luttes de la Russie en Ukraine, il est clair que la Russie n’est pas candidate à la domination de l’Europe.
Nous sommes donc parvenus à une situation aussi favorable que possible du point de vue américain. Les conflits, l’instabilité et les guerres peuvent persister en Europe, mais l’objectif central des États-Unis, qui était d’empêcher un pays de dominer le continent, a pour l’essentiel été atteint. Il s’agit là d’une évolution positive dont les États-Unis devraient se féliciter.
Pensez-vous que l’Europe a déjà la capacité de se défendre contre la Russie sans le soutien des États-Unis ? La guerre en Ukraine se déroulerait très probablement différemment sans le soutien militaire des États-Unis.
Certes, mais les États-Unis ne sont pas engagés comme si l’Ukraine était un allié de l’OTAN, puisque nous ne sommes pas directement impliqués dans les combats. Il est donc concevable d’envisager un scénario de guerre en Europe dans lequel les États-Unis ne combattent pas activement, mais soutiennent l’effort de guerre par d’autres moyens. Nous pouvons fournir différents types de soutien, mais pas de personnel militaire proprement dit.
Je pense qu’un exemple pertinent du conflit ukrainien, qui pourrait s’appliquer plus largement à l’Europe, est le partage par les États-Unis de ce que nous appelons ISR : Intelligence, Surveillance et Reconnaissance (les moyens de recueil du renseignement militaire nécessaire pour mener une campagne). Non seulement nous avons détecté les mouvements russes dès le début de la guerre, ce qui a été bénéfique pour l’effort de guerre de l’Ukraine, mais nous avons également fourni un soutien ISR à l’armée ukrainienne tout au long du conflit jusqu’à aujourd’hui, ce qui a été essentiel pour elle.
Ces capacités pourraient également soutenir l’Europe en cas de conflit armé, étant donné que l’Europe ne dispose pas des capacités satellitaires et de surveillance que nous possédons. Nous pourrions ainsi poursuivre ce soutien sans déployer de troupes. Cela ne veut pas dire que nous cesserions de communiquer ou de coopérer avec les Européens, mais l’idée que les États-Unis doivent être le nœud central de la défense de l’Europe semble fantaisiste.
Alors oui, que ce soit à travers la vision de Macron, l’UE, ou même une potentielle alliance franco-germano-britannique – ce qui semble étrange à mentionner – je crois qu’ils trouveront leur voie. Mais je n’ai pas de préférence particulière quant à la manière dont elle devrait être structurée, que ce soit par le biais de l’UE ou d’une alliance tripartite.
Toutefois, l’idée que la Russie puisse étendre ses lignes d’approvisionnement actuelles de plusieurs centaines de kilomètres en Europe et être efficace dans un endroit comme la Pologne semble également irréaliste, en particulier avec le niveau actuel de soutien militaire des États-Unis et d’autres pays européens. Il peut sembler étrange de dire cela pendant le plus grand conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, mais du point de vue des États-Unis, il s’agit d’une histoire positive. Nous avons appris que l’armée russe s’efforce de pulvériser l’Ukraine, ce qui indique que nous avons surestimé ses capacités militaires.
Oui, c’est terrible pour l’Ukraine et probablement pour la Russie, mais c’est avantageux pour nous. Si les Russes ne parviennent pas à vaincre rapidement l’Ukraine, ils seront confrontés à d’immenses défis face à des pays comme la France ou l’Allemagne.
Vous dites donc que le statu quo actuel est en fait le meilleur pour les États-Unis parce que vous voudriez que les capacités de défense européennes soient décentralisées, en ce sens que vous ne voudriez pas qu’une seule entité contrôle tout le potentiel militaire du continent ?
Je ne pense pas que le statu quo soit le meilleur scénario, car les États-Unis ont actuellement 100 000 soldats stationnés en Europe, et je ne veux pas avoir 100 000 soldats en Europe. Je ne pense pas que la défense de l’Europe nécessite 100 000 soldats américains stationnés en permanence sur le continent. Je pense donc que si nous commencions à prendre nos distances avec l’OTAN, que ce soit par le biais d’une « OTAN dormante » ou en commençant unilatéralement à retirer des troupes d’Allemagne, cela provoquerait une nouvelle onde de choc au cœur de l’Europe, tout comme l’a fait l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Mais je pense qu’une « onde de choc sécuritaire européenne » supplémentaire serait en fait une bonne chose du point de vue des États-Unis, car elle forcerait la Zeitenwende (évolution, tournant, changement), qui n’est actuellement qu’un tour de passe-passe comptable, à se transformer peut-être en quelque chose de réel. Dans ce contexte, si l’on observe l’opinion publique allemande sur les dépenses militaires, on constate que la question d’un récent sondage était très défavorable cette l’idée. La question était la suivante : « Devrions-nous dépenser davantage pour la défense, même si cela devait se faire au détriment d’autres priorités nationales, y compris la protection sociale et les infrastructures ? Et ce n’est pas une majorité, mais une pluralité – 46 ou 47 % des Allemands – qui a répondu par l’affirmative à cette question.
