Une nouvelle théorie physiopathologique prévaut désormais dans le milieu médical : on soignerait les patients pour une pneumonie virale alors qu’il faudrait les traiter pour des troubles d’origine vasculaire. Explications.
Depuis l’apparition, début janvier 2020, de la maladie Covid-19 provoquée par le coronavirus SARS-CoV2, on constate que médecins et chercheurs sont complètement désemparés.
Ils ne comprennent pas cette nouvelle pathologie. Les plus savants se succèdent sur les plateaux de télévision pour asséner des vérités que d’autres, aussitôt, viennent contredire. On est passé de « la grippette » du début janvier 2020 à « la guerre contre un ennemi invisible » de la mi-mars.
Le protocole du Pr Raoult, à Marseille, a provoqué une controverse planétaire doublée d’une querelle politico-médiatique.
A l’évidence, la communauté scientifique et médicale se déchire car elle ne sait pas grand-chose sur les origines et le comportement de ce coronavirus, sur ses effets pathologiques, et surtout sur la manière de soigner les nombreux patients qui développent des formes graves de la maladie.
Or, depuis son identification en Chine en novembre 2019, le coronavirus a infecté près de 2,5 millions de personnes dans le monde et provoqué 166.000 décès dont plus de 20.000 en France. Et ce n’est certainement pas fini.
La cause et ses effets
Et voilà que des voix s’élèvent pour dire que le problème a été pris à l’envers. Des médecins de plus en plus nombreux, en France et dans le monde, affirment qu’il faut traiter la cause et non pas ses effets.
Des médecins à New-York, à Bologne, à Grenoble et ailleurs constatent chez leurs patients que le Covid-19 provoqué par le virus SARS-CoV2 ne crée pas de SDRA (Syndrome de Détresse respiratoire Aigu), mais un trouble hypoxémique d’origine vasculaire (un manque d’oxygène dans le sang d’origine vasculaire par thrombo-embolies diffuses, autrement dit des « caillots » dans les vaisseaux).
« C’est comme si les patients étaient subitement dans un avion à 9000 mètres d’altitude et que la pressurisation de la cabine diminuait progressivement, constate le Dr Cameron Kyle-Sidell, médecin urgentiste, responsable d’un centre Covid-19 à New-York. Les patients sont lentement privés d’oxygène. »
Même raisonnement de la part du Pr Sandro Giannini à Bologne. Pour ce médecin, « la cause de la mortalité des patients Covid positifs serait due à une thrombo-embolie veineuse généralisée, principalement pulmonaire.» Si tel était bien le cas, il faudrait admettre que « les intubations sont inutiles, puisqu’il faut d’abord dissoudre ou prévenir les thrombo-embolies ». En effet, il est inutile de ventiler un poumon si le sang n’arrive pas au poumon. Neuf personnes ventilées sur dix meurent d’après le Pr Giannini, car le problème est cardio-vasculaire et non pulmonaire.
Reste à comprendre pourquoi les caillots de sang se forment chez les patients atteints de Covic-19.
Nouveau traitement
Près de Grenoble, le Dr Sabine Paliard-Franco traite ses patients touchés par la Covid-19 avec des antibiotiques macrolides associés à des Céphalosporine de 3ème génération appelés C3G. Elle obtient des résultats spectaculaires. Nous l’avons contactée mais elle n’est pas autorisée par le Conseil de l’Ordre à parler à la presse.
On notera que le protocole du Pr Raoult contient également un macrolide, l’azithromycine, et de l’hydrochloroquine-Plaquenil (un anti-inflammatoire).
Enfin, trois médecins dont deux de Moselle : Denis Gastaldi (Morhange) Jean-Jacques Erbstein (Créhange) et Olivia Vansteenberghe, à Wormhout (Nord) ont mis au point une combinaison médicamenteuse à base d’azithromycine mais sans l’hydroxychloroquine prônée par le Pr Raoult. Et tous trois ont constaté une nette amélioration de l’état de leurs patients touchés par le coronavirus. Parce qu’ils traitent la cause et non pas l’effet.
Dr Jean-Jacques Erbstein* :
« Des résultats probants mais restons prudents »
– Vous faites partie des rares médecins qui proposent un traitement à leurs patients souffrant du Covid-19 avec des résultats significatifs. Pouvez-vous nous expliquer ?
