« Comment faire de l’enseignement de la mémoire une ouverture à un engagement individuel et collectif du futur adulte dans l’esprit de Défense ? »
Sous la direction de : Philippe MOUNIER Avec la collaboration de : – Christian-Marcel CHAUVET, Maxence JOUANNET, Yasmine LABROUSSE. Et la participation de : – Christian BARBE, Alain BELLANGER, Claude BUFFETEAU, Jean-Michel CLÈRE, Charlotte DRAHÉ, Jean-Loup FILIETTE, Robert KERRINCKX, Jacques LANZA, Catherine LEPESANT, Philippe MATHIEU, Paul MORIN, Éric PEUCH, Roger RENARD, Jean-Claude RODRIGUEZ, Gérald SIM, Patrice SOULLIÉ.
En pièces jointes : – Vidéo de présentation du document Défense et Mémoire – Texte intégral du document Défense et Mémoire – Présentation du lundi 24 juin 2024 au comité Aunis-Saintonge (vues)
Article écrit le 19 août 2023 par Nghia NGUYEN – 180e promotion Cardinal de Richelieu – Professeur agrégéau Lycée Jean Monnet (Cognac)
Dans un article particulièrement critique à l’encontre du Puy du Fou, l’universitaire Guillaume MAZEAU affirmait l’essentiel des arguments utilisés par les détracteurs du parc vendéen à savoir que celui-ci est une entreprise idéologique manipulant et falsifiant l’Histoire à des fins identitaires (1). Partant, l’œuvre du Puy du Fou resterait représentative d’une réaction anti modernité caractéristique des milieux conservateurs et traditionnalistes chrétiens. La conclusion qu’en tire M. MAZEAU, qu’il développe dans un ouvrage publié de manière concomitante, est que l’Histoire doit s’émanciper de tous les discours promouvant la Nation et l’identité nationale (2).
L’universitaire, dont l’article est au demeurant parcouru d’erreurs voire de contre-vérités (3), s’inscrit dans la réflexion de l’historienne Suzanne CITRON (1922-2018) (4) qui avait notamment pour ambition de refonder l’enseignement de l’Histoire de l’École primaire au Lycée en l’expurgeant de tous liens avec l’idée nationale. Cette orientation tout aussi idéologique que le nationalisme lui-même a abouti à la fondation d’une association en 2005 : le Comité de Vigilance face aux Usages publics de l’Histoire (CVUH). En dépit de son titre pouvant inspirer au premier abord la neutralité de la science historique dont il serait le gardien, ce comité réunit surtout des historiens de gauche et d’extrême gauche dont la « vigilance » cible avant tout, et bien évidemment, les adversaires politiques. Véritable vice ayant masque de vertu, ledit comité a, en fait, pour objectif de faire croire que tout ce qui se rattache de près ou de loin à l’histoire nationale est dans le meilleur des cas controversé et suspect voire, dans le pire des cas, condamnable.
L’article de M. MAZEAU est ainsi représentatif de ce « combat culturel » qu’il prête au Puy du Fou mais qu’il mène en réalité avec d’autres historiens, pour imposer une vision de « la bonne histoire » : celle qui serait par nature objective et neutre à laquelle viendrait en repoussoir une histoire orientée et à rejeter. Qu’en est-il réellement ?
Qu’est-ce que le roman national ?
Ce que les historiens du CVUH contestentdans l’oeuvre du Puy du Fou est une vision identitaire de l’histoire véhiculée par le « roman national », un genre qu’ils attaquent vivement. Il l’est d’autant plus que la dégradation de l’enseignement de l’histoire dans les écoles, collèges et lycées s’accompagne, de nos jours, d’un véritable intérêt populaire pour le passé comme en témoignent le succès des émissions de Stéphane BERN,Franck FERRAND et de manifestations telles les Journées du Patrimoine (5). L’écho réel que rencontre le Puy du Fou au sein de la population – et au-delà même de la France – ne fait que confirmer cet intérêt ; véritable demande culturelle à laquelle répond une vulgarisation historique et un roman national au grand dam de M. MAZEAU et du CVUH.
Qu’est-ce donc que ce roman national qui cristallise tant de la part de ses détracteurs et opposants mais continue d’émerveiller un plus grand nombre par ailleurs ? Le roman national est une forme de narration historique qui a pu désigner des choses très différentes selon les époques (6). L’historien David GAUSSEN a ainsi montré que bien avant la Révolution française, la Monarchie capétienne avait déjà son propre roman dans lequel étaient exaltées ses origines et sa légitimité. C’est cependant au XIXe siècle, à la confluence des littératures romantiques et nationales, que se structure véritablement le roman national tel que nous l’entendons aujourd’hui. De manière générale, il se présente comme une histoire racontant l’Histoire et dans laquelle les faits s’organisent au sein d’une destinée commune dont le personnage central n’est autre que la Nation. D’un côté le roman national a pu se présenter comme une fiction littéraire n’hésitant pas à faire intervenir des éléments légendaires, miraculeux ou prophétiques ; de l’autre comme une fresque présentant la France telle une entité déjà existante sur le temps long (depuis l’Antiquité) et mettant en perspective des personnalités et des événements fondateurs dont la succession au fil des siècles, les actions et les conséquences, aboutissent à la naissance d’une véritable nation française. Ce genre de fresque a été particulièrement représentée par une école historique à laquelle le nom de Jules MICHELET (1798-1874) est resté attaché.
Contemporain du mouvement romantique, issu de la bourgeoisie intellectuelle libérale et anticléricale, profondément influencé par les idéaux révolutionnaires de 1789, MICHELET a affirmé une « histoire totale » cherchant à expliquer le parcours de la nation française au fil des siècles (7). Il n’est pas le seul historien du roman national mais par l’ampleur de son oeuvre il en est considéré comme l’un des fondateurs modernes. Pénétré par « le sens des grandes forces collectives », il a surtout cherché à faire revivre dans son intégralité la chair historique, écrivant l’Histoire avec « un goût de l’homogène et de la continuité » comme a pu l’analyser Roland BARTHES (8). Ce faisant, il lègue une vision de l’histoire schématisée, souvent bipolarisée autour de forces contraires (le Christianisme et la Révolution par exemple). L’histoire de MICHELET est celle de « chaînes d’identités » où les destins individuels, ceux des rois ou de personnes (Jeanne d’Arc par exemple), annoncent ce que sera plus tard le Peuple français et la France. Cela amène l’historien a idéalisé une période comme le Moyen-Âge, matrice de l’époque moderne, et à projeter celui-ci dans une France vécue comme une personne. Cette France transcende dès lors ceux qui la constituent pour incarner l’idée d’une unité harmonieuse supérieure.