Quant aux autres options, elles sont soutenues à hauteur de 30 % et 20 % respectivement. C’est assez frappant pour moi. Ainsi, plutôt que de voir les Allemands gaspiller des milliards d’euros pour des F-35 qu’ils n’utiliseront jamais, il serait bon qu’ils utilisent ces ressources, ou peut-être des ressources supplémentaires, d’une manière plus intelligente qui se traduise réellement par une puissance militaire sur le terrain.
En Europe, il est difficile pour les hommes politiques de préconiser des réductions des programmes de protection sociale, des dépenses sociales et des dépenses de l’État, qui pourraient être nécessaires pour augmenter les dépenses militaires. Une façon de contourner partiellement ce problème est d’en avoir plus pour son argent en réduisant les redondances entre les armées européennes et en améliorant leur complémentarité.
Existe-t-il un moyen de les rendre plus complémentaires, ou est-ce tout simplement impossible en raison de questions telles que le réalisme politique, le nationalisme, les intérêts nationaux et le trop grand nombre d’intérêts divergents entre les différents États européens ?
La réponse honnête est que je ne sais pas, mais il y a certainement moyen de réduire les redondances. Reste à savoir s’il s’agit d’une mise en commun de la souveraineté ou de quelque chose de beaucoup plus ambitieux. On a parlé d’une armée européenne, ce qui est peut-être tiré par les cheveux. Mais il est certain que les redondances pourraient être réduites. L’Europe compte des dizaines d’armées, de forces aériennes, de marines, etc. différentes, dont les capacités sont redondantes. Ces forces pourraient certainement être rationalisées afin de devenir une force de combat plus efficace.
Ces ressources pourraient être utilisées, positionnées, mises en commun et donc mieux appliquées. Encore une fois, je suis agnostique et incertain quant à savoir si ces efforts devraient passer par l’Union européenne ou par une sorte d’accord multilatéral entre les États concernés. Mais en fin de compte, soit vous pensez que ces pays européens se soucient de leur sécurité et de leur survie, soit vous ne le pensez pas. Je suis dans le camp de ceux qui pensent que c’est le cas.
Mais ils sont très heureux de pouvoir compter sur les États-Unis et de s’appuyer sur eux autant que possible. Je ne les blâme pas du tout ; je pense qu’ils sont intelligents. Je ne reproche pas aux Européens d’accepter la gratuité ; je nous reproche de la leur offrir. Il y a une métaphore que j’aime utiliser : Si nous vous invitons à dîner et que nous payons l’addition, pour nous plaindre ensuite que les Européens n’ont pas payé, c’est que nous avons invité. Eh bien, nous avons invité. C’était notre marché, et nous aimons être le joueur le plus important à la table. Personnellement, je n’aime pas cela ; cela ne vaut pas le coût pour nous.
Je pense donc que nous devrions commencer à retirer des troupes de pays comme l’Allemagne et communiquer clairement et amplifier ce sentiment de menace. En d’autres termes, il faut leur faire comprendre qu’ils ont un grave problème qu’ils doivent régler, et voir ce qui se passe. Je pense que les Européens se ressaisiraient rapidement dans un tel scénario. Je ne suis toutefois pas certain de la manière dont cela fonctionnerait. Beaucoup de gens diront, oh, il faut passer par l’UE, il faut des obligations de défense ; ou non, il faut passer par Paris, ou non, il faut une version plus nationale.
Mais d’un point de vue américain, la façon dont elle serait organisée à la fin n’a pas vraiment d’importance. Le seul danger serait que les Européens restent littéralement les bras croisés et regardent l’armée russe traverser l’Ukraine et la Pologne et pointer un poignard au cœur de l’Allemagne. Je pense que c’est de la science-fiction. Je pense que ce n’est pas une perspective réelle du point de vue américain. Et je pense que les Européens, s’ils y sont contraints, en feront plus, sous une forme ou une autre, pour compenser l’absence de forces terrestres américaines.
Faisons donc une expérience de pensée. Supposons que l’Europe augmente considérablement sa capacité militaire, qu’elle gagne beaucoup plus d’autonomie stratégique et qu’elle devienne en quelque sorte un pôle de puissance indépendant et militairement compétent dans le système international. Voyez-vous un scénario dans lequel elle pourrait utiliser sa puissance militaire d’une manière préjudiciable aux intérêts américains, par exemple en Méditerranée ou dans l’étranger proche de l’Europe ?
Je pense que nous sommes si loin d’un tel scénario que je serai mort avant qu’il ne se réalise. Il est vrai que mon horizon temporel est un peu court. Mais je pense que nous en sommes très loin.
Et je pense que c’est également ironique. La seule fois où j’entends cet argument réaliste très dur, c’est de la part d’internationalistes libéraux des États-Unis qui aiment être au centre de la sécurité européenne. Et je me dis : « Attendez une minute, c’est un argument de type John Mearsheimer que vous avancez. Et vous êtes un internationaliste libéral en règle.
Ce sont des points de vue qui s’excluent mutuellement, alors lequel est le bon ? Mais il arrive que les gens défendent ces deux points de vue en même temps, et c’est incohérent. D’une part, nous craignons que l’Europe n’assume pas plus de responsabilités si nous en faisons moins. D’autre part, nombre de ces mêmes personnes affirment que nous devrions faire attention à ce que nous souhaitons, car si l’Europe se met en ordre de marche, elle s’alignera d’une manière ou d’une autre contre nous. Mais je pense que cette perspective est si lointaine que nous ne devrions pas y prêter attention.
Je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter à ce stade. Et je ne pense pas franchement, même en tant que réaliste, que les intérêts de l’Europe s’opposent fondamentalement aux intérêts des États-Unis. Je pense que nous sommes fondamentalement des puissances de statu quo qui se complètent dans le système international. Par ailleurs, je pense qu’à moyen terme, les problèmes démographiques de l’Europe vont poser de réelles contraintes à sa capacité de projection de puissance, de la même manière que les problèmes démographiques de la Chine et de la Russie vont poser des contraintes à leurs capacités de projection de puissance.
Je suis donc prêt à courir ce risque, car je pense qu’un tel scénario a une faible probabilité de se réaliser. Je pense que c’est comme un risque de queue sur l’axe X d’une courbe de distribution normale. Donc, si nous en arrivons à un point où c’est la principale préoccupation des spécialistes américains de la sécurité, je dirais que nous sommes dans une situation formidable, parce qu’il n’y a pas beaucoup de raisons de s’inquiéter.
Revenons à notre point de départ. Vous affirmez que l’Europe peut essentiellement s’occuper de sa propre sécurité et que les États-Unis peuvent plus ou moins se retirer complètement du continent et se concentrer à 100 % sur l’Asie de l’Est, en suivant l’argument d’Elbridge Colby ?
Je pense que je vais encore plus loin que Bridge. Je pense que Bridge essaie d’être un peu plus modéré que moi. Je pense que l’Europe devrait assumer seule la mission de dissuasion conventionnelle. On peut donc se demander ce qu’il en est du parapluie nucléaire. Qu’en est-il des capacités ISR, que j’ai déjà évoquées ?
Il est vrai que ces éléments sont très difficiles à remplacer à court terme, en particulier la question nucléaire. Mais je pense que la décision américaine – non négociable – devrait être que nous n’aurons plus de forces terrestres en Europe ; ces troupes rentrent en fait à la maison pour de bon. Non seulement cela, mais les bases navales de la péninsule ibérique et de l’Italie disparaissent également.
Je pense que les Américains devraient commencer cette évolution dès que possible. Ensuite, si les gens commencent à se plaindre ou à s’inquiéter de l’extension de la dissuasion ou autre, nous pourrons discuter de la manière de gérer cela. Mais oui, les intérêts américains en Europe seront essentiellement garantis sans les efforts militaires américains.
Maintenant, si je devais argumenter contre moi, je dirais : voulez-vous vraiment dire que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni pourraient dissuader la Russie d’attaquer l’Estonie, la Lituanie ou la Lettonie ? Je pense que c’est un bon contre-argument. Je répondrai qu’il s’agit d’une mission militaire terriblement difficile, avec ou sans les États-Unis.
L’environnement géographique permissif est vraiment difficile à surmonter. Et à moins de poster 70 ou 80 000 soldats le long de la frontière entre les États baltes et la Russie, ce que nous ne ferons pas, nous sommes dans le même bateau, n’est-ce pas ? Nous espérons essentiellement que le bluff ne sera jamais suivi d’effet. Parce que l’obtention d’un niveau de dissuasion qui rendra Tallinn et Vilnius à l’aise n’est pas possible sans les États-Unis.
Et nous ne le faisons pas actuellement. L’ancien premier ministre estonien, Kaja Kallas, a récemment déclaré qu’avec les plans actuels de l’OTAN, qui prévoient une défense en profondeur, « mon pays serait rayé de la carte ». Je pense qu’elle a raison sur le fond. Mais du point de vue d’un réaliste américain pur et dur, ce serait très bien. Nous atteindrions une sorte de ligne durable qui serait défendable pour protéger les intérêts américains.
Mais si vous cherchez une sorte de position de défense avancée ou de dissuasion par le déni à un niveau conventionnel contre la Russie dans les pays baltes, ce n’est tout simplement pas faisable. Ce serait comme dire que les Chinois essaient de protéger Sonora (désert mexicain le long de la frontière avec les USA) contre les Américains. Ce n’est pas possible, c’est tout simplement impossible.
Et il y a la dissuasion nucléaire et toutes sortes d’autres choses qui tournent autour. Mais si vous voulez une marge militaire confortable dans les pays baltes, vous ne l’aurez en aucun cas. C’est regrettable. Je pense donc qu’une bonne réponse à mon argument est de dire que les pays baltes seraient vulnérables dans le cadre de votre plan. Et mon contre-argument serait de dire que les pays baltes sont déjà vulnérables à l’heure actuelle. La géographie est un maître cruel qui nous gouverne tous.
Aujourd’hui, l’Europe achète une grande partie de son matériel militaire à des entreprises de défense américaines. Ces entreprises dépendent du fait que l’Europe soit le partenaire junior et ne s’engage pas dans des programmes paneuropéens d’acquisition de matériel de défense, ce que l’autonomie stratégique impliquera très probablement.
Pensez-vous que les intérêts enracinés au sein de l’establishment militaire et des complexes industriels américains peuvent mettre des bâtons dans les roues pour qu’un véritable changement se produise ? Pensez-vous qu’il soit préjudiciable aux intérêts américains que l’Europe cesse d’acheter ces quantités massives d’équipements de défense américains ?
Ils essaieront certainement de le faire, et c’est d’ailleurs ce qu’ils font. Donc, au sens étroit de la base industrielle de défense américaine, oui, c’est préjudiciable à leurs intérêts. Mais dans le sens plus large d’une position de défense plus autonome de l’Europe, non. Je vois là un compromis.
Historiquement, les Américains ont dit : « Europe, tu devrais dépenser beaucoup plus pour la défense, tu devrais acheter du matériel américain, et tu devrais l’utiliser aux moments et aux endroits où nous te suggérons de l’utiliser ». C’est un raisonnement fantaisiste. Je ne pense pas que cela puisse se produire.
Par conséquent, si nous voulons que l’Europe dépense davantage, je pense qu’il est plus probable que cela se produise si l’Europe se procure davantage de matériel militaire européen. En d’autres termes, les gens comme moi se plaignent du complexe militaro-industriel du Congrès. Il est très difficile de fermer une chaîne de production, et il est très difficile de fermer une base militaire. Tout cela est vrai.
Mais ce serait également vrai en Europe, n’est-ce pas ? L’augmentation de la production militaire en Europe exercerait une pression à la hausse sur les dépenses de défense parce qu’elle créerait des circonscriptions pour ces dépenses. Je pense donc que si nous sommes vraiment sérieux et que nous pensons vraiment que l’Europe devrait faire plus pour elle-même, comme je le fais, alors une partie de ces achats devra provenir de la production européenne.
Et c’est une mauvaise chose du point de vue de l’un des cinq grands entrepreneurs américains du secteur de la défense. Mais en politique internationale, les compromis sont omniprésents. Je pense qu’il est important de ne pas réduire l’intérêt national américain aux intérêts de Lockheed, Boeing et Raytheon. Je veux dire par là que c’est quelque chose qu’il ne faut pas faire du point de vue de la haute politique. Alors oui, il serait certainement mauvais pour ces entreprises qu’il y ait une base industrielle de défense européenne plus importante. Mais pour les États-Unis, dont la dette s’élève actuellement à 35 000 milliards de dollars, c’est une bonne chose.
L’infinie variété des munitions, tous modèles, tous milieux, toutes fonctions et tous calibres confondus, pose un vrai problème d’identification d’autant plus que les guerres contemporaines n’auront jamais été aussi médiatisées, judiciarisées et scrutées jusque sur les réseaux sociaux. Initiative récente puisqu’elle remonte à novembre 2023, l’Open Source Munitions Portal (OSMP) propose désormais une véritable base de données évolutive et accessible en ligne sur les munitions terrestres et aériennes utilisées dans les conflits récents.
Cette base repose sur des photographies authentifiées et datées de munitions utilisées sur leurs théâtres d’opération. Chaque photographie d’éclats, de restes ou d’éléments divers est accompagnée d’une fiche descriptive et technique de la munition. Des entrées par théâtres d’opération, années d’utilisation, catégories, emplois et modèles font de l’OSMP un véritable outil de travail pour les chercheurs, les journalistes et autres personnes intéressées par l’identification des munitions sur les champs de bataille contemporains.
L’OSMP est une initiative de l’Armament Research Services (ARES), un cabinet de conseil et d’expertise australien en matière d’armement.
Le Forum des études de l’Union-IHEDN est l’opportunité pour l’ensemble du réseau des auditeurs de participer régulièrement aux réflexions stratégiques. Les thèmes annuels d’études proposés par l’Union constituent des bases de réflexions et des outils d’aide à la décision. Leur restitution au plan tant national qu’européen lors du Forum des études, donne une lisibilité à ces travaux.
Thématique 2024 – 2025 Défense : L’Union Européenne à la croisée des chemins
Au-delà d’une présentation détaillée du sujet, les rapports des Auditeurs devront proposer dans leurs livrables, des illustrations ou études de cas nationales ou internationales, des entretiens d’experts, une analyse critique et un diagnostic, puis partager des recommandations et pistes d’actions.
Après une analyse et un diagnostic, voici quelques questions qui pourront guider la réflexion libre des Auditeurs :
L’Union Européenne peut-elle donner vie à une nouvelle Europe de la Défense ? Quelles directions donne la « Boussole Stratégique » ?
Comment l’OTAN et l’Union Européenne peuvent-elles mieux s’aligner ? Quels rôles doivent jouer les États-Unis d’Amérique ?
Comment peut se construire le leadership européen en matière de défense ?
La France, puissance nucléaire doit-elle proposer son outil de dissuasion à ses partenaires européens ?
Quels avenirs pour la PESD (Politique européenne de sécurité et de défense), l’AED (Agence européenne de défense) ou encore le FED (Fonds européen de défense) ?
Comment pourrait évoluer l’industrie de défense européenne ?
Compte rendu de lecture de SAVIANA (Alexandra), Les scénarios noirs de l’armée française. Comprendre les menaces qui nous attendent, Paris, Robert Laffont, 2024, 236 p.
Avec la naissance des grands états-majors et des académies militaires au XIXe siècle, les militaires ont pris l’habitude d’imaginer la prochaine guerre. À cette fin, l’histoire militaire – celle notamment des batailles – fut particulièrement mobilisée. Plus qu’une source de méditation sur les erreurs et les opportunités manquées, l’étude du passé permettait aussi de dégager des principes qui, mutatis mutandis, participaient à l’élaboration de nouveaux plans. Si cette posture préparatoire n’a pas disparu, faisant encore de la bataille d’Austerlitz un objet d’étude tactique et stratégique, les mutations technologiques contemporaines et la dilatation des champs de bataille à l’ère de la mondialisation obligent les Armées à se tourner plus que jamais vers le futur à travers une démarche prospective pouvant aller jusqu’à la science-fiction (1).
Dans un environnement mondialisé particulièrement fluide, les menaces s’accumulent. Non seulement elles se déploient dans les milieux physiques classiques (terre, air, mer) auxquels s’ajoutent de nouveaux milieux (espace exo-atmosphérique, grands fonds), mais ces menaces s’introduisent également dans des champs désormais immatériels (cyberespace, dimension cognitive) qui ne connaissent pas de frontières et s’affranchissent des limites jusqu’à présents connues (distance/temps, militaire/civil, société/individu, public/privé…). Indexées sur l’évolution rapide et exponentielle des technologies, ces menaces peuvent aujourd’hui s’hybrider au point de brouiller des situations jusqu’à présent distinctes, et d’abolir le cycle paix/guerre/paix, faisant davantage parler de « conflictualités » que de conflits au sens conventionnel.
Plus que jamais, la guerre peut se faire sans… se faire, de manière permanente et dans la continuité de relations internationales en apparence inchangées. Sans disparaître, la menace militaire demeurera essentiellement médiatique et dissuasive alors que ce qui sera justement privilégié c’est l’évitement d’un conflit armé. De nombreuses actions hostiles et agressives peuvent désormais se réaliser en dessous du seuil de l’engagement militaire. Elles auront pour objectifs l’intimidation, la coercition, la subversion voire la recherche d’un point de bascule sans pour autant aller jusqu’au déclenchement d’une véritable confrontation militaire. En résumé, il s’agirait de « gagner la guerre avant la guerre » pour reprendre l’expression du général Thierry BURKHARD (2).
