Covid, vaccination et agenda

L’agenda des réouvertures

À quelles conditions peut-on tomber le masque quand on est complètement vacciné ?

Plus de masque pour les personnes vaccinées ? La réponse prudente du HCSP

Le Haut Conseil de santé publique estime que les personnes complètement vaccinées peuvent abandonner le masque, mais dans des situations très précises.

Par Quang Pham

MASQUES – Pourrez-vous bientôt tomber le masque si vous êtes vacciné? Oui, à en croire le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) mais uniquement dans des situations bien précises. Dans un avis publié le 26 avril, l’instance de santé recommande un assouplissement du port du masque dans le “cadre privé familial ou amical en milieu fermé”.

Seront dispensées de porter le masque, dans des réunions privées réunissant exclusivement des personnes vaccinées, les personnes qui auront bénéficié d’un “schéma vaccinal complet”, c’est-à-dire ayant observé une période de 14 jours après la dernière injection.

Un assouplissement d’abord justifié selon le professeur Didier Pelletier, pilote du groupe de travail du HCSP qui a rédigé l’avis, par l’efficacité de la vaccination. “On a rarement eu des vaccins aussi efficaces contre les formes graves de maladies”, constate-t-il auprès du Huffpost.

“Les données scientifiques disent en outre que la vaccination va réduire le portage et la transmissibilité de la maladie”, précise le professeur. Une étude sur le personnel soignant écossais a montré que la vaccination réduisait “d’environ 30% les contaminations.”

Maintien des autres gestes barrière

Le HSCP recommande toutefois aux personnes vaccinées de continuer de respecter les autres mesures barrière classiques comme le lavage des mains, l’aération, les distances entre individus et une limitation des groupes à 6 personnes.

Le maintien du port du masque est aussi conseillé si une personne du groupe présente un facteur de risque, comme un âge avancé (plus de 65 ans) ou une comorbidité, ou si elle n’est pas complètement vaccinée. 

Dans un cadre collectif, c’est-à-dire en collectivité ou en milieu extérieur ouvert, l’instance conseille aux personnes vaccinées de continuer à respecter l’application des mesures barrière, dont le port de masque, de limiter les déplacements et de ne pas réaliser de regroupements de personnes au-delà de ce qui est autorisé.

“Nous sommes dans une phase que le HSCP qualifie de prudente”, avertit Didier Lepelletier. “La couverture vaccinale est encore insuffisante, ce n’est que quand elle atteindra les 80% qu’on pourra relâcher les mesures”, juge-t-il. 

“Espoir de contrôle de la pandémie”

Le HSCP n’est pas la seule instance de santé à prôner des règles moins contraignantes de port du masque pour les personnes vaccinées. Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américain propose depuis le 8 mars aux personnes entièrement vaccinées (deux semaines après la dernière injection) de “ne plus porter de masque” ou de “respecter une distanciation physique” dans certaines conditions.

Le non-port du masque est possible si ce sont deux personnes vaccinées qui se retrouvent, ou encore si un vacciné va voir des non-vaccinés “venant d’un seul foyer et avec un faible risque de développer une forme grave de Covid-19”, précise la CDC.

L’avis publié ce dimanche 25 avril s’inscrit, malgré les appels à la prudence, dans une “position d’espoir de contrôle de la pandémie” de la part du HCSP. L’intensification de la campagne vaccinale, la constatation de son efficacité fait espérer “une reprise progressive d’une vie sociale et économique dans la seconde partie de l’année 2021.” 

© https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-personnes-vaccinees-dispensees-de-masque-dans-le-cadre-prive_fr_6086a92ae4b003896e072669

Il nous faut renouer avec la puissance

Entretien avec le général Vincent Desportes réalisé par Elouan Picault.
Gavroche le 16 avril 2021

Vincent Desportes est général de division. Diplômé de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, il a exercé de nombreux postes à responsabilité au sein des armées. Il fut notamment attaché militaire auprès de l’ambassade de France aux Etats-Unis et directeur de l’Ecole de Guerre entre 2008 et 2011. Docteur en histoire, il est aujourd’hui conférencier international et enseigne la stratégie à Sciences Po et HEC.

Pouvez-vous nous dresser un tableau de l’état des armées françaises aujourd’hui ?

Nous avons des armées qui sont à la fois extrêmement professionnelles et compétentes, mais qui ne le sont que pour des actions relativement ponctuelles, sur des durées de temps courtes. Nous sommes capables du meilleur, mais uniquement ponctuellement dans le temps et dans l’espace. Nous sommes face à une vraie difficulté parce que nous avons une armée construite sur la base des décisions prises par le président Chirac en 1996 : passer d’une armée de conscription à une armée professionnelle.

Celle-ci est basée sur un modèle simple : la bombe nucléaire et une force expéditionnaire très limitée dans son volume. Cette force expéditionnaire fut pensée pour défendre la sécurité des Français à l’extérieur du territoire national, mais uniquement dans des guerres d’escarmouche, et pas beaucoup plus que ça. Seulement, ce modèle n’a pas tellement évolué depuis 25 ans alors que les menaces, elles, changent. La guerre de haute-intensité, voire les conflits majeurs, redeviennent un horizon possible. L’armée français a beau avoir été excellente dans les guerres qu’elle a conduit ces dernières années, elle risque de l’être beaucoup moins à l’avenir.

Vous avez déclaré dans un de vos entretiens que les armées françaises sont « capables de coups tactiques mais plus de victoires stratégiques ». Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette nuance ?

C’est un peu ce que je viens de dire. Nous sommes capables de gagner des batailles d’une ampleur limitée -ce que nous faisons tous les jours et de manière excellente au Sahel- mais nous ne sommes plus capables de conduire des guerres et de les mener à leurs résultats. Plus globalement, la question se pose de savoir si l’Occident est encore capable de le faire, puisque toutes nos dernières guerres ont été au mieux des impasses, parfois des échecs.

Au niveau tactique nous savons être les meilleurs, nous sommes absolument excellents, mais on constate que les victoires stratégiques ont du mal à advenir au-delà de la bataille. C’est particulièrement visible au Sahel, où nous gagnons des batailles tous les jours, mais où la guerre est très loin d’être gagnée. Pour la bonne raison d’ailleurs que les problèmes de guerre ne sont jamais des problèmes militaires, mais des problèmes politiques, et que les conditions politiques de transformation des résultats tactiques en résultats stratégiques ne sont pas réunies.

On assiste, depuis le début du quinquennat Macron, à un rehaussement du budget des armées après une longue dégradation. Où en est-il aujourd’hui ?

A partir du début des années 2000 a éclaté l’évidence de l’inadéquation du budget des armées vis-à-vis des guerres qu’on les amenait à faire. Ce fut visible à partir de la présidence Sarkozy, et plus encore de la présidence Hollande. Je m’étais à ce moment-là donné la mission, avec d’autres, de faire évoluer la situation de manière à ce que nos soldats aient au moins de quoi combattre et que la France soit défendue à minima.

Pour comprendre le rehaussement du budget des armées, il faut d’abord se demander pourquoi il y a eu dégradation. Il y a eu dégradation car il y a eu l’illusion de la disparition de la guerre. Ce fut profondément le cas en Europe, car l’Europe a tué la guerre sur son sol. Nous avons alors fait l’erreur de le généraliser au reste du monde : parce que la guerre avait disparu chez nous, elle devait avoir disparu ailleurs. La chute du mur de Berlin nous a ensuite fait croire, selon l’expression de Fukuyama, à « la fin de l’Histoire ». L’effondrement de l’Union soviétique devait avoir éradiqué la guerre. Or, assez rapidement, est venue l’évidence que notre monde était particulièrement violent. Si nous arrivions à prévenir le conflit sur le sol européen, nous n’empêchions nullement les autres de s’entre-déchirer. Depuis, les escarbilles de la violence nous ont rattrapé, y compris chez nous.

A partir de 1989, les budgets de la défense se sont dégradés régulièrement. Pourquoi ? Pour une raison simple : même s’ils aimaient leur armée, les Français ne croyaient plus en sa nécessité. Dès lors, les gouvernements français n’ont eu aucune difficulté à prélever de l’argent au ministère des Armées pour aller le redistribuer ailleurs, notamment dans le social. Cette affaire-là s’est accélérée considérablement sous la présidence Sarkozy, pendant laquelle 25% des forces armées ont été détruites. Même chose sous la présidence Hollande, sous laquelle l’intendance fut la même. Nous nous sommes donc retrouvés sur une pente descendante au moment où les conflits se sont multipliés. Tout a changé très vite. Le président Chirac avait eu le bon sens de ne pas engager trop fortement la France en Afghanistan, guerre qui ne pouvait être que perdue, preuve en est faite depuis. Or, le président Sarkozy a fait exactement l’inverse : il a engagé la guerre en Libye et a lancé un mouvement de ré-investissement de l’armée dans les crises. Cette entreprise s’est accélérée sous François Hollande, avec les interventions au Sahel et en Centrafrique. La situation était plus que paradoxale : le budget de la défense descendait au moment où l’engagement des armée croissait.