Historien d’une France républicaine à la recherche de son propre récit, MICHELET ne prétend pas à l’objectivité. Bien au contraire, il projette ses passions et ses émotions dans son écriture, non sans érudition mais à partir d’un puissant inconscient idéologique. L’histoire de MICHELET est une histoire vivante qui a marqué des générations d’historiens et qui a, incontestablement, ancré un roman national dans la psyché française. Étudiant cependant le passé avec une vision déformée par les lunettes du présent – et le biais de l’idéologie républicaine – MICHELET a depuis été remis en cause par les évolutions de l’épistémologie et de l’historiographie (9).
Si aujourd’hui le roman national ne peut plus être confondu avec l’écriture de l’Histoire au sens moderne est-il pour autant condamnable dans son intégralité ? Partant d’une trame factuelle qu’il romance et idéalise, il n’en demeure pas moins attaché à un fil historique permettant aux non historiens – c’est-à-dire l’immense majorité de la population pour ne pas dire la société – de renouer justement avec l’Histoire. Une histoire, il est vrai, inexacte mais qui est la première passerelle vers la vulgarisation puis, au-delà, la spécialisation. Si le roman national n’est plus l’Histoire proprement dite, par son caractère vivant il n’en demeure pas moins un créateur d’intérêt pour celle-ci, si ce n’est l’indispensable point d’entrée.
C’est ce pari que tente – visiblement avec succès – le Puy du Fou nonobstant l’opposition de ses détracteurs qui refusent de voir dans leurs contemporains cette demande d’ancrage dans le passé. Une demande qui s’opère, qu’on le veuille ou non, à partir d’une identification de la chair de la société actuelle avec celle du passé. Si l’Histoire, par la complexité de ses acteurs et de ses aléas, ne se laisse pas enfermer dans le roman national, ni dans une intention politique identitaire étroite, peut-on dire pour autant que l’identité des hommes, des groupes, des peuples, des civilisations n’existe pas ? L’Histoire dit justement le contraire que ce soit aux sources du réel comme de ses représentations les plus fantasmées.
Surtout, le procès en roman national et inexactitudes historiques intenté au Puy du Fou par certains universitaires n’a pas lieu d’être pour la bonne et simple raison que le Puy du Fou n’a jamais été une université, un IEP, ni une grande école, et encore moins avoir prétendu de près ou de loin vouloir se substituer à un quelconque organisme d’enseignement de l’histoire. Cela est d’autant plus ridicule que le principe même de cette critique devrait aussi, en toute logique, conduire ces universitaires à s’en prendre avec la même conviction au parc Astérix et à la vision qu’il véhicule des civilisations celte et romaine. Voire à la vision des Amérindiens ou autres peuples telle qu’elle apparaît dans l’univers de Disneyland Paris.
Derrière certains historiens se cachent des militants politiques
La question du roman national ne dit, au fond, qu’une chose : l’Histoire reste un objet profondément et passionnément politique. Pourtant, l’historien se doit d’être nuancé et conscient de la complexité des événements au point d’y gagner une authentique probité et reconnaissance intellectuelles. C’est toute la difficulté d’un métier dont l’écriture sera toujours inachevée et en tension du fait des nécessaires interprétations à donner à son objet même. Le bon historien n’a cependant pas pour mission de fournir des argumentaires idéologiques et médiatiques ; encore moins à se présenter comme un militant politique ce qui en soi et d’emblée le disqualifie ès qualités. Il devrait même, en toute honnêteté, pouvoir écrire des choses allant à l’encontre de ses convictions. On comprendra dès lors qu’au procès instruit au Puy du Fou en récit historique désuet et rétrograde, les contempteurs du roman national lorsqu’ils s’appellent Guillaume MAZEAU, Mathilde LARRÈRE et Laurence DE COCK ne sont guère à prendre au sérieux.
Quintessence du dévoiement idéologique de l’Histoire (et des sciences humaines de manière générale), ces historiens anti Puy du Fou relèvent non seulement d’un mélange des genres – une université instruit, un parc d’attraction divertit – mais également d’une démarche idéologique et politique plus soucieuse de faire entrer l’objet historique dans des cases de pensée que de l’éclairer. Comme ils le revendiquent, non sans orgueil, ils sont à « la recherche de vérité » (10) là où l’Histoire ne suit que des traces, tentant d’établir la réalité des choses qui se sont produites par le passé. Le reste n’étant qu’interprétations selon les apports d’une recherche toujours en mouvement au prisme de différentes époques.
L’objet de l’Histoire est le Réel et non la Vérité qui nous emmène dans une dimension morale. C’est cette recherche systématique d’un discours moralisateur, d’un jugement permanent étranger à l’histoire et réalisé à coup d’anathèmes médiatiques sur fond de cancel culture qui, paradoxalement, fonde l’immoralité caractéristique de ces militants politiques fussent-ils parés de titres universitaires. L’Histoire s’intéresse à la réalité des hommes fut-elle fallacieuse et faite de mensonges à commencer par le mensonge idéologique qui, en son essence et par définition, ne peut être vrai mais est pourtant bien réel quant aux tragédies humaines qu’il impose. La sincérité de cette « recherche de vérité » interroge par ailleurs de la part de personnes dont l’indignation, la rage et les haines intellectuelles et médiatiques sont si relatives – pour ne pas dire à géométrie variable – que ce soit à l’endroit de lois mémorielles, de personnes identifiées comme étant de droite, et d’autres causes relevant de ce que l’on appelle de nos jours la « bien-pensance » (11).
