Art opératif

Par Bernard PENISSSON – titulaire d’un doctorat en histoire ( Paris I – Panthéon Sorbonne), agrégé de l’Université, auditeur IHEDN (SR 143), membre du comité 86

Marc FIARD, Vice-Présidant du comité 86 nous avais recommandé, à juste titre, la lecture du livre Conduire la guerre, sur l’art opératif, de Bihan et Lopez.
Je l’ai lu avec intérêt et j’en ai tiré quelques citations à la suite, car elles peuvent éclairer la conduite de la guerre en Ukraine, les deux adversaires ayant été formés au départ à la même école stratégique. Svetchine a aussi été très influencé par Clausewitz.
J’ai  ajouté une petite introduction légèrement ironique.  

Si je devais enseigner l’art de la guerre aux enfants, je définirais trois concepts fondamentaux à l’aide de quatre adverbes interrogatifs (niveau : grammaire de l’école primaire). Après tout, si l’on en croit Clausewitz, la guerre a sa grammaire et la politique sa logique. Mais si la guerre échappe à la politique, elle poursuit sa propre logique, qui est la montée aux extrêmes et le risque de l’anéantissement réciproque des adversaires. Mais revenons à nos concepts et à nos adverbes.

  • Stratégique : pourquoi faire la guerre ? (buts)
  • Opératique : où et quand conduire la guerre ? (espace-temps)
  • Tactique : comment faire la guerre ? (moyens)

Ce qui retiendra ici mon attention, pour essayer de me hisser au niveau des auditeurs de l’IHEDN, c’est le livre de Benoist Bihan et Jean Lopez, Conduire la guerre. Entretiens sur l’art opératif, Perrin, 2023, 396 p.
Les deux auteurs mènent une série d’entretiens approfondis sur le livre du stratégiste soviétique Alexandre Svetchine (1878-1938), Stratégie, paru à Moscou en 1926-1927 et traduit longtemps après en anglais (Strategy, Minneapolis, East View Publishing, 1992), mais pas encore en français. Trop intelligent et donc dangereux, Svetchine fut fusillé sur l’ordre de Staline le 28 juillet 1938. Il fut réhabilité par Khrouchtchev en 1962. Après la guerre du Vietnam, les militaires américains adoptèrent le concept d’art opératif de Svetchine, signe de la reconnaissance internationale du talent exceptionnel de ce général soviétique.

De l’art opératif, Jean Lopez donne la définition suivante : « L’art opératif est une discipline militaire à laquelle est confiée la tâche centrale d’organiser l’activité militaire en ‟ opérations ˮ, sur la base de buts fixés, eux, par la stratégie » (p. 78).
Selon Svetchine, l’art opératif c’est : « Combiner les opérations pour atteindre le but final de la guerre » (p. 81).

Benoist Bihan donne ensuite la définition de l’art opératif selon Svetchine : 

[C’est] « Une action de guerre si les efforts des troupes sont dirigés, sans interruption, vers l’atteinte d’un certain but intermédiaire dans un théâtre d’opérations militaires donné. Une opération est un conglomérat d’actions bien différentes, à savoir :

  • l’élaboration du plan de l’opération ;
  • les préparatifs logistiques ;
  • la concentration des forces amies sur leur position initiale ;
  • l’exécution de travaux défensifs ;
  • faire mouvement ;
  • livrer des batailles qui mènent à l’encerclement ou à la destruction d’une portion des forces hostiles, soit comme résultat d’un enveloppement direct, soit comme résultat d’une percée préliminaire, et capturer ou tenir une certaine ligne ou une position géographique donnée. […]

Le succès dans le développement d’une opération dépend à la fois des solutions pour chacun des problèmes tactiques et de la fourniture de tous les moyens nécessaires à la conduite de l’opération sans interruption jusqu’à ce que son but final soit atteint. Sur la base du but d’une opération, l’art opératif fixe toute une série de missions tactiques et un certain nombre de prérequis logistiques » (p. 84-85).

« Une opération est d’abord définie par son but, qui est fixé par la stratégie. Alors que la stratégie poursuit des buts, la tactique résout des problèmes, distinction fondamentale. L’opération est donc le cheminement par lequel la stratégie atteint les buts qu’elle s’est fixés » (p. 85).   