C’est dans cette perspective de nouvelles conflictualités que la journaliste Alexandra SAVIANA s’est intéressée aux scenarii actuellement à l’étude au sein des états-majors. Les scénarios noirs de l’armée française passent en revue onze situations qui, sans tenir de la science-fiction, projettent nos armées dans un futur proche (à l’horizon de l’année 2030) à partir de contextes géopolitiques déjà existants. Du Maghreb à l’espace en passant par la Turquie, Taïwan, les États baltes, Madagascar… l’auteur a consulté 106 experts dont des officiers de haut rang afin d’éclairer onze menaces particulièrement crédibles qui, si différentes soient-elles les unes des autres, seraient de nature à déstabiliser profondément notre pays soit en le mettant au bord d’un conflit mondial, régional, voire civil, soit en l’amputant d’une partie de sa souveraineté… Chaque menace envisagée repose sur une situation géopolitique bien réelle qui dégénèrerait. Dans certains cas de figure, la crise débuterait directement sur des parties du territoire français (îles Éparses, Nouvelle-Calédonie), pour d’autres elle s’amorcerait dans des pays étrangers mais avec des implications immédiates pour notre pays du fait d’alliances ou d’influences hostiles de la part d’acteurs locaux ou d’États puissances. Toutes ces menaces ont un dénominateur commun à savoir une remise en cause de notre rôle à l’échelle régionale, mondiale, voire de notre souveraineté. Dans tous les cas, nos forces armées seraient placées dans des situations capacitaires critiques.
Si l’outil militaire n’est pas le seul volet de la réponse face à une crise internationale, il demeure cependant indispensable et incontournable pour peser dans un rapport de force et dissuader. Or, l’armée française actuelle est-elle en capacité de dissuader à tous les étages du spectre des menaces ? Comment peut-elle se préparer à une éventuelle crise – voire à un conflit – dans un environnement géopolitique complexe dont les tensions hautement inflammables ne peuvent plus être décorrélées de graves crises sécuritaires et intérieures à la vie du pays. Le cauchemar pourrait ainsi avoir plusieurs visages : celui d’une conjonction entre un conflit extérieur télescopant une crise intérieure, celui d’un conflit international s’invitant sur la scène intérieure, ou bien celui d’une faiblesse intérieure déclenchant opportunément une crise internationale.
Au fond, ce qui traverse en filigrane l’ouvrage d’Alexandra SAVIANA est moins l’idée de la faiblesse de nos armées que celle de la société qu’elles ont à défendre. Derrière la mutation en cours de notre outil militaire et des inévitables questions budgétaires que cela pose, la journaliste conclut sur le point de loin le plus essentiel à savoir notre volonté de nous défendre. C’est ici que l’enjeu de la guerre cognitive apparaît. Si un chapitre du livre lui est spécifiquement consacré (scénario 10), on comprendra également que la menace dans le champ cognitif traverse tous les cas abordés. Plus que jamais rendue possible avec la dilatation du champ informationnel interconnecté et la montée en puissance des intelligences artificielles, cette guerre qui se mène dorénavant dans les esprits a pour objectif de miner les modèles culturels et politiques, de transformer les perceptions, de déplacer les centres d’intérêt et d’affaiblir les forces morales de la Nation. C’est, in fine, la résilience de la société – pour ne pas dire l’Esprit de Défense avec d’autres mots – qui est directement questionnée.
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Scénario 1 –La guerre éclate entre le Maroc et l’Algérie avec pour conséquence une intensification des flux migratoires en Méditerranée. L’importance des communautés algérienne et marocaine sur notre sol importe aussitôt le conflit dans l’Hexagone. En fait, c’est toute la région sahélienne qui est déstabilisée avec des organisations djihadistes qui, désormais, ne sont plus contenues aux frontières des deux pays maghrébins. L’Algérie, qui subit des revers militaires, est la plus exposée par ce regain de la menace islamiste. En guise d’échappatoire, et sous influence russe, le pouvoir algérien fait alors le choix d’une politique de plus en plus agressive à l’encontre de la France.
Scénario 2 – Une offensive aérienne israélienne contre les installations nucléaires iraniennes déclenche un embrasement régional. La guerre s’étend immédiatement au Liban où le Hezbollah prend en otage une FINUL impuissante armée par 700 militaires français. Les cyberattaques s’intensifient contre les puissances occidentales, des prises d’otages ont lieu et l’Iran soumet le détroit d’Ormuz à un blocus qui déclenche des affrontements avec les marines occidentales (dont la France). Accaparés par une campagne présidentielle, les Etats-Unis restent en retrait et laissent Oman et l’Arabie Saoudite jouer les bons offices. Incapable de peser, la France perd son influence dans cette région du monde.
Scénario 3 – Alors que la guerre en Ukraine semble gelée, l’élection à la présidence de Donald TRUMP, en novembre 2024, change la donne stratégique au coeur de l’Europe. La nouvelle administration américaine normalise ses relations avec Moscou et prend la décision de retirer l’armée américaine du théâtre européen au profit du théâtre asiatique. Cette dévitalisation de l’OTAN pose plus que jamais la question d’une Europe de la défense et de son autonomie stratégique qu’aucun pays de l’UE n’est alors en mesure d’assurer à commencer par la France qui apparaît comme une « une petite joueuse ». La Russie pousse son avantage en déstabilisant les États baltes par des flux migratoires en provenance de Biélorussie, et en fomentant un coup d’État en Moldavie. Au nom de la défense des minorités russes opprimées, Moscou finit par envahir les États baltes et déclenche un conflit direct avec l’OTAN. D’abord en retrait les Etats-Unis sont contraints d’intervenir face à une situation de plus en plus hors de contrôle. L’OTAN se resoude et les revers militaires amènent Moscou à franchir le seuil de l’emploi des armes nucléaires tactiques. Une révolte politique est sur le point d’éclater à Moscou.
Scénario 4 – La mort du dirigeant biélorusse Alexandre LOUKACHENKO ouvre une période de vacance du pouvoir qui est une opportunité pour l’opposition démocratique. Celle-ci se heurte cependant à une répression de plus en plus dure de la part du successeur de LOUKACHENKO. Les pays de l’UE soutiennent cette opposition et l’aident à se structurer mais Moscou intervient pour soutenir le pouvoir biélorusse. C’est une véritable guerre civile qui débute provoquant des flux de réfugiés vers la Pologne. Les Etats-Unis ne veulent pas s’engager dans une crise et laissent les Européens, notamment la France (nation-cadre de l’OTAN en Roumanie), en première ligne. À la tête d’une coalition, la France est contrainte de renforcer ses moyens militaires aux frontières même de la Russie alors qu’un gouvernement de transition biélorusse est proclamé et que la Russie déploie désormais des armes nucléaires sur le territoire biélorusse.
Scénario 5 –Revendiquant l’archipel des îles Éparses, Madagascar utilise l’influence chinoise contre la France. Un accord entre Antananarivo et Pékin permet désormais l’intrusion de bâtiments militaires chinois dans notre ZEE comme ils le font en Mer de Chine. La faiblesse de la présence militaire française dans la région est accentuée par un travail d’influence qui divise l’opinion publique française sur le thème du « colonialisme ». Contrainte à un statu quo qui l’oblige à partager de facto la ZEE des îles Éparses avec Madagascar, la France voit aussi l’Île Maurice voisine profiter de la situation pour remettre en cause le statut de Tromelin qu’elle revendique également.
Scénario 6 –La fin de l’opération Barkhane et le désengagement militaire français qui s’ensuit plonge une partie du continent africain dans le chaos. L’arrivée au pouvoir d’une junte militaire malienne anti-française produit un effet domino qui s’étend rapidement à d’autres pays voisins : Burkina-Faso, Niger, Côte d’Ivoire… Surtout, le retournement de l’allié tchadien entraîne aussi celui du Sénégal. Ce sont tous les points d’appui historiques de la France en Afrique qui disparaissent en moins de dix ans, avec un changement de paradigme à la clé : d’une collaboration occidentale avec des États africains cherchant à endiguer le djihadisme, on passe à des juntes militaires sous influence russe qui désormais pactisent localement avec les organisations djihadistes. Les uns comme les autres privilégient des intérêts locaux rendant cette vaste partie de l’Afrique incontrôlable. Russes et djihadistes se combattent sur fond de désoccidentalisation et résurgence d’un califat.
Scénario 7 – La Chine entre en guerre contre les Etats-Unis et leurs alliés au sujet de Taïwan. Cet embrasement régional est précédé d’une déstabilisation du Moyen-Orient qui commence par une flambée du prix des hydrocarbures. Alors que le choc pétrolier plonge les pays européens dans des difficultés économiques, sociales et politiques, Pékin joue de son contrôle sur la dette djiboutienne, pour demander la fermeture de la base française sur son sol. La déstabilisation de la position stratégique française au Moyen-Orient se conjugue avec les difficultés européennes et l’inquiétude des pétromonarchies face à l’Iran. Washington est obligé de réinvestir des moyens militaires, notamment navals, au Moyen-Orient. C’est le moment attendu par Pékin pour lancer une offensive éclair sur Taïwan. Alors que les Etats-Unis tentent de gagner du temps pour organiser une coalition, les Européens se contentent de sanctions économiques. La France qui dispose d’une marine océanique et a des intêrêts régionaux en Asie-Pacifique subit des pertes. En tentant un blocus des routes du pétrole à destination de la Chine dans le Golfe Persique, le porte-avions Charles-de-Gaulle est attaqué et gravement touché.