Ces historiens sont tous connus pour leurs engagements politiques à gauche voire à l’extrême gauche. À commencer par Nicolas OFFENSTADT (12) l’un des fondateurs de la CVUH avec Gérard NOIRIEL et Michèle RIOT-SARCEY. Cette dernière, partie du communisme, est aujourd’hui engagée dans les luttes intersectionnelles (13). À leurs côtés, on trouvera également Laurence DE COCK, membre du Parlement de la NUPES (14), qui fut présidente de la CVUH et préfaça la dernière édition du Mythe national de Suzanne CITRON. Mathilde LARRÈRE, également membre de la CVUH, a accompagné Jean-Luc MÉLENCHON du Parti de gauche au Parlement de la NUPES (15). Quant à Guillaume MAZEAU, il fut le thésard de Jean-Clément MARTIN lui-même descendant de l’école d’Albert MATHIEZ et de Georges LEFEBVRE, autrement dit l’école historique marxiste de la Révolution française.
À la façon d’un MICHELET qu’ils vouent aux gémonies, ces historiens font pourtant, eux aussi, de l’histoire avec des lunettes politiques et à partir de schèmes idéologiques bien identifiés. Tous infirment le mot de François FÉNÉLON (1652-1715), certes discutable, selon lequel « Le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays » (16) mais à la différence du grand historien de la IIIe République qui cherchait à construire à sa manière une unité de la Nation, les militants contemporains du « vivre-ensemble » ajoutent à leur idéologie le cynisme de la déconstruction anthropologique.
L’Histoire ne forme pas des patriotes mais l’École si
Si la notion de roman national apparaît, donc, bien plus ancienne et plus différenciée qu’on ne pourrait l’imaginer, c’est essentiellement avec la IIIe République et la naissance d’une instruction nationale qu’elle naît telle que fustigée de nos jours par les idéologues de gauche. De Suzanne CITRON à Nicolas OFFENSTADT, les militants du CVUH mettent en avant un engagement soit-disant “civique” et « républicain » devant constituer une digue intellectuelle contre l’extrême droite nationaliste et patriote. Tous professent du même credo : l’histoire n’a pas à former des patriotes et M. MAZEAU de s’indigner que « Les données collectées lors d’une enquête récente confirment la dangerosité de ces usages du passé : pour une partie des élèves de collège, l’histoire racontée au Puy du Fou serait plus fiable que celle de l’école, accusée d’être « officielle » et mensongère. » (17) Quand bien même cela serait-il vrai à qui revient la faute de manipulations idéologiques qui n’ont cessé de creuser la défiance vis-à-vis de l’institution scolaire ?
Durant des générations, l’Éducation nationale est restée aux mains de sociologues bourdieusiens et d’idéologues marxistes – aujourd’hui wokes – qui se sont acharnées à dénaturer et à pervertir une instruction qui se devait de rester gratuite (au sens désintéressée), neutre et respectueuse des élèves et des familles. Or combien de professeurs ont-ils confondu à dessein leurs salles de classe avec la cellule d’un parti politique ou d’une section syndicale ? Un Alexis CORBIÈRE (Lettres-Histoire) comme une Nathalie ARTHAUD (Économie-Gestion) en sont les exemples les plus caricaturaux dont on imagine sans peine le genre de « cours » qu’ils ont pu donner à leurs élèves des années durant.
Le ver n’était-il cependant déjà pas dans le fruit quand on sait que l’école républicaine a, elle aussi, été conçue dès l’origine comme une arme contre les opposants de la République ? Les hussards noirs avaient ainsi pour mission de faire accepter le nouveau régime par les Français partant de combattre les deux adversaires identifiés de la République : la Monarchie et le Catholicisme. Voilà pourquoi l’École française reste – très certainement plus qu’ailleurs exception faite des pays autoritaires – une institution éminemment politique et politisée davantage en charge d’une éducation que d’une instruction comme son nom l’indique par ailleurs.
Les hussards de la République avaient cependant pour eux un esprit de vocation, l’idée d’une transcendance, une rigueur intellectuelle que l’on chercherait en vain, de nos jours, dans nombre de salles des professeurs d’écoles, de collèges et de lycées. Ils avaient pour eux une exigence personnelle et pour leurs élèves une estime qui ont fait vivre des générations durant l’idée méritocratique. Leur élitisme était généreux et ouvert contrairement au monde de l’entre-soi d’un Jean-Clément MARTIN ou d’un Guillaume MAZEAU qui voudraient faire de l’histoire une science uniquement réservée à des spécialistes afin de mieux pouvoir en contrôler les orientations idéologiques. La discipline serait ainsi confisquée au profit d’une hypercritique intellectuelle uniquement réservée à une caste académique et militante dont l’objectif serait de relativiser (et de faire oublier) ce qui gêne d’un côté et de magnifier entre hier et aujourd’hui de l’autre. Bref, c’est la volonté d’écrire un autre roman mais en rendant, cette fois, la confrontation des idées et des analyses non souhaitable. À la manière d’un terrorisme intellectuel qui marginaliserait d’entrée de jeu ses contradicteurs, il n’y aurait ainsi qu’une façon d’aborder les faits (18).
Si l’histoire n’a pas pour vocation de former ni des patriotes ni des citoyens, il n’en est pas de même pour une instruction civique dont l’École républicaine s’est donnée pour mission d’en faire le ciment éducatif de la société dès le XIXe siècle. Qu’elle fût par la suite nommée et renommée Éducation civique, Éducation Civique Juridique et Sociale ou Enseignement Moral et Civique, sa réalité demeure fondamentalement la même : faire comprendre qu’il ne peut y avoir de société sans valeurs partagées et que ce partage implique d’abord des devoirs et ensuite des droits. Cela fait malheureusement depuis longtemps que l’école actuelle ne répond plus à sa principale mission qui est de transmettre à la fois connaissances et valeurs partagées. Pire, elle a inversé la hiérarchie du sens commun faisant désormais passer les droits des individus devant les devoirs du citoyen. Cependant, quelle que soit l’appellation de l’enseignement – et si les mots ont encore un sens -, il ne pourrait y avoir d’Éducation civique digne de ce nom sans devoirs dont le premier demeure celui de la défense du pays et de la Nation.
Si l’histoire n’a pas vocation à former des patriotes – à savoir des personnes suffisamment amoureuses de la terre de leurs pères pour vouloir en défendre et féconder l’héritage -, elle n’en demeure pas moins toute entière traversée de luttes, de sacrifices, de causes et de héros. N’en déplaise aux partisans d’une histoire mondiale dont font partie les détracteurs du roman national mais c’est d’un groupe culturellement homogène qu’est née la Cité dont l’appartenance se fondait sur un seul et premier devoir : sa défense. Ce n’est donc pas l’Éducation civique mais l’Histoire qui trace le chemin qui va de la cité-État à l’État nation. Alors si l’histoire en tant que discipline scientifique n’a pas à former des patriotes, elle n’est pas non plus étrangère à l’intérêt profond porté à la terre et à la communauté culturelle qui l’habite, et c’est cela qui fonde in fine le patriotisme. L’histoire occupe ainsi une place aussi naturelle qu’elle est essentielle dans l’enseignement de défense et la géopolitique. Elle demeure profondément liée à l’Esprit de défense si l’on comprend que celui-ci dépasse les seuls intérêts marchands et économiques d’une société à un moment donné. Une communauté humaine sans histoire et sans patriotes ne pourra pas conscientiser un Esprit de défense. Inversement, il ne pourra jamais y avoir de patriotisme sans un rapport amoureux à la terre des pères, et cela passe par l’Histoire qu’elle soit ou non déformée au prisme du roman national.
Et le Puy du Fou dans tout ceci ? Il reste plus que jamais conforme à ce qu’il est à savoir un parc d’attraction à succès qui – par le divertissement – donne à aimer l’Histoire de France plus qu’à l’analyser comme le ferait un cours d’histoire : ce qu’il n’est pas. Fictif tout en détenant une part de réel, le roman national est-il donc nécessaire ? En fait, la question qu’il pose ne devrait pas relever de l’utilité si ce n’est à vouloir se poser la question de la place du rêve dans nos existences. Le rêve nous est-il utile ? On pourrait aussi s’interroger autrement à savoir ce que seraient nos vies sans le rêve ? Pour les uns, il permet d’avancer et de déplacer des montagnes ; pour d’autres sa confusion permanente avec le réel peut présenter des dangers. Le roman national sert avant tout à imager l’Histoire à un âge où les individus ne sont pas encore capables de prendre une conférence en notes ni d’accéder aux concepts permettant d’approfondir la science historique. En d’autres termes, il permet l’éclosion d’un intérêt pour l’Histoire, voire d’une première conscience historique dès l’âge de l’enfance. Libre ensuite à certains de ces enfants devenus adultes, de vouloir creuser le sillon de la science du passé aidés en cela par des Maîtres dont l’érudition, la droiture, la capacité à distinguer un fait d’une opinion ne feront pas défaut.
Cf. DE COCK (Laurence), LARRÈRE (Mathilde), MAZEAU (Guillaume), L’Histoire comme émancipation, Agone, 2019, 128 p.
Cf. Le droit de réponse exercé par le Puy du Fou à la suite de MAZEAU (Guillaume), « Le Puy du Fou : sous le divertissement, un « combat culturel », op. cit.
Cf. CITRON (Suzanne), Le mythe national. L’Histoire de France revisitée, Éditions de l’Atelier, 2019, 357 p.
Cf. On y ajoutera aussi des succès de librairie comme DEUTSCH (Lorànt), Métronome. L’histoire de France au rythme du métro parisien, Pocket, 2014, 432 p.
Cf. Pour approfondir cette question lire GAUSSEN (David), Qui a écrit le roman national ? De Lorànt Deutsch à Patrick Boucheron, l’histoire de France dans tous ses états, Éditions Gaussen, 2020, 253 p.
Cf. MICHELET (Jules), Histoire de France, Flammarion, 2013, 576 p.
Cf. BARTHES (Roland), Michelet, Seuil, 1995, 192 p.
Cf. SAMARAN (Charles) dir. L’Histoire et ses méthodes, Encyclopédie de la Pléiade, Bruges, Gallimard, 1961, 1174 p. BOURDÉ (Guy) et MARTIN (Hervé), Les écoles historiques, Seuil, 1983, 418 p. CAIRE-JABINET (Marie-Paule), Introduction à l’historiographie, Armand Colin, 5e éd. 2020, 224 p.
Cf. MAZEAU (Guillaume), « Le Puy du Fou : sous le divertissement, un « combat culturel », op. cit.
Cf. Revue des Deux Mondes, « Les bien-pensants. De Rousseau à la gauche « morale » l’histoire du camp du bien », février-mars 2016, 224 p. Lire également MORICE KERNEVEN (Ayrton), « Franck Ferrand « réac » : quand Libération nous offre un cas d’école de mauvaise foi et d’hypocrisie », in Le Figaro, 18 juillet 2023.
Cf. OFFENSTADT (Nicolas), L’histoire, un combat au présent, Textuel, 2014, 96 p.
Cf. VALENTIN (Pierre), « L’idéologie woke. Anatomie du wokisme », FONDAPOL, juillet 2021, 60 p. Théorisée par la juriste américaine Kimberle Williams CRENSHAW, et s’inspirant de la lutte des classes marxiste, l’intersectionnalité est l’autre nom du Wokisme qui n’entrevoit l’Humanité que sous un ensemble de dominations et d’exploitations qu’il faut combattre en faisant converger et se recouper (intersections) toutes les grandes luttes sociales et sociétales contre les inégalités et discrimination qu’elles soient raciales, économiques et sociales, de genres, sexuelles, religieuses. Partant, l’idéologie intersectionnelle/woke préconise la déconstruction de toutes les normes anthropologiques qui fondent les identités ethniques, culturelles, sexuelles, sociales.
Communication de Sarah El Haïry Secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du SNU
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Mesdames et Messieurs les secrétaires généraux des associations d’auditeurs de l’IHEDN,
Chers amis,
Madame Sarah El Haïry, secrétaire d’état chargée de la jeunesse et du SNU a souhaité vous adresser personnellement un courrier dans lequel elle reprécise ce qu’est le service national universel, son ambition et ses objectifs, car plus que jamais il est nécessaire d’encourager et développer la culture de l’engagement chez les jeunes.
Ce courrier a vocation à être largement diffusé auprès de vos membres, auditeurs et membres associés de vos associations, car tous n’ont pas forcément une idée claire de ce qu’est le service national universel, SNU dans lequel votre engagement pourra être davantage sollicité.
Par Maxence JOUANNET – Auditeur du Comité Aunis-Saintonge – Colonel de Sapeurs-Pompiers en retraite – Ancien directeur départemental du SDIS 87 – Limoges
La commission mémoire, une des huit commissions de la Fédération nationale André-Maginot (FNAM), est placée sous l’autorité d’Henri Schwindt, président délégué de la FNAM, et repose sur deux pôles : Mémoire et Jeunesse.
La commission Mémoire représente le deuxième poste de fonctionnement de la Fédération. Elle a pour vocation principale la préservation et la transmission de la mémoire.
Sa nouvelle ambition : se tourner vers l’avenir en impliquant la jeunesse du pays. Elle l’amène à élaborer des partenariats pour faire vivre les valeurs de la République tout en relayant les messages de paix, d’engagement et de fraternité des « anciens » combattants vers les plus jeunes.
La Fédération nationale André-Maginot s’engage sur plusieurs chantiers dans sa mission de transmission de la mémoire en s’amarrant à plusieurs dispositifs dont le succès n’est plus à démontrer :
– Les Rallyes citoyens. – Les Classes de Défense et de Sécurité Globales (CDSG). – Les Cadets de la Défense.
En pièce jointe, une copie du dossier Mémoire et Jeunesse [La Charte N° 1– Janvier – Février – Mars 2022] CHARTE-1-2022_Mémoire et Jeunesse_Web.pdf
Quatre ans après le début de l’expérimentation du service national universel, Éric Jeansannetas, rapporteur spécial de la mission « Sport, jeunesse et vie associative » a présenté devant la commission des finances les conclusions de son contrôle budgétaire sur le service national universel (SNU).
Les retours sur la qualité du séjour de cohésion sont positifs : 9 jeunes sur 10 sont satisfaits. Dans le même temps, l’expérimentation a révélé les obstacles majeurs qui se dressent devant le projet de généralisation du service national universel.
Sur l’encadrement des jeunes, la généralisation du SNU supposerait de recruter entre 15 000 et 50 000 encadrants selon le scénario choisi. Cela impliquerait de créer une véritable « filière » du service national universel, qui nécessiterait plusieurs années pour être opérationnelle.
Sur l’hébergement, les places d’internats en établissements scolaires ne sont pas assez nombreuses pour accueillir les jeunes, et les centres de vacances d’une taille suffisante pour recevoir un séjour de cohésion sont rares. Alors que l’objectif est de 200 jeunes par centre, les centres capables d’héberger des mineurs disposent de 96 places en moyenne. La difficulté de trouver des sites d’hébergement, déjà fortement constatée durant l’expérimentation, risque de conduire à des surcoûts importants.
Enfin, la logistique requise pour accueillir l’ensemble d’une classe d’âge (840 000 jeunes) est sans commune mesure avec les dimensions de l’expérimentation (32 400 jeunes en 2022), ce qui supposerait la création d’une véritable administration du service national universel. Le coût par an du SNU généralisé serait vraisemblablement supérieur à 2 milliards d’euros.
Au regard de ces éléments, le rapporteur préconise de surseoir au projet de généralisation du séjour de cohésion, afin de lever les incertitudes qui demeurent sur ce projet. Il réaffirme également la nécessité que le Parlement puisse se prononcer sur le service national universel.
Les recommandations du rapporteur spécial (à l’égard du Gouvernement)
1. Surseoir au projet de généralisation du séjour de cohésion.
2. Supprimer la phase 2 du service national universel, « la mission d’intérêt général », au profit de la phase 3, la phase d’engagement volontaire sur plusieurs mois.
3. Davantage valoriser l’accomplissement de la phase d’engagement volontaire via Parcoursup.
4. Garantir que le Parlement puisse se prononcer sur le service national universel.
Courier du Président de l’AR-18 IHEDN Poitou-Charentes à tous les adhérents de notre association.
Mes chers camarades, en ce début d’année, je viens vous renouveler mes meilleurs vœux et particulièrement une bonne santé.
Je souhaite également vous remercier du précieux soutien que vous apportez à notre association IHEDN Poitou-Charentes. En retour, Je me dois de vous en présenter les évolutions majeures, de même que le bilan de notre action en 2022.
Les évolutions majeures :
Fin 2021, les services fiscaux ont bien voulu donner une suite favorable à notre requête, accordant le statut « d’association d’intérêt général » à notre association. Ce nouveau statut nous permet de délivrer des reçus fiscaux aux bénévoles engagés dans des actions spécifiques.
Depuis sa création, notre site internet est tenu régulièrement à jour et une veille est également assurée pour détecter les connexions indues. Vous pouvez vous connecter à ce site, vous y trouverez toutes les informations relatives à la vie de notre association.
Le bilan de notre action en 2022 :
Notre effectif pour l’année 2022, est composé de 78 auditeurs et de 16 membres associés, soit 94 adhérents.
Au-delà des réunions mensuelles dans chaque département, des réunions trimestrielles du comité directeur et du trinôme académique, notre association a eu une activité diversifiée.
Service National Universel
Notre association régionale s’est inscrite dans la formation dispensée au jeunes volontaires du Service National Universel, lors de la Journée Défense et Mémoire animée par le Ministère des Armées.
En 2020 huit auditeurs et membres associés, se sont portés volontaires pour participer à une formation dispensée par le Centre du Service National et de la Jeunesse de Poitiers.
“Ce stage” donnait capacité à nos camarades pour intervenir auprès des jeunes du SNU.
En 2022, 8 prestations ont été assurées dans les différents centre SNU de la région. Il s’agit d’un important travail de sensibilisation des jeunes aux questions de défense que nous avons assuré.
À travers ces opérations, c’est également la crédibilité de notre association qui était en jeu. Le bilan est largement positif. Que tous les intervenants de l’AR-18 en 2022, en soient chaleureusement remerciés. Cet élan a suscité d’autres candidatures pour s’inscrire dans cette démarche. Trois nouveaux camarades se sont portés volontaires pour 2023.
225° session régionale IHEDN
En janvier 2022, nous avons accueilli au Conseil départemental de la Charente-Maritime, la première semaine de la 225ème session régionale IHEDN qui s’est déroulée en Nouvelle Aquitaine. A l’issue, 4 nouveaux auditeurs ont rejoint nos rangs. Je leur souhaite la bienvenue.