Est né à ce moment-là un mouvement chez un certain nombre de Français responsables, dont je m’honore d’avoir été, pour dénoncer cet état de fait. Deux phénomènes ont fait bouger les lignes. D’abord Daesh, qui a été d’une certaine manière la prise de conscience du danger. A partir de 2015, les courbes du budget ont cessé d’être descendantes et se sont aplaties. Le président n’a pas ré-augmenté les budgets, mais il a diminué la décroissance avant d’y mettre un terme. Et puis s’est rajouté un événement-déclencheur ; la démission du général Pierre de Villiers de son poste de chef d’Etat-major des armées, crise dite « du 14 juillet 2017 ». Au lendemain de celle-ci, Macron a perdu près de 10 points d’opinions favorables, ce qui est tout à fait énorme. Cela montre que les Français considèrent qu’on ne peut pas « taper » sur le plus haut dignitaire des armées de cette façon. Emmanuel Macron en a tiré quelques enseignements. D’une part, on ne peut pas trop tirer sur la corde car il arrive un moment où elle casse. D’autre part, à force de maturité, il a compris que si lui-même voulait exister sur la scène internationale, il aurait besoin d’une armée forte.

En faisant voter la loi de programmation militaire 2019-2025, il a redonné un peu d’air aux armées. Le budget de la défense ré-augmente de manière régulière. On commence enfin à avoir des pièces de rechange, des munitions et des quais pour nos bateaux. Pour autant, nous sommes toujours loin du compte : moins d’un char sur deux peut rouler, moins d’un avion sur deux peut décoller, moins d’un hélicoptère sur trois peut être déployé et moins d’un bateau sur deux peut prendre la mer. L’important c’est que cet effort ne diminue pas et que les promesses du président Macron soient tenues. D’abord par lui-même (et je pense qu’il le fera), mais aussi par son successeur.

L’inverse serait absolument dramatique, puisque partout le monde se réarme. Les guerres redeviennent de plus en plus probables. Les pays n’hésitent plus à s’entre-déchirer. On le voit avec l’Azerbaïdjan, qui conduit une véritable guerre de conquête -guerre qu’on avait cru oublié depuis 1945- en Arménie. On voit que les démarches d’empire reprennent. Je pense à la Russie avec la Géorgie et l’Ukraine. Je pense évidemment à la Turquie, et je vous rappelle qu’heureusement la France a une marine encore capable de déplacer quelques bateaux. C’est ce qui a permis d’arrêter M. Erdoğan dans l’aventure très dangereuse qu’il poursuivait vis-à-vis de la Grèce en mer Egée l’été dernier.

On en entend justement beaucoup parler de la Turquie en ce moment, notamment du fait de ses opérations en Méditerranée. Est-ce qu’on peut considérer la Turquie, malgré son appartenance à l’OTAN, comme un adversaire militaire ?

La véritable question est de savoir si la Turquie est un partenaire de l’OTAN. Il serait temps que l’alliance atlantique, qui est une organisation parfaitement dangereuse pour la paix dans le monde, s’interroge sur elle-même. Un de ses membres peut-il acheter un système de défense anti-aérien S-400 russe incompatible avec les système atlantiques ? Peut-il menacer impunément un pays européen, la Grèce, par ailleurs lui-même membre de l’organisation ?  Peut-il s’engager en Libye aux risque d’aller contre les intérêts français, sans même nous en avertir, et menacer nos navires en Méditerranée ?

Il est clair que la Turquie ne peut plus aujourd’hui être considérée comme un allié. Il faut que l’OTAN tienne acte des faits et non des promesses turques. Il n’existe pas de règles d’exclusion au sein de l’alliance, mais les règles se changent. Le droit est le produit de la volonté politique. Si on le voulait, on pourrait exclure la Turquie et il faudrait le faire.

Est-ce que la Turquie est un adversaire ? J’espère que non, mais en tout cas c’est un pays qui, comme la Russie, ne comprend que la force. On l’a bien vu en mer Egée l’été dernier, où c’est bien M. Macron qui a fait reculer M. Erdoğan en étant le seul, reconnaissons-le, à avoir du courage pour l’Europe. Il en est dans cette affaire comme de toutes les guerres : quiconque se refuse à la voir venir finit par être rattrapé par elle. Le Si vis pacem para belum [Si tu veux la paix, prépare la guerre, ndlr] a toujours été vrai et l’est encore. C’est pour ça qu’il est absolument important que la France se dote des moyens d’assurer ses défense. Et, ne pouvant le faire au niveau national pour des raisons budgétaires, elle n’a pas d’autres choix que de pousser à la construction de l’autonomie européenne de défense.

Qu’est-ce que l’autonomie stratégique, que vous appelez de vos vœux pour nos armées ?

L’autonomie, ça veut dire la liberté. Aujourd’hui, la France ne peut pas conduire d’opérations dont les Américains ne souhaiteraient pas l’existence. Nous combattons au Sahel uniquement parce que nous bénéficions du renseignement américain et du ravitaillement en vol américain. Nous n’aurions pas pu faire l’opération Serval au Mali sans leur capacité de transport logistique.

Nous n’avons donc pas de véritable autonomie. Nous ne sommes pas un pays libre, mais plutôt un protectorat, puisque notre défense suppose le soutien des Etats-Unis. C’est un fait. Le général De Gaulle avait compris dès 1958 que ce protectorat était dangereux et que nous devions être capables d’exercer notre défense comme nous l’entendons, où nous l’entendons, contre ceux que nous considérons être nos ennemis. Ce n’est plus le cas de nos jours. Or, je pense qu’il est vital que l’Europe joue son rôle de tiers-parti capable d’apporter la stabilité au monde. Ce que nous ne serons pas capable de faire tant que nous serons sous protectorat américain, incapables de conduire une politique étrangère autonome.

En quoi nos intérêts divergent-ils avec ceux des Etats-Unis et qu’en est-il de l’alliance atlantique ?

Je pense qu’il faut regarder les dynamiques à l’œuvre et voir comment elles vont transformer le monde. Il y a une tendance qui est strictement inéluctable, c’est la pacification -au sens de l’océan Pacifique- des Etats-Unis. On se rappelle qu’Obama a dit « je suis le président du Pacifique » et non « je suis le président de l’Atlantique ». Aujourd’hui, Kamala Harris n’a pas beaucoup plus de liens avec l’Europe qu’en avait Obama. Nous assistons à une dérive des continents. Le lien charnel qui unissait les Etats-Unis à l’Europe est très distendu. Nous ne sommes plus des cousins germains, mais au mieux des cousins issus de germain. L’Amérique n’est plus caucasienne. Elle est de plus en plus d’origine hispanique, africaine et asiatique. En 2040, la majorité des Américains n’aura plus aucune racine européenne. Donc le réflexe habituel de défense de la grand-mère patrie aura disparu à cette date. Il faut qu’à ce moment-là nous soyons capables de nous défendre.

De plus, une des raisons pour laquelle les Etats-Unis sont venus en Europe en 1917 et 1943 est la pression exercée par les hommes d’affaires sur les présidents Wilson et Roosevelt. Mais désormais ceci est de moins en moins vrai, il n’y a plus autant de marchés à conquérir. Et c’est comme ça.

La divergence des intérêts stratégiques américains et des intérêts stratégiques français est une tendance fondamentale. Le soldat Ryan ne reviendra plus jamais mourir sur les plages européennes. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous défendre nous-mêmes. Penser aujourd’hui que l’OTAN est la survie de l’Europe, c’est avoir une pensée tactique à 4 ou 5 ans. La défense de nos nations passe par l’autonomie, autonomie qui ne peut plus exister au niveau national pour des raisons budgétaires. Une puissance moyenne ne peut plus se doter d’un système de défense cohérent, comme ce fut le cas jusqu’au milieu du XXème siècle. On ne peut plus constituer une capacité d’action substantielle dans les cinq espaces d’affrontement ; terre, mer, air, espace et cyber. Ça coûte trop cher. Chaque nouvelle génération d’armement multiplie par dix le prix des systèmes d’armes. Cela explique pourquoi l’armée française a des trous dans sa raquette, qu’elle comble avec des moyens américains quand ceux-ci veulent bien lui prêter.

Il faut donc retrouver notre cohérence à un autre niveau. Un niveau qui ne peut être qu’européen. L’avenir de la défense de la France passe par la reconstitution des armées françaises, puis par des partenariats avec une alliance de nations européennes. Nous n’avons pas le choix. Ce qui ne veut pas dire que cela nous amènerait à gommer la souveraineté des nations. Nous ne pouvons rêver d’un fédéralisme qui effacerait leurs personnalités. Une alliance, fondamentalement, c’est accepter d’échanger un peu de liberté pour en gagner davantage par le collectif.

Joe Biden peut-il arranger les choses ?

Certains ont effectivement cru que Joe Biden allait arranger les affaires. Il est possible, effectivement, qu’il soit un peu plus poli et qu’il respecte davantage le multilatéralisme (auquel au fond il a intérêt). Mais quand il dit que M. Poutine est « un tueur », je ne pense vraiment pas qu’il agisse dans notre intérêt. Le secrétaire à la Défense américain a dit la semaine dernière à Bruxelles qu’il fallait que l’OTAN se « concentre d’abord sur la Chine ». Il est très clair qu’on veut nous amener dans des combats qui ne sont pas forcément les nôtres. Je ne dis pas qu’en cas d’affrontements avec la Chine nous ne serions pas du côté américain (très sûrement), mais nous n’avons pas à nous laisser dicter notre agenda.

Qui sont nos ennemis aujourd’hui et quelles sont les menaces auxquelles nous avons à faire face ?

Il faut distinguer nos ennemis immédiats de nos ennemis potentiels. Nous avons évidemment un premier ennemi immédiat, c’est le terrorisme. C’est principalement ce qui reste de Daech et d’Al-Qaïda, et toutes les déclinaisons que l’on trouve au Sahel. Il faut prendre conscience que c’est une menace dont nous n’arriverons pas à nous séparer. C’est une guerre qu’on ne peut pas gagner parce que c’est extrêmement difficile d’aller planter son drapeau sur des capitales qui n’existent pas. On l’a bien fait à Mossoul ou Raqqa, or ça n’a pas été Berlin : la menace terroriste a perduré. Je pense que nous sommes condamnés à savoir qu’il y aura toujours des attentats en France. C’est pour ça que nous sommes présents au Sahel, même si les Français ne le comprennent pas toujours. Sans ça, les projets d’attentat sur notre sol seraient bien plus nombreux.

Pour le reste, nos adversaires sont ceux que nous laisserons devenir nos adversaires, ceux que nous ne saurons pas contenir. On ne peut pas dire aujourd’hui que la Turquie est notre adversaire, mais on voit bien que si nous ne la contenons pas comme on a contenu l’Union soviétique, il arrivera à un moment où il faudra en venir aux poings. Même chose pour la Russie, qui comprend la force. Il faut donc d’une part mettre fin à la politique agressive qui est celle de l’OTAN, surtout vis-à-vis de la Russie, et d’autre part remonter en puissance.

La Chine pose également un véritable problème. Pour la première fois dans son histoire, elle est dans une démarche d’empire. Elle s’est dotée d’une marine de guerre qui possède désormais plus de bateaux et plus de tonnages que l’US Navy. Or, on ne se dote pas d’une marine de haute-mer aussi puissante lorsqu’on ne ressent pas le besoin d’aller vers le monde extérieur. Les mers vont vite devenir un espace de confrontation, ne serait-ce que parce que l’US Navy les domine aujourd’hui. Dans son expansion maritime, Pékin risque également de tomber assez vite sur nos territoires d’Outre-mer et en premier lieu sur la Nouvelle-Calédonie. A l’origine, la Chine ne vivait que pour régler ses problèmes intérieurs. L’armée populaire de libération (APL) n’était conçue que pour massacrer les ouïghours et calmer les Tibétains. La première mission de cette armée était de défendre le parti. Or, en 2049, la Chine aura sûrement réussi le pari que lui donne Xi-Jinping, à savoir devenir la première puissance économique et militaire du monde.

La question est : est-ce que les Américains laisseront la Chine devenir une grande puissance sans qu’il y ait un conflit majeur ? Vous avez peut-être entendu parler de la thèse du piège de Thucydide : une situation donnée qui voit une puissance dominante entrer en guerre avec une puissance émergente poussée par la peur de perdre son statut. Le risque que nous nous retrouvions pris dans cet étau est réel. La France et l’Allemagne ont par ailleurs renforcé leur présence en mer de Chine, ce qui montre bien que, faisant partie de l’Occident, nous pourrions nous retrouver embarqués dans cette affaire. Toutefois, la grande différence avec la Guerre froide est notre dépendance économique vis-à-vis de notre potentiel adversaire. C’est tout à fait nouveau et remplit l’avenir d’incertitude.

Enfin, nous avons des accords de défense avec de nombreux pays qui pourraient nous entrainer dans un conflit. Nous avons par exemple un accord de défense avec la Tunisie. Celle-ci est dans un situation compliquée vis-à-vis de la Turquie. La Tunisie a longtemps été une province ottomane, au même titre que l’Algérie, et n’a pas les moyens de se défendre seule. Ces accords de défense pourraient donc nous entraîner dans de dangereux engrenages, que nous ne saurons maîtriser qu’avec la puissance. Ce qui est certain, c’est que nous avons bien besoin d’une montée en puissance de nos systèmes de défense, tout en veillant à ce que celle-ci ne mette le feu à un brasier tout prêt à s’enflammer.

La profondeur stratégique de la France est-elle en Afrique ?

Absolument et il est tout à fait nécessaire que la France s’occupe de l’Afrique. Lénine disait : « si vous ne vous occupez pas de l’Afrique, c’est l’Afrique qui s’occupera de vous ». Je ne vais pas vous rappeler la démographie du continent, mais vous la connaissez comme moi. Un milliard d’Africains vont naître dans le quart de siècle immédiat. Le plein va vers le vide : si nous n’allons pas stabiliser la croissance du continent, les mouvements de transfert de population vers l’Europe vont s’accroître. Il faut faire en sorte que les peuples africains aient de quoi subvenir à leurs besoins. Auquel cas, ils pourront être heureux chez eux au lieu d’être malheureux chez nous.

Il y un intérêt réciproque à ce que la France s’occupe de l’Afrique. C’est d’autant plus vrai que nous avons des savoir-faire que nul autre pays européen n’a. L’Afrique est un jet de pierre de l’Europe ; quelques milles les séparent. Nous avons une très grande proximité, c’est notre voisin le plus proche, beaucoup plus que l’Amérique. Ça doit donc être une de nos préoccupations stratégiques. De plus nous ne pouvons pas nous désengager du continent, sans quoi les attentats se multiplieraient sur le sol français. Le Maghreb, la bande sahélienne et le nord de l’Afrique noire sont des zones où le terrorisme est en pleine expansion, bien que contenu par nos opérations.

Par ailleurs, la croissance démographique du continent va faire du français la deuxième langue la plus parlée au monde. La francophonie va représenter un marché immense. Si nous savons faire -ce que l’histoire récente ne nous a pas forcément montré- nous aurons des potentialités économiques absolument considérables. Il ne faut pas abandonner l’Afrique aux seuls Russes et Chinois, qui en tire profit même s’ils n’ont pas d’affinités avec elle.

Est-ce que le rôle de la France est celui d’une puissance stabilisatrice de l’ordre international ?

Oui et non. Je crois qu’elle l’est déjà. Elle peut intervenir pour maintenir la paix ; l’été dernier déjà nous en avons en quelque sorte empêché un conflit entre la Turquie et la Grèce. De même, l’action française au Sahel est stabilisatrice de l’Afrique et donc de l’Europe. La France protège l’Europe en s’engageant au Sahel.

Mais non, en ce sens qu’elle est trop faible. Elle peut jouer dans des petits conflits comme ceux qu’on vient de citer, dans des petites opérations. Mais elle n’a pas le poids militaire pour jouer un rôle dans l’affrontement des mastodontes. Il n’y a qu’une union de pays qui puisse jouer un rôle stabilisateur, et celui-ci doit être joué par l’Europe. L’Europe a un rôle de stabilisateur et de pacificateur du monde. Nous nous sommes tellement entre-déchirés et massacrés que nous avons compris la vanité de la guerre et des velléités d’expansion territoriale. Je crois que l’Europe est vraiment adulte. Mais ne sommes-nous pas passé de l’âge adulte à a vieillesse ? Je crois qu’il est urgent de se dire que nous avons des responsabilités vis-à-vis du monde. Nous devons trouver un équilibre durable dans nos modes de vie, à la fois pour le bien du monde mais aussi pour la survie de nos nations. Et, si nous voulons jouer notre rôle sur la scène internationale, nous n’avons pas d’autres choix que de renouer avec la puissance.

© http://gavrochemedia.fr/il-nous-faut-renouer-avec-la-puissance-entretien-avec-le-general-vincent-desportes/elouan/?s=08

Repenser la défense face aux crises du 21e siècle

Face à la montée des périls, l’Institut Montaigne propose de revoir le format des armées à la hausse

PAR LAURENT LAGNEAU · 9 FÉVRIER 2021

Article en ligne sur Opex360.com
Institut Montaigne : Repenser la défense face aux crises du 21e siècleRapport
Institut Montaigne : Repenser la défense face aux crises du 21e siècle Résumé

Centre de réflexion s’intéressant aux politiques publiques françaises et européennes, l’Institut Montaigne vient de publier un rapport sur la politique de défense, avec les contributions de plusieurs personnalités, dont l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, l’essayiste libéral Nicolas Baverez, l’amiral [2S] Édouard Guillaud [ex-CEMA], Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, le directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire [|IRSEM] ou encore Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique [FRS].

Soulignant que des crises de nature diverse s’enchaînent et s’accélèrent depuis une vingtaine d’années, ce rapport ne peut faire que le même constat que celui établi par la Revue stratégique, laquelle a fait l’objet d’une actualisation le mois dernier. Terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, durcissement de la compétition entre puissances, politique du fait accompli, extension des domaines de conflictualité… Tels sont les paramètres du contexte géostatrégique actuel.

« À proximité géographique de la France, le contexte récent a été marqué par une dégradation sécuritaire, à laquelle l’Union européenne [UE] ne répond guère », déplore par ailleurs le rapport.

Or, affirme ce dernier, la « France et l’Europe sont en première ligne ». La première, de par ses « valeurs, son histoire, ses engagements au Levant ou au Sahel, représente une cible prioritaire pour les jihadistes ou pour la démocrature islamique turque » alors même qu’elle se trouve « affaiblie par son décrochage économique, par la forte progression de la dette publique, par les tensions qui traversent la Nation ainsi que la défiance qui se répand envers les institutions. »

Quant au « grand marché européen, il constitue l’un des enjeux de la guerre commerciale et technologique entre les États-Unis et la Chine », avancent les auteurs du rapport. Et, poursuivent-ils, « l’Union européenne est cernée par les crises, désignée comme un ennemi par les djihadistes, mise sous pression et menacée par la Russie et la Turquie. Créée autour du droit et du marché, elle n’a d’autre choix de se redéfinir en termes de souveraineté et de sécurité, au moment où les États-Unis se replient sur eux-mêmes et poursuivent leur pivot vers l’Asie. L’Europe n’a pas d’alternative à l’affirmation de son autonomie. »

À cela viennent s’ajouter des « menaces supplémentaires contre la souveraineté ». Ainsi, le rapport rappelle que la France et l’UE sont « aujourd’hui dépendantes de puissances étrangères dans une série de secteurs économiques essentiels », comme celui du numérique, où elles « demeurent dans un état de vassalité technologique vis-à-vis des acteurs américains et même israéliens ».

Face à des menaces qui se précisent, il est donc plus que nécessaire de renforcer les armées françaises, affaiblies par des réformes hasardeuses conduites ces dernières années. Ce qui ne sera pas simple au regard du contexte économique, plombé par un PIB en net recul sous l’effet de la crise sanitaire et un endettement qui dépasse les 120% de ce même PIB. Pour autant, au regard de la montée des périls, le rapport insiste pour ne pas baisser la garde et exécuter à l’euro près la Loi de programmation militaire en cours. Mieux : il laisse entendre qu’il faudrait même accentuer l’effort de défense afin de redonner aux forces françaises la masse qu’elles ont perdue lors de la précédente décennie.

Justement, en premier lieu, l’Institut Montaigne parle de revenir sur certaines réformes, comme la Révision générale des politiques publiques [RGPP], laquelle avait remis en cause l’organisation du soutien des forces. « Il s’agit de revenir à l’esprit du rapport parlementaire Bouchard qui, après analyse des causes de la défaite de 1870, recommandait de rétablir la pleine autorité des chefs militaires sur le soutien et la logistique », estime-t-il.

Aussi recommande-t-il « d’aller vers une organisation militaire spécifique et mieux intégrée » afin de « consolider la singularité militaire pour forger la résilience » et de « remettre les soutiens dans la main des chefs organiques. »

Le rapport insiste également sur l’amélioration de la réactivité des forces françaises « face à la volatilité du contexte stratégique », en mettant l’accent sur la préparation opérationnelle pour atteindre les normes Otan en la matière. À ce titre, il propose de lancer un « un cycle d’entraînement interarmées correspondant à un scénario d’engagement majeur. » Et cette réactivité serait par ailleurs renforcée par le prépositionnement de moyens pour lesquels la France est dépendante d’acteurs tiers pour leur projection [blindés Griffon et Jaguar] dans les territoires d’outre-Mer, comme par exemple en Nouvelle-Calédonie.

Par ailleurs, avec des menaces qui tendent à s’accroître et à se préciser, la question de la « masse », évoquée par la Revue stratégique actualisée, se pose immanquablement.

« Le nombre des équipements a baissé et le remplacement par des équipements plus performants mais en nombre limité pose des difficultés [frégates, blindés, avions de combat, etc.] face à des besoins croissants », relève le rapport.

« Concernant les frégates de premier rang, la Marine est ‘au bout’ de ses capacités avec une multiplication des besoins de présence permanente et un nombre insuffisant de bâtiments avec seulement 15 frégates de premier rang », prend-il comme exemple. Même chose pour les blindés médians [« La cible pour 2030 est fixée à 300 Jaguar alors que nous disposions en 2008 de 452 véhicules blindés médians et que les théâtres d’opérations se sont multipliés depuis »] et l’aviation de combat, l’armée de l’Air & de l’Espace devant faire avec 185 avions de combat à l’horizon 2030 contre… 420 en 2008.

Aussi, l’Institut Montaigne plaide pour « ajuster les capacités et le format pour plus d’impact et d’endurance ». Et si le renouvellement des moyens de la dissuasion nucléaire fait consensus, il faudrait établir quatre priorités : combler en urgence les lacunes qui limitent la disponibilité des moyens existants, notamment les stocks stratégiques [munitions, pièces détachées pour la maintenance, etc], s’adapter aux nouveaux champs et modes de conflictualité, réparer et moderniser les segments plus lourds et modifier le format de la réserve, à qui pourrait revenir de « remplir de manière autonome le contrat protection du territoire national à 10.000 hommes. »

Pour un ordre international différent – Une grande ambition pour la France et l’Europe

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OTAN, États-Unis, ces amis qui vous veulent du bien…

Trente ans après la fin de la guerre froide, les grands équilibres stratégiques sont désormais remis en question tant par la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’amorce entre la Chine et les États-Unis que par l’émergence de nouvelles puissances régionales.

Partout dans le monde la multiplication des foyers de crises d’ampleurs croissantes, le réarmement quasi généralisé des puissances moyennes ainsi que des grandes puissances et la volonté américaine de se dégager des contraintes du multilatéralisme, fragilisent les grandes organisations internationales, en particulier l’ONU et l’OSCE.

Dans ce contexte, l’Europe, peut-elle indéfiniment se contenter de la tutelle américano-otanienne au double risque de sortir de l’histoire et d’être entraînée dans une conflagration qui n’est pas la sienne ?

La France, de par sa position stratégique particulière au sein de l’Union Européenne, n’a-t-elle pas le devoir, grâce à ses liens historiques avec la Russie, de tenter de rééquilibrer les relations entre les États-Unis, l’UE et la Russie ?

C’est à travers des analyses sans concessions dont les auteurs sont pour la plupart d’anciens militaires ayant eu à traiter de ces questions, tant sur le terrain qu’au sein des grandes organisations internationales, que le lecteur se fera une idée précise de « l’état des lieux » dangereusement dégradé de la situation internationale, avant d’aborder en synthèse le rôle que la France devrait avoir l’ambition d’assumer pour la paix en Europe.

           « Gardez-moi de mes amis !
Quant à mes ennemis, je m’en charge ! »
(Antigone II roi de Macédoine, 221 av. J.-C.)

Sous la direction de CRI (Centre de réflexion interarmées)
https://edsigest.blogspot.com/2021/01/pour-un-ordre-international-different.html

Pour les auteurs de cet ouvrage, pour la plupart anciens militaires ayant eu à traiter des questions de Défense, un rapprochement Russie-Europe est nécessaire face :

  • À l’emprise du protectorat américain, sous couvert de l’OTAN, maintenu sur le continent européen alors que la menace soviétique a disparu depuis plus de trente ans,
  • À l’accession de la Chine au rang de puissance mondiale rivale des États-Unis,
  • À l’insidieuse insertion islamique dans les sociétés occidentales et russes avec pour objectif un changement de civilisation et comme mode d’action le terrorisme,
  • Aux flux migratoires invasifs qui bouleversent les équilibres sociaux, économiques et culturels des sociétés européennes.

Ce rapprochement est dicté par la géographie (L’Europe n’est qu’une sorte de péninsule occidentale d’un vaste continent eurasiatique) et la culture( les peuples de cet espace sont les héritiers d’une part de Rome et de l’empire romain d’occident et d’autre part de Byzance et de l’empire romain d’orient).

Mais cette symbiose souhaitée implique de nombreux bouleversements diplomatiques et militaires. Elle remet en cause l’organisation voire l’existence de l’OTAN et le fonctionnement de l’Union Européenne.

Le Cercle de Réflexion Interarmées s’est attaché à analyser les tenants et aboutissants d’un tel changement stratégique et a tenté de répondre à deux questions :

  • Comment la France peut-elle aider l’Europe à se rénover et à assurer son autonomie stratégique ?
  • En quoi la France peut-elle être un levier de puissance de l’Europe ?

Cybermalveillance et Ransomware ?

DISPOSITIF NATIONAL D’ASSISTANCE
AUX VICTIMES D’ACTES DE CYBERMALVEILLANCE

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Comment récupérer des fichiers cryptés par un Ransomware ?

Par Nicolas JJE – 14/03/2017
© https://www.toucharger.com/articles/comment-recuperer-des-fichiers-cryptes-par-un-ransomware_174.htm?utm_source=mailing-auto&utm_medium=e-mail&utm_campaign=Newsletter-a

La menace des ransomware est extrêmement virulente sur la toile. Polymorphes, ils dupent de nombreux internautes qui se font le plus souvent arnaquer en payant dans l’espoir de récupérer leurs fichiers cryptés. Certains ransomware adoptent souvent les mêmes schémas comportementaux et des technologies ont été mises en place pour le détecter mais aussi permettre la restauration des fichiers. Si par malheur vos fichiers se sont fait crypter par un ransomware, voici les bons gestes et réflexes qui vous permettront de récupérer vos fichiers.

IDENTIFIER LE RANSOMWARE

Pour récupérer vos fichiers, il faudra dans un premier temps identifier le ransomware auquel vous avez affaire. L’identification est une étape cruciale, elle vous permettra de trouver plus facilement la manipulation ou l’outil de décryptage correspondant.

L’identification du Ransomware se fait généralement grâce à la demande de rançon où sont généralement inscrits le nom du soi-disant outil de décryptage du pirate et l’adresse lui permettant de recevoir la rançon.  Plutôt que de vous rendre sur des forums ou de chercher péniblement le ransomware qui a crypté vos fichiers sur Google, vous pouvez tout simplement utiliser Crypto Sherrif.

Il s’agit d’un site qui grâce aux informations que vous lui soumettez, identifiera clairement la menace.

  • Sélectionnez l’un des fichiers cryptés en cliquant sur « Choisissez le premier fichier »
  • Rajoutez un second fichiez crypté en cliquant cette fois sur « Choisissez le second fichier ».

Attention, soyez prudent au moment de la sélection du fichier. Sur Crypto Sherrif La taille des fichiers choisis ne doit pas excéder 1 Mo.

  • Saisissez dans le champ dédié, toute adresse Bitcoin, mail ou URL de site web visible dans la rançon. Notez qu’il est également possible d’envoyer un fichier .txt ou html contenant la demande de rançon. 
  • Cliquez ensuite sur le bouton « C’est parti » qui identifiera en quelques secondes le ransomware.
  • Ça y est, Crypto sherrif est parvenu à identifier l’objet malveillant et il vous fournit l’outil pour récupérer vos fichiers. Cliquez sur le bouton download pour télécharger l’outil de décryptage.