– Nous ne traitons pas le Covid-19 mais nous prévenons ses complications.
Car on sait que ce virus provoque un orage cytokinique c’est à dire une grosse inflammation du corps avec des réactions immunoallergiques.
Et il existe des mécanismes thromboemboliques avec risque d’embolie pulmonaire.
Nous nous sommes posé la question de savoir comment on pouvait casser ce mécanisme pour que nos patients passent le cap des sept jours.
C’est l’étape la plus difficile surtout chez les patients qui présentent des facteurs de risque de complications (personnes âgées, obèses, cardiaques etc.).
– Quelle fut votre démarche ?
– Avec deux amis médecins Denis Gastaldi (Morhange) et Olivia Vansteenberghe, à Wormhout (Nord) nous nous sommes retrouvés sur le forum de Facebook « le divan des médecins » où viennent échanger quelque 15.000 professionnels.
En discutant, nous nous sommes aperçus que tous trois nous prescrivions de l’azithromycine bien avant que Raoult ne l’intègre dans son protocole.
– Et quelles sont les propriétés de ce médicament ?
– Il s’agit d’un antibiotique de la famille des macrolides qui a pour propriété de provoquer une action antivirale (on ne sait ni comment ni pourquoi à ce stade) mais surtout une action anti-inflammatoire. Moi, je le connais pour prescrire cet antibiotique an long cours aux patients qui ont des bronchites.
– Cet antibiotique est prescrit seul ?
– Je prescris aussi du zinc, un oligoélément qui a une action antivirale et du Montelukast (du Singulair) contre l’asthme, un anti-inflammatoire à visée pulmonaire.
J’ajoute une héparine à dose préventive pour éviter les complications de type phlébite et embolie pulmonaire. Autrement dit pour éviter les caillots dans le sang.
– Avec quels résultats ?
– Depuis que nous avons commencé ce protocole, nous n’avons plus aucune hospitalisation. Avec les deux médecins dont je vous ai parlé, nous avons une série de 200 patients et plus une seule hospitalisation. Depuis les articles publiés dans la presse nous avons été sollicités par de nombreux médecins comme le Dr Bellaiche, à Paris. Soit au total 400 patients traités avec notre protocole.
– Jolis succès….
– Il faut rester très, très prudents. Ce ne sont que des observations. Il faut attendre le résultat des études sur ce protocole pour en tirer des conclusions définitives.
Nous avons reçu, mardi, un appel de l’Ordre des médecins nous demandant d’être ‘’prudents et discrets’’. En effet, nous avons été dénoncés par des confrères qui considéraient que nous nous faisions de la publicité. C’est évidement stupide puisque ni eux ni moi n’avons rien à faire de publicité. Le seul intérêt de communiquer sur nos résultats c’était de faire part de nos constats et d’inviter les experts à lancer des études.
– Vous n’êtes pas soutenus par la profession ?
– Si bien sûr par de nombreux médecins généralistes mais aussi des médecins de tous les continents. Car, rappelez-vous, au départ, au mois de janvier, février et même mars, les généralistes n’avaient ni masques, ni charlottes. Certains médecins l’ont payé de leur vie. Je connais beaucoup d’infirmières qui sont restées positives au Covid-19.
Après les premières semaines de sidération, on a pris la vague de plein fouet, ici en Moselle, comme en Alsace. On ne pouvait pas laisser mourir les gens sans rien faire.
Quand j’appelais le 15 on me disait ‘’quel âge’’ ? Sous-entendu, si trop vieux, qu’il reste chez lui. Les réanimations étaient pleines. Il fallait trouver quelque chose.
– Et aujourd’hui ?
– Aujourd’hui, on se fait insulter par les grands pontes.
Ils nous disent, dans 80% des cas, les gens sont guéris.
Oui, mais il faut voir dans quel état. Nous, on constate qu’il faut administrer notre protocole le plus tôt possible. Trois jours après, ils vont mieux, c’est spectaculaire. Mais, encore une fois, il convient d’attendre les résultats des études en cours avant d’avoir des certitudes.
*Jean-Jacques Erbstein est Médecin généraliste à Créhange en Moselle