Esprit de Défense et Engagement dans la France d’aujourd’hui
À la suite d’un déplacement à Bordeaux, visant à assister à la restitution des travaux du sujet national 2021-2022, un groupe de travail a été mis en place pour traiter le sujet national 2022-2023. Animé depuis la Charente-Maritime, ce groupe travaille sur le thème « Esprit de Défense et Engagement dans la France d’aujourd’hui ».
Des équipes constituées dans chaque département ont participé à l’animation des rallyes citoyens dans le cadre du trinôme académique.
Rallyes citoyens
Cinq rallyes ont été organisés en 2022 dans notre région, dans la Vienne (1), les Deux-Sèvres (1), la Charente (1) et la Charente- Maritime (2). Rassemblant des jeunes des collèges et de lycées. Ces manifestations sont organisées en étroite coopération avec le Rectorat de Poitiers qui dirige le trinôme académique, et le Ministère des Armées qui assure l’importante logistique de ces manifestations. Nos interventions dans ces rallyes citoyens, visent à finaliser, en amont, les demandes de subventions effectuées auprès d’une commission dédiée à Paris, à laquelle nous participons, et à proposer des activités de réflexions sur la thématique de la défense (questionnaires à choix multiples, jeux etc..).
Cycle de conférences
Trois conférences vous ont également été proposées. Deux d’entre-elles ont été animées par des parlementaires (Niort, Poitiers). Membres de la Commission de la Défense à l’Assemblée Nationale. Ces élus de la République, se sont vu remettre, à cette occasion, la médaille de l’Union IHEDN, fédération d’associations à laquelle nous sommes affiliés. La troisième conférence traitait de la thématique des drones, sujet d’une actualité particulièrement brûlante (Poitiers).
Un cycle de 7 conférences a été réalisé auprès des élèves de le la classe défense du Collège Jeanne d’Arc de Surgères en Charente-Maritime.
Correspondants Défense
Un rassemblement des correspondants Défense des conseils municipaux a également été initié, et organisé en coopération avec le Ministère des Armées sur la base aérienne 721 de Rochefort-Saint Agnant en Charente-Maritime. Il s’agissait, en l’espèce, lors d’une journée complète, de présenter à ces élus, l’organisation de la défense en France, et de leur donner des pistes de réflexion pour orienter, si nécessaire, les jeunes de leurs communes, vers des métiers correspondant à leurs aspirations.
Colloque Cybersécurité
Un colloque sur le thème de la cybersécurité a été organisé à Rochefort en Charente Maritime en coopération avec la mairie. Ouvert au public, l’objectif visait aussi à sensibiliser les jeunes de l’éducation nationale,aux risques liés aux réseaux sociaux.
Journée de l’Engagement
Notre AR a également participé à la Journée de l’Engagement organisée par le rectorat de Poitiers à Niort. À cette occasion, notre association a été présentée et mise en valeur.
Formation des enseignants
Nous avons également participé à l’organisation d’une journée de formation des enseignants aux questions de défense globale, laquelle s’est déroulée au lycée Grégoire à Angoulême en Charente.
Pour terminer, un travail sur le thème de la résilience a été finalisé par le Comité de la Charente en décembre dernier. Il sera bientôt disponible sur notre site internet.
Voilà, mes chers camarades, les points importants qui ont marqué la vie de notre association en 2022.
Nous devons ce bilan, d’abord à votre soutien, au dynamisme et à l’engagement du bureau de l’association et du comité directeur, mais aussi à l’implication de nombreux adhérents dans les actions spécifiques évoquées supra ; Je tiens personnellement à les remercier.
Pour 2023 nous avons d’autres projets. Le premier de l’année a déjà été exécuté, puisque nous avons visité début janvier la Base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard qui assure la formation des pilotes de l’armée de l’air qui dispose d’un régiment opérationnel de drones.
Je suis bien évidemment preneur de vos observations et ouvert à toutes vos suggestions.
Vous pouvez me contacter, de préférence par messagerie à paul.morin@orange.fr en mettant en copie votre président départemental. Veuillez mettre en objet IHEDN/AR-18 de la part de… Je vous répondrai avec grand plaisir. Si vous souhaitez partager un article, une notification, faites-moi parvenir le document par votre président départemental. Après lecture, nous le ferons suivre à tous les adhérents de notre association.
PROPOSITIONS POUR UNE SYNERGIE DU PARCOURS CIVIQUE
ParBernadette Grignon ex-Vice-Présidente de l’AR-18 Responsable pour le comité 17 de l’AR-18 du rallye citoyen en Charente-Maritime
Première proposition.
Une idée que j’ai évoquée auprès de Paul Morin, président de l’AR-18, de Madame Le Pesant, Directrice de cabinet (Cabinet DASEN de Charente-Maritime) et du Lieutenant-colonel Xavier Ancelle, DMD – adjoint de la Charente-Maritime, à savoir celle d’un tee-shirt au logo national (c’est-à-dire le même) pour tous les élèves de tous les rallyes citoyens organisés par tous les Trinômes : cela irait dans le sens de l’exigence de l’esprit civique que l’Education nationale s’efforce d’inculquer aux élèves, et le rallye citoyen des Trinômes académiques devrait s’inscrire officiellement dans le « parcours civique » de formation à la citoyenneté, commencé dès l’école primaire et développer tout au long de la scolarité.
Il faudrait mettre sur ce tee-shirt les trois logos : Armée, Education nationale, IHEDN ; ce pourrait même faire l’objet d’un concours national auquel participeraient les élèves de l’option Arts plastiques.
Participer à ce concours pour le design du logo, porter ce tee-shirt au logo national ne pourraient que créer un esprit d’équipe « national » et donner ses lettres républicaines aux rallyes organisés par les Trinômes dont les actions, voire l’existence même, ne sont pas toujours bien connues, quand ce n’est pas tout simplement inconnues, dans les établissements scolaires de France.
Cette initiative irait dans le sens du dynamisme civique de l’Éducation Nationale lequel passe nécessairement par une information commune d’actions trop souvent ignorées des élèves comme des parents et, de manière paradoxale, dans le milieu même de l’Éducation Nationale.
Une preuve de ce que chacun œuvre dans son pré carré, sans communication suffisante de ces actions auprès de tout public, surtout scolaire, ressort encore du contenu de la visioconférence organisée par l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) en partenariat avec Unéo, la mutuelle des forces armées, le 3 mai 2022 de 18h30 à 20h, dont le sujet était :
« Le lien armées-jeunesse : Quel rôle pour les armées dans la construction de la citoyenneté et de la cohésion nationale ? »
Allocutions d’ouverture :
Éliane GARRABE, médecin générale inspectrice (2S), première vice-présidente d’Unéo ;
Jean-Pierre MAULNY, directeur adjoint de l’IRIS qui s’est fourvoyé en parlant de « suppression » du service militaire, ce qui a été rectifié par Daniel MENAOUINE.
Autour de :
Daniel MENAOUINE, Général de corps d’armée, directeur du service national et de la jeunesse qui faisait partie de la table ronde avec :
Mathilde HERMAN, vice-présidente des Jeunes IHEDN ;
Sébastien JAKUBOWSKI, professeur des universités, sociologue à l’Université de Lille, directeur de l’INSPE de l’Académie de Lille.
Au cœur des priorités du ministère des Armées et partie intégrante du lien Armées-Nation, le lien Armées-Jeunesse revêt de multiples enjeux. La fin de la conscription au début des années 2000, remplacée par les Journées défense et citoyenneté (JDC) auxquelles participent chaque année près de 800 000 jeunes, a contraint les armées à repenser leur rôle social, et notamment leur façon de contribuer au renforcement de la cohésion nationale et à la mixité sociale. C’est le cas à travers des dispositifs d’insertion socio-professionnelle tels que le SMA depuis 1961 et le SMV depuis 2015, mais également par des actions menées en faveur de la jeunesse de façon plus large, tels que les « lycées de la défense », la plateforme « 1re expérience défense », ou encore par sa contribution au Service national universel (SNU), des dispositifs coordonnés depuis mars 2021 au sein de l’« Ambition armées-jeunesse » du ministère.
À l’heure où les forces armées sont mobilisées de façon accrue, que ce soit sur le territoire national ou en opérations extérieures, comment articuler leur mission première de protection du territoire et de la population, avec leur action en faveur de la jeunesse ? Quel est l’avenir du lien Armées-Jeunesse ?
L’échange a fait ressortir les préjugés que l’on trouve en France concernant ce que l’on peut appeler « la diplômite », le manque de considération des formations non universitaires, et surtout a témoigné du manque de coordination vraiment efficace de toutes ces actions dans un parcours civique national incluant :
Les Jeunes de l’HEDN, le SNU, la JDC, et la classe de Troisième (Voir l’annexe).
Deuxième proposition.
Le parcours civique, depuis le collège, devrait donc être présenté dans uneplaquette (ou flyer) qui serait donnée dès la Troisième aux élèves pour les informer et leur expliquer les différentes étapes de ce parcours citoyen incluant les possibilités de participation à venir : JDC, SNU, Les Jeunes de l’IHEDN.
Les rallyes citoyens organisés par le Trinôme académique dans les départements devraient s’y trouver également.
Il devrait y avoir obligation pour le chef d’établissement de présenter le Trinôme académique et ses actions dans le discours inaugural de l’année scolaire à la rentrée de septembre, pour ne plus avoir à déplorer la méconnaissance de l’existence du Trinôme aussi bien auprès d’élèves que de leurs parents, comme de trop d’enseignants.
Troisième proposition.
Dans cet esprit de clarté et d’homogénéisation de l’ensemble des actions proposées, il faudrait apprendre aux élèves, dès la Quatrième, à faire leur C.V. pour les sensibiliser au monde professionnel dans lequel ils devront faire leur stage de Troisième, stage d’observation dont l’objectif est l’occasion dedécouvrir le monde du travail, partager le quotidien de professionnels, bénéficier d’une expérience concrète en se confrontant aux réalités concrètes du travail.
Le stage de Troisième :
Est précédé d’un temps de préparation, qui serait l’occasion ou jamais de tester leur savoir-faire du C.V. et de la lettre de motivation,
Et suivid’un tempsde restitution, puisque les élèves font un rapport de stage dans lequel ils peuvent s’exprimer sur ce qu’ils ont vu, vécu, et revenir sur leurs activités et leurs impressions.
Ce stage qui a pour but de permettre aux élèves de gagner en autonomie, de prendre confiance dans un nouvel environnement, d’enrichir leur culture générale citoyenne et, éventuellement, de confirmer un projet d’orientation personnel, devrait être relié au parcours civique.
La confiance en soi que cherche à faire acquérir artificiellement l’épreuve de rhétorique au baccalauréat, pourrait se forger en profondeur du collège au lycée, soutenue par une réflexion sur soi encadrée par un professeur compétent, dans le cadre du « parcours civique », et faire comprendre la valeur de l’émulation dans le respect de l’autre.
BILAN.
Le « parcours civique » devrait donc exprimer la synergie de ces activités spécifiques :
Information par la plaquette et amorce du C.V. en classe de Quatrième ;
Stage d’observation du monde professionnel en Troisième ;
Participation possible à un rallye citoyen soit au collège, soit au lycée ;
JDC et recensement ;
SNU ;
Les Jeunes de l’IHEDN.
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ANNEXE
Les Jeunes IHEDN (anciennement l’Association nationale des Auditeurs jeunes de l’Institut des Hautes Études de Défense nationale – ANAJ-IHEDN en 1996) est une association loi de 1901, regroupant des jeunes, étudiants ou professionnels de 20 à 35 ans) ayant suivi une formation au sein de l’IHEDN, institut dépendant des services du Premier Ministre, ayant pour mission de promouvoir la réflexion sur les problématiques de défense nationale et les relations internationales.
