Organiser une opération militaire pour les nuls

Par Michel GOYA.

Alors jeune sergent, j’ai été appelé un jour avec mes camarades chefs de groupe de combat d’infanterie par mon chef. Le discours fut bref :

  • Qu’est-ce que vous glandez ?
  • On attend vos ordres, mon adjudant !
  • Je ne donne pas d’ordres mais des missions à remplir, et quand je n’en donne pas, il y en a une qui s’applique automatiquement : maintenir et si possible renforcer vos compétences et celle de vos hommes.
  • Donc si je ne dis rien, je dois vous voir en train de courir, ramper, manœuvrer, tirer, nettoyer vos armes, apprendre des trucs.
  • Dès que j’ai une mission à vous donner, en général parce qu’en j’ai reçu une moi-même, tout s’arrête et on bascule sur un objectif plus précis à atteindre.

Le voile s’est alors déchiré devant mes yeux novices.

La suite de cet article en ligne : https://lavoiedelepee.blogspot.com/2019/08/organiser-une-operation-militaire-pour.html?m=1

Stéphane MARCIREAU, le philosophe

Stéphane Marcireau, le philosophe joueur derrière Philodéfi

Par Denis Peiron, La Croix, le 29/08/2019 à 11:53 

Le savoir en partage (4/5). Ce professeur de Poitiers a créé un jeu pour aider les élèves à apprendre la philosophie en tirant profit des intelligences multiples. Une démarche ludique couronnée de succès.

Stéphane Marcireau, professeur de philosophie, photographié dans son lycée, L’Union Chrétienne, à Poitiers (Vienne) le 9 juillet 2019. Il a crée « Philodéfi » jeux de cartes pour apprendre la philosophie en s’amusant. Photos Claude Pauquet pour La Croix.

Quand il a commencé à enseigner la philosophie, il y a un petit quart de siècle, Stéphane Marcireau se préoccupait avant tout de gérer son planning, de boucler son programme. Dans son lycée catholique du centre-ville de Poitiers, il pouvait encore se permettre de donner des cours à l’ancienne, dans une logique de transmission verticale, de maître à élève. Mais les ans ont passé et la jeunesse a changé. Les aspirations ont évolué. Et surtout, à l’heure de l’instantanéité numérique, les capacités de concentration ne sont plus ce qu’elles étaient.

Comment relever le défi ? Il y a quelques années, Stéphane Marcireau s’est souvenu d’une séance durant laquelle, se promenant entre les rangs tout en dictant son cours, il avait découvert les dessins que faisait Louise, l’une de ses meilleures élèves, en marge de ses notes :

Elle avait représenté l’animal-machine cher à René Descartes. Sur sa feuille, on apercevait le philosophe en train de soulever la peau de son cheval, dont on découvrait alors la mécanique. En quelques traits, elle avait résumé cette théorie cartésienne pour mieux la fixer dans son esprit : l’animal n’est qu’une machine, avec des tuyaux, des ressorts.

Nota. Stéphane MARCIREAU est auditeur de l’IHEDN.

Général Alain BOULLET

Le mercredi 28 août 2019, Paul MORIN a représenté Bernadette GRIGNON à la cérémonie de départ du général ALVAREZ et à la prise de commandement du général de brigade aérienne Alain BOULLET, promu à la tête des écoles de Rochefort et commandant de la BA 721.

Le général Manuel-Feliciano ALVAREZ, rejoint la DRHAA comme n°2.

Le général BOULLET est également commandant de la base de défense Rochefort-Cognac et délégué militaire départemental de la Charente-Maritime.

À cette occasion, Paul MORIN a pu établir un contact avec le nouveau chef de cabinet du général et solliciter un rendez-vous pour préparer les lundis de l’IHEDN.

Sans prise en compte de l’histoire, la guerre du Sahel ne pourra pas être gagnée

Lundi 19 août 2019, une nouvelle et importante attaque des GAT (Groupes armés terroristes) menée dans le nord du Burkina Faso, a fait des dizaines de morts, de blessés et de disparus dans les rangs de l’armée burkinabé.

Pourquoi, six ans après la chevauchée de Serval, un conflit au départ localisé au seul nord-est du Mali, limité à une fraction touareg et dont la solution passait par la satisfaction de revendications politiques légitimes, s’est-il transformé en un embrasement régional paraissant échapper à tout contrôle ? 

La réponse tient en deux points : 

1) En 2013, pour obtenir une victoire totale, il eut fallu conditionner la progression de Serval et la reconquête des villes du nord du Mali à des concessions politiques du pouvoir de Bamako. Les décideurs français ne l’ont pas voulu. 

