Naufrage du Lancastria

Hommage aux soldats et victimes civiles britanniques décédés suite au naufrage du Lancastria le 17 juin 1940 au large de Saint-Nazaire.

Par Gérald SIM – Professeur agrégé d’histoire-géographie au collège Pierre Mendès France de La Rochelle, chargé de cours à l’université de La Rochelle.
– Docteur en histoire contemporaine de l’Université de Nantes et spécialiste des relations franco-américaines au XIXe siècle.
– Auditeur de la 198e session en région (promotion « Capitaine Charles N’Tchoréré ») de l’Institut des hautes études de défense nationale (2014).

Le 16 juin 2023, les élèves de la classe de défense du collège Pierre Mendès France, dirigée par Gérald SIM, et les volontaires du 3e Régiment du Service militaire volontaire de La Rochelle ont souhaité rendre hommage aux soldats et aux victimes civiles britanniques décédés suite au naufrage du Lancastria le 17 juin 1940, en déposant au cimetière de Bois-Plage-en-Ré une urne contenant de la terre et des pierres provenant du Royaume-Uni. Voir [Annexe 1] et [Annexe 2]

En France, 41 cimetières, répartis en Loire-Atlantique, Vendée et Charente-Maritime, abritent les sépultures des victimes dont les corps ont échoués sur nos plages. Un mémorial commémoratif a été érigé à Saint-Nazaire.

En Charente-Maritime, 27 cimetières sont concernés dont celui de Bois-Plage-en-Ré qui dénombre 13 tombes. Voir [Annexe 3]

Cette manifestation mémorielle est organisée à partir de travaux réalisés par la classe de défense sous la conduite pédagogique de Gérald SIM. Cet évènement a eu lieu en présence de différentes autorités locales. Maire de la commune, conseiller départemental, DMD adjoint, le service départemental de l’ONaCVG de Charente-Maritime.

Paul MORIN, président de l’AR-18, assistait à la cérémonie accompagnée par Jean-Marc BRAULTde BOURNONVILLE, secrétaire du comité Aunis-Saintonge. 

Détail de la cérémonie avec la présence des élevés de la classe de défense et également des volontaires du 3e RSMV de La Rochelle.

Tout ce travail de mémoire et d’identification des victimes est consultable dans un livre numérique réalisé par les élèves :

https://tinyurl.com/27pucynw

Lecture du livre : https://tinyurl.com/27pucynw

ANNEXE 1

Déroulé de la cérémonie.

  • Présentation par une représentante du SMV du déroulé de la cérémonie
  • Présentation sous forme de discours du projet pédagogique mené au cours de l’année scolaire (je serai aux manettes)
  • Lecture de la lettre d’un rescapé du Lancastria (2 élèves)
  • Lecture de 4 biographies réalisées par les élèves
  • Mot du président de l’association du Lancastria venant exprès de Saint-Nazaire.
  • Dépôt de l’urne contenant de la terre et des pierres venant du Royaume-Uni et inauguration d’une plaque commémorative
  • Dépôt de fleurs et de bougies par les élèves
  • Lecture des noms des soldats britanniques inhumés dans le cimetière par un élève et un volontaire du SMV énonce “Mort en service”
  • Dépôt des gerbes par les autorités avec les élèves : Mairie, DMD adjoint (LCL Lanza), conseil général (Patrice Raffarin), Office national des combattants et victimes de guerre, président de l’association du Lancastria 
  • Aux morts – minute de silence
  • Temps d’échange entre participants

ANNEXE 2

Le Lancastria sombre au large de Saint-Nazaire.

C’est l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire. 

Le 17 juin 1940, le paquebot britannique Lancastria sombrait au large de Saint-Nazaire, mortellement touché par les bombes de l’aviation allemande. 

Mis en service en 1922 (sous le nom de Tyrrenhia puis rebaptisé en 1924), le navire de la Cunard, long de 168 mètres, venait d’embarquer des soldats britanniques fuyant l’avancée des troupes allemandes dans l’ouest de la France. 

Après son appareillage, le Lancastria est attaqué à 15 h 50 par quatre avions Ju 88, qui parviennent à placer une bombe dans une des cheminées. Ce coup fatal provoque la perte du navire, qui coule en une vingtaine de minutes. 