IL VAUT MIEUX PRÉVENIR QUE GUÉRIR

Pour éviter de vous retrouver dans une telle situation, il faut s’équiper d’outils de détection. La plupart des antivirus payants proposent des fonctionnalités pour se protéger des ransomwares (sauvegarde cloud, analyse comportementale, sauvegarde chiffrée). Si vous ne souhaitez pas investir dans de tels logiciels vous pouvez toujours installer Malwarebytes anti ransomware ou encore RansomFree qui détectent les comportements anormaux des applications. 

Pour aller plus loin : Des logiciels pour se protéger contre les rançongiciels

Soumission ou Souveraineté ?

Par Jacques TABARY – Commissaire en chef de 1ère classe (er)

La Constitution du 4 octobre 1958 stipule : « Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’Homme et aux principes de la souveraineté nationale ».
Cet article a pour but de démontrer que cette Loi fondamentale n’est pas respectée dans le domaine numérique.

La souveraineté numérique peut couvrir (ou dépendre de) plusieurs aspects dont notamment le stockage des données, les systèmes d’exploitation, les applications logicielles, la capacité à se protéger des attaques informatiques, à assurer la protection des données personnelles ainsi qu’industrielles et commerciales[1]

Aujourd’hui, les données françaises et européennes qui, pour beaucoup, constituent « l’or noir » de l’économie contemporaine, sont stockées à 80 % aux USA ou dans des serveurs américains. Ainsi, les données de santé des Français sont depuis 2019 hébergées par Microsoft, en dépit de l’avis défavorable de l’ANSSI[2],  dans le cadre du marché « Health Data Hub ». Renault, entreprise dont l’État est actionnaire, confie le traitement de ses données industrielles à Google. BPI France, banque publique d’investissement, organisme de financement et de développement des entreprises, fait enregistrer les demandes de crédit des entreprises françaises au sein d’une solution Amazon. 85% des entreprises du CAC 40 ont confié leurs données à Microsoft

Les flux des données en Europe, massivement captés par les États-Unis.
© ResearchGate : https://www.researchgate.net/figure/Les-flux-de-donnees-en-Europe-massivement-captes-par-les-Etats-Unis_fig1_329868098

La domination des « GAFAM[3] » conduit à un transfert massif des données et de valeur ajoutée vers ces multinationales. Elle pose ainsi un grave problème de souveraineté nationale.

S’agissant des ordinateurs, le système d’exploitation « Windows » de Microsoft et les applications « MS Office » écrasent toute la concurrence en équipant 80 à 90 % des ordinateurs des particuliers, des entreprises et des administrations. Cette proportion monte à 100 % dans 2 ministères régaliens : les Armées et la Justice…
Ceci n’est pas sans poser problème s’agissant de la sécurité :
Les logiciels de Microsoft sont les vecteurs privilégiés des « malwares », en raison de leur position dominante ;
Les remontées « techniques » périodiques de données, faites sans accord de l’utilisateur, sont également sujettes à interrogation.

Le système « Androïd » de Google équipe 75 % des ordiphones, Apple arrivant en deuxième position. Ces deux systèmes sont considérés comme de véritables aspirateurs à données :
Quand La Banque Postale demande à ses clients de télécharger sur « Google Play » l’application « Certicode + », elle fournit gratuitement à Google le nom et l’adresse IP du client concerné, ce qui complétera son profil commercial. En enregistrant les téléchargements, Google obtient aussi la liste nominative de tous les clients de la banque, laquelle devrait pourtant protéger à tout prix cette donnée stratégique majeure ;
L’association Tégo (ex- AGPM et GMPA) recommande aussi le téléchargement de son application mobile sur « Google Play ». Cette fonctionnalité intéressant surtout les jeunes militaires, Google pourra ainsi facilement rapprocher la qualité d’adhérent de Tégo, qui découle du téléchargement, avec sa géo-localisation. De là à en déduire à quelle unité militaire située à proximité appartient l’adhérent, il n’y a qu’un pas …

Soumises au « Cloud Act », les « GAFAM » sont obligées de répondre aux demandes des services de renseignement américains, même si les données qu’elles gèrent sont situées à l’étranger.

Il existe une grande porosité entre elles et ces services :
Microsoft[4] a été la première entreprise à participer au programme de surveillance PRISM de la NSA ; elle a aidé celle-ci à avoir accès aux messageries « Outlook » et « Hotmail » ;
Amazon vient de nommer à son conseil d’administration l’ancien chef de la NSA, le général ALEXANDER, qui a supervisé la surveillance de masse dénoncée par Edgar SNOWDEN.

Cette proximité et la mainmise totale des GAFAM sur l’Internet mondial ont permis, grâce aux informations obtenues par l’espionnage industriel américain, à General Electric de prendre le contrôle d’Alsthom, à FMC de mettre la main sur Technip, à Total, Shlumberger, Alcatel, BNP, Société Générale, Crédit Agricole de payer des dizaines de milliards de dollars d’amendes.

C’est ce dont prend acte implicitement la Cour de Justice de l’Union Européenne le 16 juillet 2020 par l’arrêt « SCHREMMS 2 », du nom de l’avocat qui a contesté le transfert des données opéré par Facebook Irlande vers sa maison-mère aux USA. Ce jugement historique, qui aurait dû faire la « Une » des médias, constate que les données à caractère personnel ne bénéficient pas aux USA d’une protection équivalente à celle délivrée en Europe par le RGPD[5], ce qui rend illicite leur transfert vers une société soumise au droit américain.

Le Conseil d’État étant saisi de l’affaire « Health Data Hub », la CNIL[6], dans la suite de l’arrêt précité, lui transmet le 8 octobre dernier, un mémoire[7] demandant aux acteurs stockant des données de santé de cesser de confier leur hébergement à Microsoft ou à toute société soumise « au droit étatsunien ».

Le coup de tonnerre provoqué par l’arrêt « SCHREMMS 2 » doit contraindre le gouvernement français à abandonner son acceptation tacite de la domination américaine.

Une idée largement diffusée est qu’hors des GAFAM, il n’y aurait point de salut. Pourtant le potentiel européen est immense et les solutions alternatives existent :
Il ressort de travaux d’avril 2016[8], que l’UE dispose d’une capacité de stockage suffisante sur son territoire pour assurer l’hébergement et le traitement des données à caractère personnel des citoyens européens actuellement traitées aux États-Unis : la « licorne[9] » française OVH, entreprise de niveau mondial, avait ainsi largement les moyens de traiter les données de santé des Français.
Que ce soit pour les particuliers, les entreprises ou les administrations, le système d’exploitation « Windows » peut être avantageusement remplacé par son équivalent libre « Linux », dont la fiabilité et la robustesse sont mondialement reconnues, y compris par la NASA et l’US Navy, qui en a équipé ses sous-marins nucléaires. La Gendarmerie Nationale l’utilise depuis 15 ans. L’ANSSI a développé un système « Clip OS », également basé sur un noyau Linux, capable de gérer des informations de plusieurs niveaux de sensibilité.
S’agissant de la bureautique, les logiciels libres représentent une alternative performante et très économique aux produits Microsoft.

La suite libre la plus populaire est « LibreOffice », issue d’un logiciel commercial allemand « StarOffice » dont la licence a été rendue libre. Elle comprend les mêmes modules que « MS Office » et est aussi performante. Elle en utilise sans difficulté les fichiers, tant en import qu’en export.
Le marché public « de support logiciel libre » gagné par ATOS permet aujourd’hui à toutes les administrations centrales de bénéficier du support de 350 logiciels « open source » dont nombre d’outils collaboratifs.

De manière générale, tous les produits propriétaires ont une alternative libre. Les logiciels libres sont plus sûrs :
D’une part, leur code source est ouvert, c’est-à-dire libre d’accès, contrairement à celui des logiciels propriétaires. Cette situation permet donc à la communauté de repérer et réparer plus rapidement les failles logicielles, les erreurs et négligences de programmation.
D’autre part, n’étant pas soumis à une logique commerciale, les données techniques qu’ils récoltent sont strictement limitées à ce domaine et ne sont pas revendues.

L’Europe et la France peuvent donc restaurer leur souveraineté numérique et se détacher de la vassalisation actuelle envers nos « alliés » américains. Cet objectif n’est pas hors de portée.

Il faudrait pour cela une volonté politique ferme et durable. Mais les discours et les actes du gouvernement sont contradictoires :
Lors de la restitution publique du rapport sur l’intelligence artificielle du député Cédric VILLANI, le 28 mars 2018, le Président de la République définit la souveraineté nationale comme « la capacité pour une Nation de définir par elle-même les normes auxquelles elle se soumet et non de se voir imposer ces règles de l’extérieur ».
Mais, dans son intervention du 14 septembre 2020 devant les principaux acteurs français du numérique, il limite cette notion de souveraineté au niveau européen et au domaine économique, comme la promotion de « licornes » ou de « start-up ».

D’autre part :
Le ministère des Armées continue de préférer « Windows » et « MS Office » dans le cadre d’un accord  « open bar » passé sans appel d’offres en 2009, contre l’avis des experts militaires.
Le choix de Microsoft en 2019 pour héberger les données de santé des Français était contraire à l’intérêt national :
– le Conseil d’État exige, par ordonnance de référé du 13 octobre 2020, le renforcement des clauses du marché « Health Data Hub » pour qu’il ne soit soumis qu’au droit de l’Union Européenne.
– leur traitement est un marché d’avenir qui échappe ainsi à une société française.
L’Éducation Nationale renouvelle au mois d’août 2020 son parc de licences Microsoft pour un montant de 8,3 M€ : cette décision très critiquable oriente des millions de jeunes vers ces produits à la fois payants et non souverains. Est-ce là le rôle de ce ministère ?
Il en est de même des organismes de formation professionnelle qui continuent à former systématiquement leurs stagiaires sur les logiciels de cette société.

Il est donc mensonger de parler de souveraineté numérique. La Constitution de la République n’est clairement pas respectée. Seule une volonté politique lucide et forte pourrait dégager la France des tentacules « étatsuniennes » en mettant en œuvre des solutions alternatives :
relocalisation des données en Europe ;
abandon de la préférence générale donnée à Microsoft dans les services publics, aux Armées, et notamment dans l’Éducation Nationale, de manière à ne pas favoriser l’addiction des jeunes aux GAFAM ;
respect des textes en vigueur qui incitent à choisir au maximum les logiciels libres.

L’arrêt « SCHREMMS 2 » est une opportunité de restaurer la souveraineté numérique nationale en relançant l’informatique française. Il doit conduire le gouvernement à mettre sur pied en urgence une vraie politique numérique qui ne se résume pas, comme aujourd’hui, à la promotion de l’application « TousantiCovid ».

Jacques TABARY – Auditeur du Comité Aunis-Saintonge


[1] Rapport sur la possibilité de créer un Commissariat à la souveraineté numérique
[
2] Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information
[3] Google Apple Facebook Amazon Microsoft
[4] « MICROSOFT handed the NSA access to encrypted messages », The Guardian 12 juillet 2013
[5] Règlement général sur la protection des données
[6] Commission Nationale Informatique et Libertés
[7] https://www.usine-digitale.fr/article/microsoft-doit-se-retirer-du-health-data-hub-d-apres-la-cnil.N1014634
[8] Rapport sur la possibilité de créer un Commissariat à la souveraineté numérique – page 20
[9] Le terme « licorne » est employé pour désigner une startup valorisée à plus d’un milliard de dollars

© ASAF – Souveraineté nationale informatique : https://www.asafrance.fr/item/souverainete-nationale-informatique.html

Les chiffres clés de la Défense 2020

Mise à jour  : 17/09/2020 – Auteur : La Rédaction – Direction : DICoD
© https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/les-chiffres-cles-de-la-defense-2020#:~:text=Comme%20le%20stipulait%20la%20Loi,plus%20que%20l’an%20pass%C3%A9.

Le ministère des Armées publie son document annuel présentant les données majeures de son action au cours des derniers mois. Quel budget alloué à la Défense ? Combien de militaires déployés en mission ? Quels moyens mis en œuvre durant la crise sanitaire ? Tous les chiffres clés sont à retrouver ci-dessous.

Comme le stipulait la Loi de programmation militaire (LPM), le budget alloué au ministère des Armées a été revu à la hausse en 2020. Il s’est élevé ainsi à 37,5 milliards d’euros, soit 1,7 milliard de plus que l’an passé. « Derrière ces crédits, il y a des hommes et des femmes, les personnels civils et militaires du ministère des Armées, mais également de nouveaux équipements modernisés, des projets pour améliorer la vie des familles, des formations pour guider l’orientation des jeunes, des innovations pour accélérer la transition énergétique », tient à préciser Florence Parly, ministre des Armées, dans le fascicule des chiffres clés de la Défense 2020.

https://www.defense.gouv.fr/content/download/592943/10040200/file/Chiffres%20cl%C3%A9s%20de%20la%20D%C3%A9fense%20-%202020%20-%20FR.pdf

Une année sous le signe de la lutte contre la crise sanitaire

La crise de la Covid-19 a profondément marqué le premier semestre 2020.  Comme l’a rappelé la ministre des Armées, « plus de 2 000 patients atteints du virus ont été hospitalisés dans les 8 hôpitaux d’instruction des armées » et « 20 % des transferts de patients ont été réalisés par nos armées », sans oublier les 5 millions de masques livrés au ministère des Solidarités et de la Santé et le déploiement des trois porte-hélicoptères amphibies (PHA) à La Réunion, Mayotte et dans la zone Antilles/Guyane et de trois A400M aux Antilles, en Guyane et en Polynésie française. L’opération Résilience, lancée le 25 mars dernier, a ainsi contribué efficacement à la lutte contre la propagation du virus et au traitement des malades.

Un ministère des Armées investi sur plusieurs fronts

Ces derniers mois, plusieurs sujets ont plus particulièrement mobilisé les équipes du ministère des Armées. Parmi eux, la transition écologique a été mise au cœur des préoccupations ministérielles.  La stratégie énergétique de Défense a consacré ainsi la mobilisation de 2 000 ha de terrains militaires pour l’installation de fermes photovoltaïques d’ici 2022.

Par ailleurs, malgré la crise de la Covid-19, les livraisons d’équipements essentiels à la réalisation des missions se sont poursuivies : 17 Griffon pour l’armée de Terre, six Rafale F3R pour la Marine et un A400M Atlas à destination de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Dans le même temps, le soutien aux entreprises a été tout particulièrement développé avec, entre autres, la création d’une Task force dédiée à préserver les industries stratégiques œuvrant au profit de la Défense et les 200 000 emplois liés.

Une meilleure prise en compte des conditions de vie des militaires et des familles

Lancé par le ministère des Armées le 31 octobre 2017, le plan Famille assure une meilleure prise en compte des conditions de vie des militaires et de leur entourage. Parmi les 55 actions qu’il prévoit, la plupart sont désormais effectives. 371 logements neufs ont notamment été livrés au cours de l’année passée et 100 000 nouvelles cartes famille SNCF distribuées.

« 61 372, c’est le nombre de militaires du rang dans l’armée de Terre ; 102, c’est le nombre de Rafale de l’armée de l’Air ; 3, c’est le nombre de porte-hélicoptères amphibies de la Marine ; 2 000 ha, c’est la surface des terrains militaires que le ministère des Armées a consacrée à l’installation de fermes photovoltaïques ; 5 millions, c’est le nombre de masques qui ont été livrés au ministère des Solidarités et de la Santé durant la crise de la COVID-19. Ces chiffres sont plus révélateurs qu’un grand discours ; et c’est bien l’esprit de ce fascicule Chiffres Clés. »

Florence Parly, ministre des Armées.

Revue Défense Nationale (2020)

Citation

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RDN – Mensuel – Juillet 2020 – n° 832 – Économie de défense : problématiques contemporaines

« Les éléments ultimes de la puissance sont le nombre 
des hommes et la capacité de production. » Raymond Aron

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RDN – Mensuel – Juin 2020 – n° 831 – La puissance américaine : assise et évolutions stratégiques

« L’Amérique n’a pas d’idéologie puisqu’elle en est une. » 
François Furet

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RDN – Mensuel – Mai 2020 – n° 830 L’Europe de la défense : quelle réalité ?

« Ceux qui laissent croire que par une sorte d’abracadabra 
européen, tous nos problèmes seront résolus se trompent et 
trompent les Français. » Jacques Chirac

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RDN – Mensuel – Avril 2020 – n° 829 Avenir de la guerre et ses mutations (suite)

« À la guerre, c’est celui qui doute qui est perdu : 
on ne doit jamais douter. » Ferdinand Foch

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RDN – Mensuel – Mars 2020 – n° 828 – Avenir de la guerre et ses mutations

« Se préparer à la guerre est le meilleur moyen de préserver 
la paix. » George Washington

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RDN – Mensuel – Février 2020 – n° 827 – Pierre Hassner

« Réduire l’incertitude, c’est bien souvent d’abord discerner
des intérêts communs, éduquer à la confiance mutuelle et 
refuser ensemble l’inacceptable. » Amiral Pierre Lacoste

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RDN – Mensuel – Janvier 2020 – n° 826La Fabrique Défense

« Un événement tourné vers les jeunes qui doit contribuer
d’une part à l’affermissement du lien armées-Nation, et
d’autre part à l’émergence d’une culture stratégique
européenne commune. » Florence Parly

L’après-corona ou le temps retrouvé.

Par Claude Chancel, spécialiste de la Chine, vice-président de l’Institut géopolitique et culturel Jacques Cartier de Poitiers, 23 mars 2020

1– En ce printemps 2020, nous sommes terrassés et nous comptons les disparus de notre grande famille humaine. En dépit de la douleur et de l’inquiétude, nous sommes encore vaillants, avec un minimum de sang froid, guidés par de belles personnes, de toutes professions, qui risquent leur vie pour sauver les nôtres ou qui cherchent simplement des solutions pour vivre mieux demain et partager davantage.

Venu de l’Orient, comme jadis les grandes pandémies (la peste ou la grippe espagnole), le coronavirus est notre plus grand défi qui, si nous l’emportons, nous oblige à tout reconsidérer. Car, il n’y a que deux hypothèses : ou c’est le début de la fin de l’humanité, (hypothèse que l’on ne peut exclure), ou il y aura une sortie à cette terrible épreuve.

Alors, la plupart des nations devront, en collaborant, adopter de nouvelles façons de vivre, plus sobres, plus sages, plus humaines, plus apaisées, dans un processus de réconciliation de l’homme avec lui-même, avec ses semblables et avec la nature.

Personne n’avait prévu une catastrophe d’une telle ampleur sanitaire, économique et sociale, sauf, bien entendu, les éternels imposteurs…

Mais, sur quelle tendance étions-nous embarqués, à titre individuel ou collectif ?

Incontestablement, et à toute vitesse non contrôlée, sur la quête de la puissance, d’où le ranking (la volonté d’être premier à tout prix) et le rating (la notation de chacun à tout instant) dont les résultats sont affichés en permanence par la révolution de l’image. Images encore accélérées par l’hyper-mobilité qu’offre la révolution des transports (jet, containeurs et net), 24 heures sur 24, au détriment de l’intimité et du repos respectueux de la personne humaine désormais exposée, quand elle n’est pas harcelée, en permanence, à une myriade d’agressions, au nom de la loi du marché.

Nous pensons tous, maintenant, qu’il y aura un après-corona, une rupture, ou plusieurs, dans notre ligne de parcours. D’abord, notre vie étant fragile, quasiment miraculeuse, comment lui donner un sens ? Beaucoup ont le sentiment de valeurs perdues, désertées, sous l’effet d’un « capitalisme-vautour », celui de la loi du plus fort, sans régulation véritable, prédateur au détriment d’une nature qui n’en peut mais, et destructeur d’une partie importante de l’humanité.

D’abandons en renoncements, les idéaux qui avaient permis, en 1945, la victoire sur la barbarie, ont été désertés : démocratie, méritocratie, sécurité sociale, stabilité et accroissement des classes moyennes, Qui rêve encore à la façon de Beveridge : « du travail pour tous dans une société plus juste » ?

2– Des nécessaires périodes de confinement, cruellement endeuillées, devraient apparaître de nouvelles propositions pour réagir :

D’abord le renouvellement de la question sociale. La mondialisation a montré ses limites en donnant la priorité absolue à la compression des coûts.

Elle ne fut pas heureuse pour tout le monde, puisqu’elle signifie que le capitalisme mondialisé a toujours besoin de plus pauvres que soi, pauvres dont le dur labeur est sous-payé (alors que nous pensions que tout travail mérite salaire). Bien entendu, cela renforce toutes les inégalités déjà présentes et les accentue même, au sein des pays et entre eux.

Enfin, ces chaînes de valeur, de création de richesses, ont créé des dépendances aussi insupportables que dramatiques comme il est remarqué dans le cas des principes actifs de médicaments, des pièces électroniques, des masques…  

La France a été désindustrialisée et ses classes moyennes, paupérisées au profit de la Chine « usine du monde », elle-même très inégale, ou d’autres pays.

Il est loin, le temps des trente glorieuses où la devise de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) proclamait avec fierté « qu’un jeune travailleur vaut tout l’or du monde » !

La question du modèle économique est posée, bien sûr.

Le libéralisme triomphant de Ronald Reagan, et de Margaret Thatcher ont porté des coups sévères à l’état-providence, en particulier dans les domaines, pourtant fondamentaux, de la santé et de l’éducation. Il a préféré la Bourse à la vie, comme en témoignent Wall Street et la City qui ont, finalement, préféré faire de l’argent avec de l’argent (des autres), plutôt que d’investir dans l’usine nouvelle et la recherche.

N’a-t-on pas constaté le grand écart entre l’économie réelle et la « sphère financière » dont les spéculations ont débouché, en 2007-2008 sur la désastreuse crise des « subprimes » ?

Ensuite, la question écolo-climatique. La géographie, c’est l’homme et la nature.

L’Antiquité en réfère souvent aux cultes de la terre-mère, symbole de la fertilité et de la fécondité. À l’époque contemporaine, bien des chercheurs ont constaté l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, de nombreux minerais et des sols eux-mêmes, ainsi que la menace qui pèse sur bien des espèces végétales et animales.

  • D’où la valorisation de l’énergie renouvelable, soleil et vent, sans que les nouveaux problèmes qu’elle pose ne soient encore résolus, en particulier ceux du stockage.
  • D’où, aussi, l’intérêt d’une économie circulaire, celle qui recycle déjà plus de 80% du verre.
  • D’où, encore, celui pour l’agro-écologie, insuffisamment adoptée, alors que c’est possible.
  • D’où, enfin, l’intérêt nouveau pour le risque de disparition d’animaux et de végétaux, alors que nous-mêmes, faisons partie du monde du vivant.

La nature peut être violente mais elle peut aussi être très généreuse, sublimée par le travail des hommes, à condition qu’ils ne la détruisent pas d’abord, ce qui a été trop souvent réalisé.

Combien la terre peut-elle tolérer d’hommes pouvant y vivre dignement ?

C’est là qu’intervient le questionnement démographique, occulté de façon dramatique.

Combien d’hommes ? La démographie est une question centrale, car, si l’interlocuteur prône plus de croissance d’hommes en nombre, on le soupçonne très vite de masquer, dans l’intérêt de tel ou tel, une volonté de puissance prometteuse d’agression. Si, au contraire, il prône le ralentissement, il est accusé de malthusianisme au profit de quelques-uns seulement.

S’« il n’est de richesses que d’hommes », l’idéal est le plus grand nombre dotés du plus haut niveau de vie possible. La problématique est le vieillissement des pays riches et de la Chine qui contraste avec l’explosion démographique du subcontinent indien, envahi par lui-même, ainsi que de l’Afrique sub-sahélienne qui devrait, en quelques décennies, passer de un à deux milliards d’être humains… dont beaucoup, désespérés par la misère, seront tentés de s’expatrier en prenant tous les risques.

« Si la richesse ne va pas aux hommes, les hommes vont à la richesse », soulignait Alfred Sauvy, grand démographe du XXème siècle…

La question du don de la vie est délicate. Ce n’est pas une raison pour ne pas l’évoquer, surtout pour l’enfant à venir qui n’a rien choisi et qui a droit à une vie pleine et épanouie…

3– Tout va changer : quoi et comment ?

Le capitalisme mondialisé, qui devient un capitalisme numérisé, est source de déstabilisations violentes et d’inégalités insupportables comme le prouvent les crises actuelles, qui se rapprochent, ainsi que d’incontestables statistiques.

Si la mondialisation existe depuis longtemps, la globalisation, sous sa forme actuelle, est refusée par beaucoup, qui demandent, avec force, le renforcement du rôle de l’Etat, seul capable d’imposer l’intérêt général.

Ses fonctions régaliennes lui font un devoir de faire en sorte que sa population soit nourrie, éduquée, soignée et protégée à l’intérieur (police et gendarmerie) et vis-vis de toute agression extérieure (forces armées).

Il doit, en outre, faciliter la fabrication et l’invention de biens utiles à la nation et veiller sur l’irremplaçable entrepreneur. La France n’est-elle pas le pays de Sully, de Colbert (manufactures), des compagnons du Tour de France et de Pasteur, entre autres ?

Beaucoup de citoyens français ont ressenti comme une quasi-trahison la désindustrialisation du pays qui a débouché sur un chômage de masse, une paupérisation de nombreuses familles et des déséquilibres territoriaux (métropoles trop pleines et campagnes trop vides, (thème de la France en archipel).

Ce sentiment de trahison, renforcé par un sentiment d’abandon, a débouché sur une « société de défiance » qui disgracie la politique au moment où elle devrait, sans tarder, créer les grands chantiers de l’avenir.

Les Français exigent la relocalisation de beaucoup d’industries, ainsi qu’une nourriture de proximité qui fait vivre leurs voisins de pays, ainsi que des services également répartis et diffusés dans l’intérêt de tous (problème des zones blanches).

La pandémie a révélé ceux du « background » : routiers, éboueurs, caissières, aides-soignantes, employés des pompes funèbres, aux salaires indécents qui ne correspondent pas aux services rendus.

Attention à l’écart entre ouvriers, employés et cadres. Le monde se retrouve, comme hier, avec des « having » et des « having not » prêts à se révolter dans un monde de grande violence à venir. Tous devraient apprendre à apprécier ce dont ils disposent.

« La société de consommation ne rend pas heureux » soulignait Jean-Paul II, tandis que le grand Dostoïevski soulignait que « l’argent, c’est de la liberté frappée » ! Où est la juste mesure dans notre monde frappé, justement, par l’hybris, la démesure inhumaine ?

L’Europe, rêve de paix et de prospérité pour beaucoup, est un échec, comme le prouvent le départ de l’Angleterre, les provocations de certains pays de l’est, l’immobilisme des pays du nord face aux difficultés de ceux du sud, l’absence de politique industrielle et de défense, l’abandon d’une véritable politique agricole, l’absence d’une politique de santé publique.

Mais il y a eu plus grave : la ratification du Traité de Lisbonne, en 2005, contre l’avis de 55% de Français qui avaient voté contre, d’où le procès d’une Europe plus technocratique que démocratique.

L’Europe risque-t-elle une sortie de l’histoire ? Elle s’est laissé surprendre par l’éloignement, pour ne pas dire, l’hostilité de l’Amérique de la présidence Trump (et de ses prédécesseurs). Elle est longtemps restée plus offerte qu’ouverte au commerce  international, particulièrement vis-à-vis d’une Chine dont elle n’a pas exigé la réciprocité sur ce plan essentiel. L’interdépendance à ce niveau est une dépendance.

Le dur prix payé aujourd’hui est la montée des populismes, facilitée par la tyrannie des images et des réseaux sociaux. Ils devront faire place à un souverainisme de bon aloi, ce qui engage la responsabilité des dirigeants actuels.

Le grave problème qui se pose est la non-protection des données personnelles.

Ce rapprochement de la vie publique et de la vie privée est promesse d’esclavage et de tyrannie, domaine où la Chine a une longueur d’avance et où se joue la suprématie mondiale (dans un monde post-américain ?).

De surcroît, l’homme est-il fait pour être le consultant permanent d’écrans de tous formats (addiction aliénante et déshumanisante, favorisée par un lâche anonymat et qui n’est pas maîtrisée).

Tout cela, en effet, a une résonnance géopolitique.

Quid de la Russie, européenne, mais eurasiatique aussi ? La montée en puissance des empires (où l’on est un sujet) est menaçante pour les démocraties où l’on est citoyen.

Chine et Amérique, Inde et Russie sont encore engoncées dans la course à la puissance qui anéantit un Moyen-Orient et une Afrique perclus de fractures…

Est-il trop tard pour que l’Europe se réapproprie la révolution numérique ?

Est-il trop tard pour que ses ressortissants vivent pour « être plus » et non dans un « paraître » qui privilégie, dans sa perversité, l’individualisme. Un individualisme qui tourne le dos aux valeurs collectives faites d’empathie et de générosité.

Il faut quitter, souligne Hubert Védrine, le monde de l’impréparation, des multi dépendances, de l’insécurité financière, de l’irresponsabilité écologique. II s’agit, désormais, de faire mieux avec moins, car « nous ne possédons pas la terre, nous l’empruntons à nos enfants ».

Faire mieux, en y payant le prix du temps humain, du travail bien fait, dans un monde de patries qui fraternisent dans le temps retrouvé…

Claude CHANCEL, Auditeur IHEDN, Ancien directeur des études de l’AR-18

Covid-19 : Et si tout le monde s’était trompé ?

 – 05:00 par Marcel Gay

Une nouvelle théorie physiopathologique prévaut désormais dans le milieu médical : on soignerait les patients pour une pneumonie virale alors qu’il faudrait les traiter pour des troubles d’origine vasculaire. Explications.

Depuis l’apparition, début janvier 2020, de la maladie Covid-19 provoquée par le coronavirus SARS-CoV2, on constate que médecins et chercheurs sont complètement désemparés.
Ils ne comprennent pas cette nouvelle pathologie. Les plus savants se succèdent sur les plateaux de télévision pour asséner des vérités que d’autres, aussitôt, viennent contredire. On est passé de « la grippette » du début janvier 2020 à « la guerre contre un ennemi invisible » de la mi-mars.
Le protocole du Pr Raoult, à Marseille, a provoqué une controverse planétaire doublée d’une querelle politico-médiatique.
A l’évidence, la communauté scientifique et médicale se déchire car elle ne sait pas grand-chose sur les origines et le comportement de ce coronavirus, sur ses effets pathologiques, et surtout sur la manière de soigner les nombreux patients qui développent des formes graves de la maladie.
Or, depuis son identification en Chine en novembre 2019, le coronavirus a infecté près de 2,5 millions de personnes dans le monde et provoqué 166.000 décès dont plus de 20.000 en France. Et ce n’est certainement pas fini.

La cause et ses effets

Et voilà que des voix s’élèvent pour dire que le problème a été pris à l’envers. Des médecins de plus en plus nombreux, en France et dans le monde, affirment qu’il faut traiter la cause et non pas ses effets.
Des médecins à New-York, à Bologne, à Grenoble et ailleurs constatent chez leurs patients que le Covid-19 provoqué par le virus SARS-CoV2 ne crée pas de SDRA (Syndrome de Détresse respiratoire Aigu), mais un trouble hypoxémique d’origine vasculaire (un manque d’oxygène dans le sang d’origine vasculaire par thrombo-embolies diffuses, autrement dit des « caillots » dans les vaisseaux).
« C’est comme si les patients étaient subitement dans un avion à 9000 mètres d’altitude et que la pressurisation de la cabine diminuait progressivement, constate le Dr Cameron Kyle-Sidell, médecin urgentiste, responsable d’un centre Covid-19 à New-York. Les patients sont lentement privés d’oxygène. »
Même raisonnement de la part du Pr Sandro Giannini à Bologne. Pour ce médecin, « la cause de la mortalité des patients Covid positifs serait due à une thrombo-embolie veineuse généralisée, principalement pulmonaire.» Si tel était bien le cas, il faudrait admettre que « les intubations sont inutiles, puisqu’il faut d’abord dissoudre ou prévenir les thrombo-embolies ». En effet, il est inutile de ventiler un poumon si le sang n’arrive pas au poumon. Neuf personnes ventilées sur dix meurent d’après le Pr Giannini, car le problème est cardio-vasculaire et non pulmonaire.
Reste à comprendre pourquoi les caillots de sang se forment chez les patients atteints de Covic-19.

Nouveau traitement

Près de Grenoble, le Dr Sabine Paliard-Franco traite ses patients touchés par la Covid-19 avec des antibiotiques macrolides associés à des Céphalosporine de 3ème génération appelés C3G. Elle obtient des résultats spectaculaires. Nous l’avons contactée mais elle n’est pas autorisée par le Conseil de l’Ordre à parler à la presse.
On notera que le protocole du Pr Raoult contient également un macrolide, l’azithromycine, et de l’hydrochloroquine-Plaquenil (un anti-inflammatoire).
Enfin, trois médecins dont deux de Moselle : Denis Gastaldi (Morhange) Jean-Jacques Erbstein (Créhange) et Olivia Vansteenberghe, à Wormhout (Nord) ont mis au point une combinaison médicamenteuse à base d’azithromycine mais sans l’hydroxychloroquine prônée par le Pr Raoult. Et tous trois ont constaté une nette amélioration de l’état de leurs patients touchés par le coronavirus. Parce qu’ils traitent la cause et non pas l’effet.

Dr Jean-Jacques Erbstein* :
« Des résultats probants mais restons prudents »

– Vous faites partie des rares médecins qui proposent un traitement à leurs patients souffrant du Covid-19 avec des résultats significatifs. Pouvez-vous nous expliquer ?

– Nous ne traitons pas le Covid-19 mais nous prévenons ses complications.
Car on sait que ce virus provoque un orage cytokinique c’est à dire une grosse inflammation du corps avec des réactions immunoallergiques.
Et il existe des mécanismes thromboemboliques avec risque d’embolie pulmonaire.
Nous nous sommes posé la question de savoir comment on pouvait casser ce mécanisme pour que nos patients passent le cap des sept jours.
C’est l’étape la plus difficile surtout chez les patients qui présentent des facteurs de risque de complications (personnes âgées, obèses, cardiaques etc.).

– Quelle fut votre démarche ?

– Avec deux amis médecins Denis Gastaldi (Morhange) et Olivia Vansteenberghe, à Wormhout (Nord) nous nous sommes retrouvés sur le forum de Facebook « le divan des médecins » où viennent échanger quelque 15.000 professionnels.
En discutant, nous nous sommes aperçus que tous trois nous prescrivions de l’azithromycine bien avant que Raoult ne l’intègre dans son protocole.

– Et quelles sont les propriétés de ce médicament ?

– Il s’agit d’un antibiotique de la famille des macrolides qui a pour propriété  de provoquer une action antivirale (on ne sait ni comment ni pourquoi à ce stade) mais surtout une action anti-inflammatoire. Moi, je le connais pour prescrire cet antibiotique an long cours aux patients qui ont des bronchites.

– Cet antibiotique est prescrit seul ?

– Je prescris aussi du zinc, un oligoélément qui a une action antivirale et du Montelukast (du Singulair) contre l’asthme, un anti-inflammatoire à visée pulmonaire.
J’ajoute une héparine à dose préventive pour éviter les complications de type phlébite et embolie pulmonaire. Autrement dit pour éviter les caillots dans le sang.

– Avec quels résultats ?

– Depuis que nous avons commencé ce protocole, nous n’avons plus aucune hospitalisation. Avec les deux médecins dont je vous ai parlé, nous avons une série de 200 patients et plus une seule hospitalisation. Depuis les articles publiés dans la presse nous avons été sollicités par de nombreux médecins comme le Dr Bellaiche, à Paris. Soit au total 400 patients traités avec notre protocole.

– Jolis succès….

– Il faut rester très, très prudents. Ce ne sont que des observations. Il faut attendre le résultat des études sur ce protocole pour en tirer des conclusions définitives.
Nous avons reçu, mardi, un appel de l’Ordre des médecins nous demandant d’être ‘’prudents et discrets’’. En effet, nous avons été dénoncés par des confrères qui considéraient que nous nous faisions de la publicité. C’est évidement stupide puisque ni eux ni moi n’avons rien à faire de publicité. Le seul intérêt de communiquer sur nos résultats c’était de faire part de nos constats et d’inviter les experts à lancer des études.

– Vous n’êtes pas soutenus par la profession ?

– Si bien sûr par de nombreux médecins généralistes mais aussi des médecins de tous les continents. Car, rappelez-vous, au départ, au mois de janvier, février et même mars, les généralistes n’avaient ni masques, ni charlottes. Certains médecins l’ont payé de leur vie. Je connais beaucoup d’infirmières qui sont restées positives au Covid-19.
Après les premières semaines de sidération, on a pris la vague de plein fouet, ici en Moselle, comme en Alsace. On ne pouvait pas laisser mourir les gens sans rien faire.
Quand j’appelais le 15 on me disait ‘’quel âge’’ ? Sous-entendu, si trop vieux, qu’il reste chez lui. Les réanimations étaient pleines. Il fallait trouver quelque chose.

– Et aujourd’hui ?

– Aujourd’hui, on se fait insulter par les grands pontes.
Ils nous disent, dans 80% des cas, les gens sont guéris.
Oui, mais il faut voir dans quel état. Nous, on constate qu’il faut administrer notre protocole le plus tôt possible. Trois jours après, ils vont mieux, c’est spectaculaire. Mais, encore une fois, il convient d’attendre les résultats des études en cours avant d’avoir des certitudes.

*Jean-Jacques Erbstein est Médecin généraliste à Créhange en Moselle