Scénario 8 –Les tensions entre la Grèce et la Turquie aboutissent à un conflit lorsque cette dernière prend la décision d’envahir des îlots grecs inhabités en Mer Égée. L’action, plus symbolique que stratégique, ouvre une crise au sein de l’OTAN et de l’UE. La France, liée à la Grèce par un accord de défense bilatéral, devient la nation-cadre d’une coalition destinée à défendre les intérêts d’Athènes. La confrontation avec la Turquie est d’abord aéronavale mais elle se solde par des pertes sensibles face à une armée turque puissante.
Scénario 9 –Alors qu’un puissant cyclone frappe les Antilles françaises et mobilise les forces armées ainsi que la sécurité civile, un deuxième cyclone tout aussi dévastateur frappe, quelques jours plus tard, la Nouvelle-Calédonie. Les infrastructures sensibles sont paralysées sur la grande île, et la population locale ne peut recevoir une aide déjà engagée de l’autre côté de la planète. La situation dégénère rapidement et ouvre la porte aux influences étrangères : australienne, néo-zélandaise et, surtout, chinoise. S’appuyant sur la proximité des îles Salomon avec lesquelles elle est liée par un accord de coopération, la Chine profite du climat insurrectionnel pour encourager – avec des actions d’influence – les revendications kanakes à l’indépendance. Dans le même temps, elle exerce une autre influence sur Djibouti pour faire fermer la base militaire française qui s’y trouve. Poussé dans ses retranchements, Paris finit par organiser un référendum où c’est le « oui » à l’indépendance qui l’emporte contre toute attente mais d’une courte tête. La France est quasiment évincée de l’Indo-Pacifique.
Scénario 10 –Un scénario qui étudie les effets d’une guerre cognitive sur les moyen et court termes à l’occasion d’une élection présidentielle. Alors que l’opinion publique française est « modelée » depuis des mois – voire des années – dans un champ informationnel exposé aux infox (fake news/deep fake), les réseaux sociaux perturbent gravement la communication des différents candidats à l’approche des scrutins. Dans le même temps, le pays fait l’objet de cyberattaques agressives (infrastructures, pillages de données…) qui entretiennent des troubles et une inquiétude sociale permanente. L’ingérence de la Russie et de la Chine sont désignées.
Scénario 11 –Un exercice interallié avec les Etats-Unis, vécu comme une provocation par Pékin, déclenche un incident dans l’Himalaya entre militaires indiens et chinois. Cet incident dégénère en un véritable conflit dans lequel la France se retrouve – du fait de son partenariat militaire avec New-Delhi – en première ligne. Plutôt que d’affronter directement les Etats-Unis, la Chine décide de frapper le maillon faible à savoir les Européens dont la France au premier rang. L’offensive vient de l’espace où les constellations de satellites français et européens sont aveuglées ou détruites par un programme militaire spatial chinois mis en place depuis plusieurs années déjà. Le scénario met ainsi en avant la course à la puissance militaire spatiale que les Chinois entreprennent depuis des décennies avec d’importants moyens. Le moment venu, ils sont en mesure de plonger la France et les autres pays européens dans une « nuit informationnelle ». Si les États-Unis aident à rétablir provisoirement les communications satellitaires, l’Europe spatiale dépend désormais d’opérateurs privés non-européens (3).
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Cf. En 2020, l’Agence de l’Innovation de la Défense (AID) a mis sur pied une équipe d’auteurs de science-fiction dont le travail est d’imaginer les seuils de rupture technologique, les « capacités militaires disruptives » ainsi que les menaces qui en découleraient pour les conflits à venir jusqu’à l’horizon des années 2090. Cette Red Team est co-pilotée par l’État-Major des Armées (EMA), la Direction Générale de l’Armement (DGA) et la Direction Générale des Relations Internationales et Stratégiques (DGRIS). Sans entrer dans cette conceptualisation, davantage tourné vers les pratiques stratégique et tactique, le wargaming fait aussi l’objet d’une redécouverte depuis ces dix dernières années. Il s’impose désormais comme un véritable outil de formation, de planification, et de prospection pour le commandement. Institutionnalisé au sein du CICDE de l’École militaire, il est mis en œuvre par une Cellule Jeu de Guerre du Commandement du Combat Futur.