Le Service national universel (SNU), programme mis en place par Édouard Philippe à partir de 2019 pour succéder indirectement au service militaire en France suspendu par Jacques Chirac depuis 1996 (cette décision prend effet avec la loi no 97-1019 du 28 octobre 1997), est un projet d’émancipation de la jeunesse, complémentaire de l’instruction obligatoire. Sa mise en œuvre poursuit les objectifs suivants :
La transmission d’un socle républicain ;
Le renforcement de la cohésion nationale – qui s’appuie sur l’expérience de la mixité sociale et territoriale comme sur la valorisation des territoires ;
Le développement d’une culture de l’engagement et l’accompagnement de l’insertion sociale et professionnelle ;
Le Service national universel s’adresse à tous les jeunes de 15 à 17 ans pour une société de l’engagement, et s’articule en trois étapes clés :
Un séjour de cohésion de deux semaines visant à transmettre un socle républicain fondé sur la vie collective, la responsabilité et l’esprit de défense. Ce séjour est réalisé en hébergement collectif, dans un département autre que celui de résidence du volontaire. Au cours de ce séjour, les jeunes volontaires participent à des activités collectives variées et bénéficient de bilans individuels (illettrisme, compétences notamment numériques) ;
Une mission d’intérêt général visant à développer une culture de l’engagement et à favoriser l’insertion des jeunes dans la société. Fondées sur des modalités de réalisation variées, 84 heures effectuées sur une période courte ou répartie tout au long de l’année, ces missions placent les jeunes en situation de rendre un service à la Nation. Au cours de cette mission d’intérêt général, en fonction de leur situation, les volontaires peuvent également être accompagnés dans la construction de leur projet personnel et professionnel ;
La possibilité d’un engagement volontaire d’au moins 3 mois, visant à permettre à ceux qui le souhaitent de s’engager de façon plus pérenne et personnelle pour le bien commun. Cet engagement s’articule principalement autour des formes de volontariat existantes : service civique, réserves opérationnelles des Armées et de la gendarmerie nationale, sapeurs-pompiers volontaires, service volontaire européen, etc. Cet engagement volontaire peut être réalisé entre 16 et 30 ans.
La Journée Défense et Citoyenneté (JDC) dénommée jusqu’en 2011Journée d’Appel de Préparation à la Défense (JAPD), est une journée d’appel instituée en 1997 en France dans le cadre de la réforme du service national portée par Jacques Chirac : l’objectif de la JDC est d’aborder différentes problématiques dont les principales sont la citoyenneté et les questions liées à la Défense. La JDC vise également à favoriser le recrutement dans les différentes armées et services du Ministère des Armées ou dans la réserve militaire.
La JDC est la troisième étape du parcours de citoyenneté obligatoire pour tous les jeunes de nationalité française :
La première étape est l’enseignement de défense dispensé en classe de Troisième dans le cadre des cours d’enseignement moral et civique ainsi qu’en classe de Première dans le cadre des cours d’Education Civique, Juridique et Sociale (ECJS) ;
La seconde étape est le recensement obligatoire en mairie.
Pour rappel, les modalités du stage de Troisième :
Le stage concerne principalement les élèves de 3e, à partir de 14 ans. Depuis 2019, la loi relative à la liberté de choisir son avenir professionnel autorise les élèves de moins de 14 ans, des classes de 4e ou de 3e, à effectuer leur séquence d’observation dans une entreprise régie par le droit privé ;
Ce stage peut être d’une durée de 5 jours consécutifs ou non, individuellement ou collectivement, il peut aussi être divisé en plusieurs périodes, de 3 jours puis de 2 jours par exemple ;
Une convention obligatoire, signée entre l’établissement et l’entreprise ou l’organisme d’accueil, détaille les conditions d’encadrement et de suivi de l’élève, et garantit les conditions de sécurité, conformément aux dispositions du code du travail.
L’Institut [IHEDN] et l’Union-IHEDN, nos maisons mères bougent et se réorganisent.
Tous ensemble, nous devons accompagner ce changement pour la réussite de la mise en place du Service National Universel [SNU] au niveau départemental. A cet effet, il est impératif de voir converger nos actions au niveau régional.
Il est donc suggéré la création d’un « Comité d’entente des auditeurs IHEDN en Nouvelle-Aquitaine » et la mise en place d’une « Charte de fonctionnement » définissant un lien de subordination fonctionnelle entre les trois associations régionales et les modalités de concertation.
Un projet de rédaction de cette « Charte de fonctionnement » est téléchargeable en bas de page (version n° 1 du 16 février 2020)..
Les quatre responsables départementaux, correspondants de l’Union-IHEDN, pour le Service National Universel (SNU) sont les Vice-Présidents :
Dominique FAURE pour le 16
Paul MORIN pour le 17
Jean-Louis LOBSTEIN pour le 79
Marc FIARD pour le 86
En Charente-Maritime, la cheffe de projet SNU 17 est Mme Marion ROBIN, Inspectrice Jeunesse et Sports, Cheffe du service Politiques Éducatives Jeunesse et Sports.
Les auditeurs de l’IHEDN en région peuvent être sollicités dans le cadre d’une des deux phases :
Lors de la phase 1 dite de cohésion (12 jours), la Journée Défense et Mémoire nationales (JDM) permet aux jeunes volontaires d’aller à la rencontre des armées. En juin 2020, la direction du service national et de la jeunesse a planifié et prévu de conduire de l’ordre de 200 JDM identiques pour tous les centres SNU. L’Union-IHEDN et la DSNJ souhaitent associer des auditeurs IHEDN locaux à l’animation du jeu de plateau collaboratif Décision Défense pour venir en appui des animateurs militaires lors de la JDM. À compter de cette année, la mobilisation notamment des auditeurs de I’lHEDN, susceptibles d’apporter leur contribution à la JDM, est recherchée sur tout le territoire en s’intégrant dans les équipes des centres du service national (CSN), qui pilotent la JDM au profit des centres SNU. À cet effet, les 33 CSN prendront contact, sous couvert des 5 établissements du service national (ESN), avec les associations régionales IHEDN pour définir ensemble les modalités pratiques de leur engagement.
La phase 2 dite mission d’intérêt général (12 jours ou 84 heures) est fondée sur des modalités de réalisation variées en cohérence avec la construction du projet personnel et professionnel des jeunes appelés. Les trinômes académiques ont toute légitimité à prendre part à ces missions d’intérêt général, car ils couvrent tout le territoire et conduisent des actions de terrain au plan départemental et régional. Les trinômes fixeront, par académie, le nombre et la nature des missions d’intérêt général d’enseignement de défense qui seront présentées au recteur d’académie et validées à l’échelon préfectoral.
En pièces jointes, les deux lettres officielles « fondatrices » relatives au SNU, dont l’Union-IHEDN est signataire avec les deux ministères concernés :
l’une bipartite avec MINARM/DSNJ sur la phase 1 du SNU(phase de cohésion) ;
l’autre tripartite et interministérielle sur la phase 2 du SNU(phase de missions d’intérêt général) avec MINARM/DPMA et MINEDU/DGESCO.