2) Ceux qui ont défini la stratégie française dans la BSS (Bande sahélo saharienne) ont choisi les nuées contre le réel, à savoir l’illusion de la démocratie et le mirage du développement.

Or, en Afrique, comme démocratie = ethno-mathématique, les ethnies les plus nombreuses remportent automatiquement les élections. Conséquence, au lieu d’éteindre les foyers primaires des incendies, les scrutins les ravivent ou les maintiennent en activité.

Quant au développement, tout a déjà été tenté en la matière depuis les indépendances. En vain. D’ailleurs, comment les politiques, les médias et les « experts », peuvent-ils encore oser parler de développement, alors qu’ils savent que la suicidaire démographie africaine en vitrifie par avance toute éventualité ? 

Dans l’état actuel de la situation sécuritaire dans la BSS, le retour au réel est plus que jamais une urgence afin d’identifier les causes profondes de la conflictualité à laquelle nos Forces sont confrontées. Elles ont en effet un besoin vital de cette lisibilité que seule la connaissance du passé permet d’obtenir.L’histoire régionale nous apprend ainsi que les actuels conflits ne sont pas une nouveauté. Résurgences de ceux d’hier, ils s’inscrivent dans une longue chaîne d’évènements expliquant les antagonismes ou les solidarités d’aujourd’hui. 

Quelques exemples :

1) A l’ouest du lac Tchad, à partir du Xe siècle et durant plus d’un demi-millénaire, se succédèrent royaumes et empires (Ghana, Mali et Songhay). Tous contrôlaient les voies méridionales d’un commerce transsaharien articulé et même ancré sur des villes-marchés mettant en contact le monde soudanien et le monde méditerranéen. Quand ils étaient forts, ils se faisaient respecter par les éleveurs nomades, leur interdisant de razzier les agriculteurs sédentaires. 

2) Après la destruction de l’empire Songhay par le Maroc en 1591, à l’exception des Bambara au nord et des Mossi au sud, les peuples sédentaires de la région ne constituèrent plus de véritables États. Tant chez les Songhay que chez les Djerma, la vie en société ne fut plus dès-lors organisée qu’autour de villages ou de regroupements de villages incapables de se défendre contre la razzia nomade. 

3) A la fin du XVIIIe siècle et durant le XIXe, les populations sédentaires de l’ouest du Sahel subirent l’expansion des nomades Peul, mouvement dévastateur qui se fit avec l’alibi de la religion. Trois jihad peul ou apparentés bouleversèrent alors la marqueterie ethno-politique régionale. Celui d’Ousmane (Othman) dan Fodio se fit en pays Haoussa, celui de Seku Ahmadou au Macina et celui d’El-Hadj Omar en pays bambara. Du haut Sénégal à la région tchado-nigeriane, ce ne fut alors que désolation, pillage, massacre et mise en esclavage. 

4) Aujourd’hui, dans tout l’ouest africain, ces terribles épisodes sont encore très présents dans les esprits. Leur souvenir constitue le non-dit, et souvent même le véritable soubassement des actuels affrontements ethniques baptisés « communautaires » par idéologie, « pruderie » ou « prudence »… Or, en ne nommant pas les choses, l’on en perd le sens.

En effet, pour les Peul et pour ceux qui se réclament de la « peulitude », Ousmane (Othman) dan Fodio, Seku Ahmadou et El Hadj Omar sont des héros. Les Bambara, Dogon, Mossi, Djerma, Songhay et autres, les voient tout au contraire comme des conquérants esclavagistes cruels et sanguinaires dont l’impérialisme pillard était camouflé derrière un pseudo-justificatif religieux.

Voilà défini l’arrière-plan des actuels conflits du Macina et du Liptako amplifiés par la surpopulation et la péjoration climatique. Refuser de le voir ou considérer cela comme « anecdotique » va, tôt ou tard, conduire à de nouvelles « désillusions » et, hélas, à de nouvelles pertes cruelles. 

5) Avant la colonisation, accrochés à la terre qu’ils cultivaient, les sédentaires du fleuve et de ses régions exondées étaient pris dans la tenaille prédatrice des Touareg au nord et des Peul au sud. Pour survivre, ils constituèrent alors de complexes réseaux d’alliances ou de solidarités. Ayant traversé le temps, ils permettent d’expliquer pourquoi certaines « communautés » se rangent aujourd’hui du côté des GAT, quand d’autres les combattent.

