La DST sur le front de la guerre froide

Auteur(s) : Nart Raymond – Guérin Michel – Clair Jean-François
Editeur : Mareuil Éditions
Parution : 27/10/2022
Nombre de pages : 208
Expédition : 323
Dimensions : 21.6 x 14.2 x 2.2
Résumé : En 1944, sur les ruines encore fumantes d’une Europe ravagée par un conflit qui se solde par la mort de plus de 50 millions de victimes, une autre guerre commence, sourde, rampante. Une guerre de l’ombre et des coups tordus. Une guerre où vont s’affronter ces deux grands blocs que sont l’Est et l’Ouest : l’URSS et ses satellites, d’un côté, les Etats-Unis et ses alliés, de l’autre. On l’appellera la  » Guerre froide « , celle du renseignement, de la désinformation. Celle des soldats anonymes. En France, la DST sera en première ligne, que ce soit face au KGB, au GRU ou aux services du bloc de l’Est, jusqu’à la chute du mur, en 1989. Créée en 1944, la DST part de zéro : les archives de l’ancien Contrôle général de la Surveillance du Territoire ont été détruites à l’arrivée des Allemands, quatre ans plus tôt. Il lui faudra vingt ans pour s’en relever. Ce qui ne l’empêchera pas de remporter quelques beaux succès qui permettront l’expulsion au total d’une centaine d’officiers soviétiques, sans compter leurs collègues des pays  » frères « . Pour la première fois, ce livre raconte sans détour les difficultés rencontrées par ces fonctionnaires français de la DST, ces  » contre-espions « , ces hommes et ces femmes dont certains sont tombés au champ d’honneur sans que leurs noms ne soient jamais gravés sur un monument aux morts.
Biographie :  Les auteurs sont tous les trois inspecteurs généraux honoraires de la Police nationale et anciens de la DST.

Revue de Presse

« La DST sur le front de la guerre froide » : la meilleure ennemie du communisme

Plongée dans le contre-espionnage avec trois historiques de la direction de la surveillance du territoire, qui fut longtemps, en France, le dernier rempart face au KGB. Par Jacques FOLLOROU – Le Monde
Publié le 07 novembre 2022 à 06h30, mis à jour le 07 novembre 2022 à 08h22
© https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/07/la-dst-sur-le-front-de-la-guerre-froide-la-meilleure-ennemie-du-communisme_6148775_3232.html

Livre. C’est une caste qui a toujours vécu à l’abri du secret-défense. Composée de policiers, elle a vécu, depuis l’après-guerre, avec la foi inébranlable d’être le dernier rempart face au communisme. Jusqu’à la chute du mur de Berlin, en 1989, elle n’a eu qu’une obsession : le KGB et ses supplétifs. Son nom : la direction de la surveillance du territoire (DST). Si cette maison est devenue, en 2008, la direction centrale du renseignement intérieure après sa fusion avec les renseignements généraux, puis, en 2014, la direction générale de la sécurité intérieure, elle reste hantée par son histoire.

Ni les changements administratifs ni la priorité donnée, depuis les années 1990, à la lutte contre le terrorisme n’ont réussi à modifier son ADN originel. Et l’ingérence du renseignement russe en Europe, à l’heure de l’agression en Ukraine, ne risque pas de lui faire oublier son passé. Voilà pourquoi, la lecture de La DST sur le front de la guerre froide, cosigné par Jean-François Clair, Michel Guérin et Raymond Nart, trois historiques de la maison, est un exercice recommandé.

Entre livre d’espionnage pointu et mémoire vive de grands anciens, cet ouvrage est un objet hybride qui plonge le lecteur dans le cerveau de maîtres contre-espions français. On y découvre leur rancœur, leur fierté et, finalement, une lecture très policière de l’histoire qui peut expliquer, sans qu’ils ne s’en rendent compte eux-mêmes, ce sentiment d’incompréhension qu’ils semblent garder de leur longue carrière.

Secret-défense

La DST est née le 16 novembre 1944 d’une ordonnance du général de Gaulle. Rattachée au ministère de l’intérieur, c’est avant tout un service de contre-espionnage « protégé du regard des préfets et des juges, secret-défense oblige », notent les auteurs. Confrontée aux « séquelles de la guerre » et à « l’absence de coopération avec les Américains qui ne viendra que tardivement », la DST entame une longue période d’apprentissage. « Sa connaissance des services soviétiques est [alors]plus que lacunaire », reconnaissent-ils.

Pour ne rien arranger, la guerre d’Algérie, de 1954 à 1962, détourne les ressources de la DST de son objet initial. « C’est le tout-sécuritaire », regrettent les auteurs en opposition à la « sûreté » du territoire, la contre-ingérence, autrement plus noble, à leurs yeux. L’indépendance de l’Algérie recentre la DST sur son métier, la chasse aux espions de Moscou et ses alliés. Le livre rappelle utilement que l’essentiel des informations glanées sur les services adverses vient des transfuges et que la plupart des agents soviétiques ayant « choisi la liberté » ont opté pour les Etats-Unis ou le Royaume-Uni qui, ensuite, ont partagé le fruit de confessions levant le voile sur la réalité des infiltrations du KGB.
[…] La suite est réservée aux abonnés.