« Svetchine définit l’opération comme une séquence continue, ‟ ininterrompue ˮ, jusqu’au but fixé. Continue ne veut pas dire que les troupes  se déplacent et combattent sans arrêt, mais que l’action est entretenue dans la durée jusqu’à l’atteinte de l’objectif.
On peut donc définir l’opération comme la matérialisation – sous la forme d’une combinaison d’activités militaires de natures variées entretenues dans la durée – du cheminement par lequel la stratégie entend parvenir à l’un des buts qu’elle se fixe dans un espace-temps donné, espace-temps qui dépend des buts politiques poursuivis » (p. 91). 

Les formes de l’opération : destruction et attrition

« Svetchine n’établit pas un catalogue de formes, comme il peut y en avoir pour la tactique – avec par exemple la percée, l’enveloppement simple ou double, la feinte, l’encerclement, etc. Selon lui, l’opération découle de son but, et c’est sur la base de ce but que se décide la forme opérative. En dernière analyse, cette forme se détermine selon trois couples d’opposés : anéantissement (ou « destruction ») et attrition, offensive et défensive, manœuvre et positions. ‟ Chaque forme, dit Svetchine, a un effet important sur la ligne de conduite stratégique ˮ ; c’est-à-dire sur le cheminement vers le but de la guerre » (p. 93-94).

Offensive et défensive

« Pour le penseur russe, offensive et défensive ne s’opposent pas dans l’opération mais sont des formes complémentaires ; ce qui modifie l’aspect d’une opération donnée est le dosage entre elles. En effet, même si ‟ chaque opération est inévitablement une combinaison de moments défensifs et offensifs ˮ, c’est encore une fois le but fixé qui détermine la forme dominante : ‟ Nous faisons la différence entre des opérations offensives et défensives selon que le stratège fixe des buts positifs ou négatifs. L’avancement d’une série de buts positifs caractérise une offensive stratégique, tandis qu’une série de buts négatifs caractérise une défense stratégique. ˮ Mais une défense stratégique peut, et doit, inclure des « moments » offensifs, de la même manière qu’une offensive stratégique comporte nécessairement une dimension défensive […] y compris dans une logique d’anéantissement de l’adversaire. » (p. 103-104). [C’est un raisonnement très clausewitzien]            

« L’art opératif […] est bien une émanation de la stratégie et non une construction sur la base de la tactique, un distinguo absolument fondamental […] » (p. 109).

IHEDN – Session régionale en Nouvelle-Aquitaine

Bonjour à tous.

Comme évoqué récemment, je vous confirme que la prochaine session régionale IHEDN se tiendra en Nouvelle-Aquitaine début 2022.

C’est l’IHEDN qui en a fixé les dates de même que les sites retenus et c’est la Zone de défense à Bordeaux qui en établit le programme. Les DMD départementaux en sont leurs représentants. L’AR-18 participe activement à cette mise en place.

Pour le moment, rien n’est figé, mais il semble maintenant acquis que nous hébergerons à La Rochelle la première semaine de session qui se déroulera du 25 au 28 janvier 2022 (les dates viennent d’être modifiées une première fois) avec des déplacements programmés en Charente. Lors de sa présidence, Jean Claude DUCHET a fait valoir que des programmations de visite en Deux-Sèvres et dans la Vienne pourraient également être envisagées. Je ne sais pas si nous serons entendus…

C’est bien évidemment l’occasion rêvée pour nous de recupérer des auditeurs au niveau de notre AR.

Pour votre information, les préfets territoriaux ont reçu notification officielle de cette session régionale dont je vous transmets la plaquette.
[NDR : Téléchargement possible en fin d’article]

Me concernant, je vais transmettre un courrier au Préfet 17 pour l’assurer de notre engagement dans l’organisation de cette session. Dans le courrier transmis, j’y joindrai  la dernière revue défense transmise par Marc FIARD lors de l’AG et qui traite notamment des sessions nationales et régionales.

Pour le moment, et en fonction de l’évolution (nouvelles visites de sites en Deux-Sèvres et en Vienne…),  l’équipe régionale d’organisation pour l’AR-18 est composée de Catherine HERAULT, Jean-Claude DUCHET, Paul MORIN et Dominique FAURE.

[…]

Soyons actifs  pour contacter des relations qui pourraient participer à cette session. Un point important, c’est bien évidemment le coût de 1 600 euros avec les à côtés. Cependant, et pour ceux qui le peuvent, une grande partie des frais peut être assurés par les administrations et les entreprises dans le cadre des crédits de formation dont vous trouverez le code dans la plaquette.