Ainsi, comme les raids des Touareg s’exerçaient depuis le désert au nord du fleuve Niger et ceux des Peul à partir des trois émirats du Dallol, du Liptako et du Gwando, afin d’être épargnés, les sédentaires devinrent les tributaires des premiers ou des seconds :
– À l’ouest, les Songhay choisirent d’être ceux des Touareg, lesquels, en échange, protégeaient leurs villages des attaques des Peul. Entre Gao et Ménaka, au fil du temps, certains des tributaires songhay s’assimilèrent quasiment à leurs protecteurs Touareg. Les Imghad le firent ainsi aux Touareg Ifora et les Daoussak aux Touareg Ouelleminden Kel Ataram. Comme la rive nord leur était tributaire, c’était donc sur la rive sud du Niger que les Touareg menaient leurs razzia, avec pour alliés les piroguiers-pêcheurs Kourtey (Kourteis) vivant entre Ayorou et Say.
– Plus à l’est, toujours sur la rive nord du fleuve Niger, les Djerma étaient dans la même situation que leurs voisins songhay mais, en fonction de la localisation géographique des prédateurs nomades, ils choisirent deux systèmes différents de protection. C’est ainsi que les Djerma du sud devinrent tributaires des Peul pour être protégés des Touareg, alors que ceux du nord demandèrent à ces derniers de les défendre contre les Peul. 

6) A la fin du XIXe siècle, l’armée française bloqua l’expansion des entités prédatrices nomades dont l’écroulement se fit dans l’allégresse des sédentaires qu’elles exploitaient, dont elles massacraient les hommes et vendaient les femmes et les enfants aux esclavagistes du monde arabo-musulman. 

7) La colonisation fut donc en quelque sorte la revanche offerte par la France aux vaincus de la longue histoire africaine. Cependant, dans tout le Sahel occidental, elle eut deux conséquences contradictoires :
– Elle libéra les sédentaires de la prédation nomade, mais, en même temps, elle rassembla razzieurs et razziés dans les limites administratives de l’AOF (Afrique occidentale française).
– Or, avec les indépendances, les délimitations administratives internes à ce vaste ensemble devinrent des frontières d’États à l’intérieur desquelles, comme ils étaient les plus nombreux, les sédentaires l’emportèrent politiquement sur les nomades, selon les lois immuables de l’ethno-mathématique électorale. 

Voilà identifié le terreau des conflits allumés depuis une ou deux décennies par des trafiquants de toutes sortes et des islamo-jihadistes immiscés avec opportunisme dans le jeu ethno-politique local et régional. L’ignorer ou le minorer conduit à la superficialité des analyses, à l’inadaptation des décisions et en définitive, à l’impasse actuelle.

Avec des moyens dérisoires à l’échelle du théâtre d’opérations, Barkhane, qui n’est que de passage, n’est évidemment pas en mesure de refermer des plaies ethno-raciales ouvertes depuis la nuit des temps.

Une bonne connaissance du milieu et des hommes pourrait cependant lui permettre d’éviter leur surinfection. Ces points sont développés et illustrés de nombreuses cartes dans mon livre Les Guerres du Sahel des origines à nos jours et dans mon cours vidéo intitulé “Comprendre le conflit au Sahel”
Bernard Lugan

La crise indo-pakistanaise

Chers amis,

Ci-joint un article de Richard Labévière, ancien auditeur de l’IHEDN, qui analyse précisément les causes probables du déclenchement de la  crise indo-pakistanaise avec en fond de tableau un risque de conflit entre trois puissances nucléaires (Inde, Pakistan, Chine) sans parler des États-Unis qui s’activent en fond de tableau pour affaiblir la Chine.

Cachemire, la guerre c’est la continuation de la politique par d’autres moyens http://prochetmoyen-orient.ch/cachemire-la-guerre-cest-la-continuation-de-la-politique-par-dautres-moyens/

Jean-Claude Rodriguez
, auditeur de l’IHEDN

David Galula, le théoricien de la contre-insurrection

Cet article, rédigé par un journaliste marocain, est de très haut niveau.

Il ne se contente pas de parler de Galula, officier français théoricien de la lutte contre-révolutionnaire en Algérie.

Il traite du problème majeur de l’Islam contemporain, le djihadisme, et propose des solutions.

A lire soigneusement.

Philippe MOUNIER

Le coup de maître de Moscou

Lire ci-dessous l’article reçu hier en provenance du site “Chroniques du grand jeu”.

Si l’implantation de bases russes en Iran est confirmée, il s’agirait bien d’un coup de maitre de Poutine.

Lien pour lire l’article : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2019/08/le-coup-de-maitre-de-moscou.html

Jean-Claude Rodriguez