Officiellement, le naufrage fait 5 200 victimes, ce qui en fait le second plus meurtrier après celui du paquebot allemand Wilhelm Gustloff (plus de 5 300 morts), torpillé le 30 janvier 1945 par un sous-marin soviétique. Toutefois, selon certains historiens, la perte du Lancastria aurait, en réalité, fait quelques 7 000 victimes. 

Tragédie confidentielle. Le nombre exact de ceux qui se sont trouvés à bord du Lancastria est inconnu.
Les documents de bord sont sous secret militaire pour 100 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2040. 
À l’annonce du naufrage, Churchill place sous secret la nouvelle du désastre, par la Defence Notice (D-Notice), afin de ne pas démoraliser davantage les citoyens britanniques. 
Le même jour, l’armée française est complètement anéantie par l’armée allemande et l’annonce officielle de la capitulationde la France devant l’Allemagne d’Hitler est diffusée au même moment.

ANNEXE 3

27 cimetières sont concernés en Charente-Maritime.
© Commonwealth War Graves

  • Angoulins :                                   2 tombes.
  • Ars-en-Ré :                                  12 tombes (île de Ré).
  • Aytré :                                          2 tombes.
  • Châtaillelon-Plage :                      6 tombes.
  • Dolus d’Oléron :                           11 tombes (île d’Oléron).
  • Fouras :                                       1 tombe.
  • Jonzac :                                       2 tombes.
  • La Couarde-sur-Mer :                   5 tombes.
  • La Rochelle :                                1 tombe (cimetière Saint-Éloi).
  • La Tremblade :                             9 tombes.
  • Le Bois-Plage-en-Ré :              13 tombes (île de Ré).
  • Château-d’Oléron :                      1 tombe (île d’Oléron).
  • Les Mathes :                                1 tombe.
  • Les Portes :                                 1 tombe.
  • Muron :                                        1 tombe.
  • Rochefort-sur-Mer :                      29 tombes (cimetière naval).
  • Royan :                                        7 tombes (cimetière catholique Romain).
  • Saint-Clément-les-Baleines :        6 tombes (île d’Oléron).
  • Saint-Georges-d’Oléron :             18 tombes (île d’Oléron).
  • Saint-Martin-de-Ré :                     10 tombes (île de Ré).
  • Saint-Nazaire-sur-Charente :        2 tombes.
  • Saint-Palais-sur-Mer :                   8 tombes.
  • Saint-Trojean-les-Bains :              13 tombes.
  • Sainte-Marie-de-Ré :                    7 tombes (île de Ré).
  • Yves :                                           5 tombes. 

Éducation à la Défense

Article écrit le 21 novembre 2023 par Nghia NGUYEN 
– 180e promotion Cardinal de Richelieu
– Professeur agrégé
 au Lycée Jean Monnet (Cognac)
Référent C-DEF AP2D

PLAIDOYER POUR UNE ÉDUCATION À LA DÉFENSE

L’École républicaine : un symbole à abattre

De l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty le 16 octobre 2020, par l’islamiste Abdoulakh Abouyezidvitch Anzorov, à celui du professeur de français Dominique Bernard par l’islamiste Mohamed Mogouchkov le vendredi 13 octobre 2023, les faits se répètent tragiquement sans que l’on puisse voir en quoi cette répétition cesserait.
En quoi n’y aurait-il pas un troisième, un quatrième assassinat dans un futur proche, voire une véritable tuerie de masse dans un de nos établissements scolaires ?
On ne pourra mieux dire que notre École est perçue dans son esprit comme une cible toute désignée à la haine et à la terreur islamistes.
La Laïcité qui en est le socle idéologique et historique ainsi que son idéal universaliste d’assimilation, son goût pour la culture générale et l’esprit critique ne peuvent que l’assimiler à « l’école de la mécréance » pour tous les islamistes. Dans le grand combat culturel qui caractérise le choc des universalismes il n’est pas du tout étonnant que l’École républicaine apparaisse, aux yeux de l’Islam, comme l’ennemi à abattre en ses symboles et en ses acteurs que sont entre autres les enseignants.

Cependant, ce que les assassins de Samuel Paty et de Dominique Bernard viennent frapper n’est plus cette École que nous venons de décrire nonobstant les éléments de langage du Ministère de l’Éducation nationale et le verbiage des référentiels et des programmes scolaires.
Ce que les terroristes viennent télescoper, dans sa réalité cette fois, c’est une École qui a depuis longtemps abandonné toute idée d’autorité en ce que celle-ci grandissait les élèves ; toute idée du bien commun au bénéfice de la tyrannie des minorités et des cas particuliers, et jusqu’à la Nation elle-même.
D’après un témoignage, Mohamed Mogouchkov aurait d’abord cherché à abattre un professeur d’histoire mais sait-on aujourd’hui comment l’histoire est vraiment enseignée ?
Peut-être parce que c’est à une majorité de professeurs d’histoire-géographie qu’est confié l’EMC donc l’enseignement de la Laïcité ?
Le jeune homme sait-il pourtant que dans beaucoup de salles des professeurs, la Laïcité sert encore et toujours à stigmatiser les chrétiens ne serait-ce que par peur de nommer les vrais problèmes ?

Il est à redouter, une fois de plus, que le sens à donner à la violence qui s’est déchaînée ce vendredi 13 octobre, dans la cour du Lycée Gambetta, ne s’arrête qu’à l’émotion des politiciens et au lamento de la communauté éducative. Que resurgissent les vaines polémiques habituelles sur les fichés S, la police qui savait mais n’a pas su arrêter le tueur ainsi que l’absence de sécurisation des établissements scolaires. Quant aux professeurs à la fois victimes réelles et potentielles, qui songera en ce moment d’émotion à mettre en pesrpective leurs responsabilités face à cette situation ? À ce qu’ils doivent faire mais n’ont pas fait depuis des décennies ?

L’Éducation à la Défense : la mission trop longtemps abandonnée

Élargissement de timides protocoles signés entre le Ministère de l’Éducation nationale et celui de la Défense dans les années 1980, l’article L. 114-1 de la loi n° 97-1017 du 28 octobre 1997 portant sur la suspension du service militaire introduisait déjà un enseignement de défense que la communauté enseignante et ses syndicats majoritaires n’ont jamais vraiment voulu reconnaître.
Encore de nos jours, il n’est qu’à demander aux élèves, aux parents et d’une manière générale aux citoyens qui étaient encore à l’école en 1998 ce qu’ils ont retenu de cet enseignement pour percevoir à leurs hésitations la démission de l’institution scolaire sur cette question.

L’enseignement de défense a pour mission d’instruire les élèves de collèges et de lycées sur notre Défense nationale. Il pose les questions les plus concrètes à savoir qu’est-ce que c’est (un missile balistique par exemple) ?
Comment ça fonctionne et comment cela s’organise dans sa fonction ?
Cet enseignement a cependant profondément évolué avec la mutation de la Défense nationale du temps de la Guerre froide à une Défense désormais globale telle que les derniers livres blancs de la Défense et de la Sécurité nationale la définissent.
Avec les bouleversements de l’ordre international de l’après-Guerre froide et les mutations des menaces et des risques, la Défense du pays ne repose plus uniquement sur les forces armées.
Elle engage de nouveaux domaines et de nouveaux opérateurs transversaux à l’ensemble de la société. La défense des entreprises, celle de nos valeurs culturelles ainsi que la protection civile en font désormais partie. Le développement du crime organisé à l’échelle mondiale, de la cybercriminalité et d’un terrorisme transnational font de la sécurité intérieure un autre pilier majeur, et à part entière, d’une Défense nationale devenue globale.

Cette évolution conceptuelle n’est pas neutre quant à un enseignement de défense qui plus que jamais doit être développé et abordé comme une véritable Éducation à la Défense dans laquelle trois problématiques sont à distinguer : celle d’un enseignement de défense proprement dit, d’une culture de défense et d’un Esprit de défense.
L’enseignement de défense consiste en une instruction qui peut se dispenser de manière tout à fait classique au sein de disciplines comme l’histoire, la géographie, la physique… Appuyée sur celui-ci, la culture de défense participe d’une compréhension globale des enjeux de défense que l’on pourra travailler en géopolitique ou en EMC.
On passerait ainsi de la question de savoir, par exemple, qu’est-ce qu’un porte-avions et comment ça fonctionne (un concentré de savoir-faire technologiques et industriels) à celle de sa finalité (un type de conflit naval mais aussi un outil diplomatique).
L’Esprit de défense, quant à lui, est ce qui vient au terme de cette éducation. Il pose la question de l’adhésion du citoyen à l’effort de défense et sa capacité à développer une force morale par nécessité. En un mot : une résilience.

La responsabilité des professeurs dans l’émergence d’une culture de défense

On comprendra dès lors le rôle essentiel que les professeurs ont à jouer à ces trois niveaux en faisant émerger notamment une culture de défense au sein même de leurs communautés éducatives.
Par des exercices très concrets relevant de l’enseignement de défense, cette culture de défense n’engagerait pas les seuls écoliers, collégiens et lycéens mais aussi d’autres acteurs tels que les personnels de direction et administratifs, la vie scolaire, l’infirmerie…
Avec plus de 60 000 écoles, collèges et lycées rassemblant quotidiennement entre 12 et 13 millions d’élèves, la question de la sécurisation des établissements scolaires telle qu’elle est souvent posée dans les médias n’a pas de sens.
Les effectifs des polices nationale et municipales ainsi que de Gendarmerie n’y suffiraient. Quand bien même poster un policier devant une école serait déjà d’une efficacité douteuse, cette présence plus symbolique que réellement opérationnelle se ferait au détriment d’autres missions de sécurité importantes.
Si l’on ajoute aux nombre d’établissements scolaires, leur dispersion sur le territoire et la grande diversité de leur taille, architecture et configuration, une sécurisation permanente spécifique des écoles, collèges et lycées par les forces de police et de gendarmerie est impossible.

  • C’est donc aux professeurs d’agir par le biais d’une culture de défense qu’ils pourront développer et diffuser de la manière la plus simple sur un volet protection/sécurité au sein même de leur établissement.
  • Apprendre aux collégiens et lycéens à constituer et à emporter avec eux une trousse de secours ;
  • à juguler une hémorragie en posant un garrot tourniquet ou à en confectionner un ;
  • à disposer et à poser un pansement compressif ;
  • à fabriquer des pansements occlusifs à partir de compresses ;
  • à pratiquer un massage cardiaque…

Autant de gestes simples qui peuvent sauver des vies y compris dans un quotidien qui voit mourir chaque année des milliers de Français dans des accidents domestiques ou de la route.

  • Distinguer la fuite de l’évacuation,
  • savoir s’abriter,
  • savoir mettre en place une barricade (ce qui n’a rien à voir avec un confinement),
  • connaître les techniques de transport d’un blessé,
  • éviter les regroupements dans les culs-de-sac,
  • travailler sur d’éventuels espaces sanctuaires,
  • apprendre à reconnaître les types d’armes jusqu’à présent utilisés dans les attaques
  • sont autant de savoir-faire qui peuvent s’enseigner avec un minimum de moyens dans des ateliers reconduits chaque trimestre en articulation avec l’exercice du PPMS attentat/intrusion armée dans une école.

Susciter une culture de défense et de la protection au sein d’un établissement scolaire n’évitera pas les morts et les blessés en cas d’attaque, mais sa diffusion – parce qu’elle préparera les esprits et mettra en pratique certaines compétences – sera de nature à limiter les pertes humaines.
Surtout, elle donnera une cohésion concrète à une communauté scolaire qui ira au-delà de tous les discours creux et sans portée sur le civisme et l’engagement. 
Last but not least, l’apprentissage de cette culture finira par concerner également la vie en entreprise et en société. À partir de ce moment, les professeurs ne seront plus uniquement regardés comme des cibles et des victimes mais comme de véritables maîtres sur lesquels reposent en grande partie l’Esprit de Défense et la résilience de la société.

Nghia NGUYEN

Classe Défense de Fénelon – La Rochelle

Classe Défense de Fénelon – La Rochelle – Convention de partenariat entre :

–         Le Lycée Fénelon Notre-Dame, La Rochelle, 17- Charente-Maritime

–         Le Groupement de gendarmerie maritime de l’Atlantique

–         La Compagnie de Gendarmerie Maritime de Lorient

–         La Brigade de Surveillance du Littoral de la Rochelle