Amitiés à tous

Paul MORIN Président de l’AR-18 (Potou-Charentes)

Plaquette de la 225e Session régionale en Nouvelle-Aquitaine

Déroulement : 3 semaines du mardi matin au vendredi après-midi.

  • Séance d’ouverture : mardi 25 janvier 2022 à La Rochelle
  • Semaine 1 : mardi 25 au vendredi 28 janvier 2022 à La Rochelle
  • Semaine 2 : mardi 1er au vendredi 4 février 2022 à Limoges (internat)
  • Semaine 3 : mardi 15 au vendredi 18 février 2022 à Brive-la-Gaillarde
  • Semaine 4 : mardi 22 au vendredi 25 février 2022 à Bordeaux

Séminaire « Défense et Sécurité »

Compte tenu de notre implication dans les deux séminaires master 2 précédents (2017 et 2018) délocalisés à Bordeaux, nous avons proposé à l’IHEDN de reprendre directement cette formation à notre compte.

Notre proposition a été acceptée, ce qui nous permet de lancer la publication de ce séminaire auprès des diverses écoles, universités et instances susceptibles d’être intéressées.

Vous trouverez ci joint le programme et la plaquette de ce séminaire rebaptisé « défense et sécurité », ouvert à toute personne de niveau licence et plus, d’âge  compris entre 20 et 30 ans.

  • Il aura lieu du 3 au 8 février 2020 dans les locaux de Sciences Po Bordeaux.
  • Les candidatures doivent faire l’objet d’un courrier de motivation signé par le responsable pédagogique si les candidats sont encore étudiants ou par la hiérarchie pour tout autre candidat.
  • Le cout par inscrit sera de 30 euros.

[…] Ce séminaire peut notamment accueillir des jeunes ingénieurs de l’industrie qui peuvent être intéressés par ce séminaire.  

Josette Chassin et moi même restons à votre disposition pour toute information dont vous auriez besoin. […] 

Norbert Laurençon, Président AQUi-IHEDN

IHEDN Plan stratégique 2020

Un institut plus ouvert, au centre d’une communauté IHEDN au service de l’esprit de défense
et du renforcement de la cohésion nationale

AVANT-PROPOS

1936-2016 : l’IHEDN célèbre cette année 80 ans d’existence.

Fondé par l’amiral Castex afin de former les cadres militaires et civils à la préparation et à la conduite de la guerre, l’IHEDN s’est régulièrement adapté. Dans un contexte stratégique profondément renouvelé – plus complexe aussi –, ses auditeurs sont amenés à réfléchir à l’interaction entre questions de défense et de sécurité dans les champs de la politique intérieure et étrangère de notre pays, de l’armement et de l’économie de défense. Il s’agit pour eux de discerner les menaces auxquelles nous sommes confrontés et de contribuer par leurs travaux à concevoir des éléments de réponse adaptés.

Une telle réflexion se nourrit de la diversité, celle des opinions et celle des origines socioprofessionnelles, puisque la mission de l’institut est de faire dialoguer des responsables de haut niveau, civils et militaires, Français ou étrangers, membres de la fonction publique comme des différents secteurs d’activité de la Nation. C’est pourquoi l’IHEDN doit en permanence chercher à s’ouvrir à de nouveaux publics et se placer dans une approche interministérielle des questions, qui justifie d’ailleurs la décision du Premier ministre d’en confier la tutelle au SGDSN.

Le plan stratégique de l’institut, adopté par le Conseil d’administration du 18 novembre 2015, poursuit ce but à travers trois nouvelles priorités :

  • la recherche d’une plus grande ouverture,
  • la volonté de renforcer la communauté IHEDN
  • et l’ambition d’améliorer la transmission des connaissances.

Dans un contexte de multiplication des offres concurrentes et de réduction des coûts, il prend également acte de l’importance du rapprochement entrepris avec des partenaires naturels comme l’INHESJ, de même que de la nécessité de renforcer les synergies avec le monde académique et de la recherche.

Ce plan fixe les objectifs stratégiques de l’IHEDN à l’horizon 2020 dont la vocation reste bien de diffuser l’esprit de défense parmi nos concitoyens.

Louis Gautier – Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale